PARIS: Le parquet a requis mardi la peine maximale de dix ans de prison, avec maintien en détention, contre Logan Nisin, l'ancien chef du groupuscule d'ultradroite OAS poursuivi à Paris pour des projets d'attentats contre des mosquées ou des personnalités politiques.
Logan Nisin, aujourd'hui âgé de 25 ans, est un « monarque absolu dans son royaume de haine », a estimé la procureure. « Sa haine est totale, illimitée, sa détermination est sans faille. Il crée, coordonne, pilote, planifie, pousse les autres à l'action, motive les troupes ».
Dans le box des prévenus, Logan Nisin, qui a assuré lors des débats qu'il ne serait jamais passé à l'acte, a écouté les réquisitions en gardant son visage dans les mains, clignant des yeux plusieurs fois, pris de tics.
Cinq autres hommes, tous d'anciens membres de l'OAS aujourd'hui âgés de 23 à 33 ans, comparaissent dans cette affaire. A leur encontre, la procureure a requis des peines de cinq ans de prison, partiellement assortis d'un sursis, à huit ans de prison ferme.
« Votre décision aura une portée significative », a rappelé la procureure au président du tribunal, « parce qu'il s'agit ici du premier dossier d'ultradroite jugé sur la vague de dossiers qui a été ouverte ces dernières années ».
Depuis 2017, six enquêtes liées à des projets d'attentats d'ultradroite, dont celle visant l'OAS, ont été ouvertes par le parquet antiterroriste.
« La montée en puissance exceptionnelle de la menace portée par la mouvance d'ultradroite est une réalité concrète tangible qui s'impose à nous tous », a insisté la procureure, affirmant que le terrorisme islamiste et celui d'ultradroite étaient issus « d'idéologies jumelles, enfants d'une pensée totalitaire » qui « s'auto-alimentaient ».
Organigramme, cérémonie de prestation de serment, plans d'extorsion d'entreprise pour acheter des armes, conversations pour fabriquer des explosifs, expéditions punitives programmées, séances de tir: la liste des éléments à charge retenus par l'accusation à l'issue de l'enquête est longue.
A la barre, les prévenus ont tous assuré que leurs intentions présumées n’étaient que des mots.
« Des propos haineux, dégueulasses », a décrit Thomas A., 23 ans, l'ancien « commandant de l'action locale » et numéro 2 du groupuscule, mais « rien de concret ».
« On était dans le monde des bisounours, des gamins », a même lâché lors de son interrogatoire Romain P., 33 ans, ex- « commandant de l'action discrète ».
« Un bal d'hypocrisie », a résumé mardi la procureure.