La réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est, un pas indispensable vers la paix

Le consulat général des États-Unis à Jérusalem était une mission diplomatique qui fournissait des services consulaires aux Palestiniens. (Wikimedia Commons)
Le consulat général des États-Unis à Jérusalem était une mission diplomatique qui fournissait des services consulaires aux Palestiniens. (Wikimedia Commons)
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Publié le Mardi 05 octobre 2021

La réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est, un pas indispensable vers la paix

La réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est, un pas indispensable vers la paix
  • La réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est permettrait aux Palestiniens vivant sous cette occupation brutale de se plaindre des politiques israéliennes
  • De nombreux obstacles entravent toujours le processus de paix, notamment du côté israélien

Fin septembre, des responsables israéliens se sont de nouveau opposés à la proposition de Joe Biden de rouvrir le consulat américain à Jérusalem-Est dans le but de rétablir les voies diplomatiques et de soutenir les intérêts palestiniens.

Après que le prédécesseur de Joe Biden, Donald Trump, a plongé le Moyen-Orient dans la tourmente en déplaçant l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem-Ouest en mai 2018, le consulat américain «a fusionné» avec l’ambassade en mars 2019 mais a officiellement mis fin à toutes ses activités.

Dans un souci de réparer les dégâts infligés par Donald Trump à la paix au Moyen-Orient, Joe Biden a confié au secrétaire d’État, Antony Blinken, le soin d’annoncer la réouverture du consulat lors de réunions avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Ramallah le 25 mai.

Cette démarche permettra aux États-Unis de rétablir les liens avec les Palestiniens et de soutenir la solution à deux États.

Inutile de dire que le gouvernement israélien ne partage pas les mêmes objectifs.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, devrait prendre la tête du gouvernement en septembre 2023, en vertu d’un accord de rotation avec le Premier ministre, Naftali Bennett. Lors d’une visite au Maroc le mois dernier pour conclure trois accords dans le cadre d’un traité de paix entre les deux pays, il déclare que la réouverture du consulat affaiblirait le gouvernement israélien.

Yaïr Lapid indique clairement qu’Israël veut la «paix» avec le monde arabe mais pas avec les Palestiniens – ce que de plus en plus de pays arabes, dont le Maroc, sont prêts à concéder. La dernière chose que le gouvernement Bennett-Lapid veut est de tempérer son occupation des territoires palestiniens par de nouveaux efforts en faveur de la paix avec les Palestiniens.

La réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est permettrait aux Palestiniens vivant sous cette occupation brutale d’obtenir non seulement les documents nécessaires, mais aussi de se plaindre des politiques israéliennes qui portent atteinte aux droits de l’homme.

Cependant, Joe Biden veut garantir une base solide au processus de paix pour le faire croître.

Lorsque Donald Trump a déplacé l’ambassade des États-Unis, les restrictions qui interdisent aux Palestiniens vivant sous occupation – y compris à Jérusalem-Est – d’accéder à l’ambassade ont été renforcées.

Israël restreint sévèrement les déplacements des Palestiniens et empêche la plupart d’entre eux de se rendre en Israël. Malgré l’annexion de Jérusalem-Est, l’accès à la zone n’a que très peu été amélioré pour les Palestiniens. La réouverture du consulat américain faciliterait les choses, même si les nombreuses restrictions de l’apartheid israélien entraveraient toujours son accès.

Plus encore, les Palestiniens auraient un lieu vers lequel se tourner sans devoir accepter ce transfert d’ambassade qui constitue un coup dur pour la paix. Tout comme les accords d’Abraham, cette démarche a fait fi des fondements essentiels de la paix avec les Palestiniens qui exigeaient des contreparties d’Israël selon l’ancienne formule de recherche de la paix.

Israël obtiendra ce qu’il veut sans devoir faire de concessions aux Palestiniens. Les accords de paix que le pays a conclus avec la Jordanie et l’Égypte par le passé étaient liés à son engagement à rechercher la paix avec les Palestiniens. Ce n’est plus le cas en vertu des accords d’Abraham.

L’Unité pour les affaires palestiniennes au sein du département d’État américain a été forcée d’opérer depuis l’ambassade de Jérusalem-Ouest. La réouverture du consulat américain permettrait au personnel de contribuer au processus de paix à partir de Jérusalem-Est.

Lorsqu’il ne se trouve pas en Israël ou en Palestine, Antony Blinken travaille par l’intermédiaire du sous-secrétaire adjoint aux Affaires israéliennes et palestiniennes au Bureau des affaires du Proche-Orient, Hady Amr, qui dispose désormais des moyens nécessaires pour renforcer les efforts de paix.

Hady Amr est né à Beyrouth mais a grandi en Arabie saoudite. Il a eu une longue et brillante carrière diplomatique. Il a été sollicité par Joe Biden pour «s’engager à œuvrer pour une paix durable» et atténuer le conflit entre Israël et le Hamas, selon l’attachée de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki.

De nombreux obstacles entravent toujours le processus de paix, notamment du côté israélien.

Les Israéliens sont indignés par la nomination par Joe Biden de plus d’une douzaine d’Arabo-américains, comme Hady Amr, à des postes clés afin de relancer le processus de paix. Les personnes désignées ont toutes été attaquées dans le cadre d’une vaste campagne de diffamation. Toute personne qui a déjà critiqué Israël ou exprimé son soutien aux droits des Palestiniens a été qualifiée d’«antisémite» par les médias du gouvernement israélien et leurs homologues de la presse occidentale.

La haine contre Hady Amr a été exposée en détail par le chroniqueur du Jewish News Syndicate, Daniel Greenfield, qui décrit le diplomate comme «un autre expert politique avec des antécédents d’hostilité envers Israël».

«Lorsque Donald Trump a déplacé l’ambassade des États-Unis, les restrictions qui interdisent aux Palestiniens vivant sous occupation d’accéder à l’ambassade ont été renforcées.»

                                                                                                                                                                                                                      Ray Hanania

La plupart des Arabo-Américains travaillant dans l'administration Biden sont restés silencieux afin de survivre à leur nomination, rendant leurs comptes sur les réseaux sociaux privés pour dissimuler des commentaires passés contestant la violence et la propagande d'Israël.

Hady Amr a les compétences nécessaires pour naviguer dans ce champ de mines médiatique traître et partial. Il est clairement destiné à jouer un rôle clé pour aider à la relance du processus de paix que le gouvernement israélien tente d’entraver par tous les moyens.

La fermeture du consulat constitue un rejet total de la paix pour les Palestiniens, et compromet le serment de M. Blinken lors d’une visite à l’ambassade des États-Unis à Jérusalem. Au cours de sa visite en mai, Antony Blinken avait déclaré: «Nous voulons bâtir un avenir dans lequel Palestiniens et Israéliens jouissent de normes égales de paix, de sécurité, de justice et, par-dessus tout, de dignité, puisque c’est sans doute l’une des émotions les plus puissantes qui nous unissent tous.»

Il est clair que ce n'est pas quelque chose qu'Israël souhaite voir se produire.

 

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l’adresse www.Hanania.com. Twitter: @RayHanania

 

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com