Emmanuel Macron, un second mandat à portée de main

Si la voie vers un second mandat semble toute tracée, c’est tout simplement parce que, en face de lui, à gauche comme à droite, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite, personne ne semble s’imposer comme un compétiteur sérieux. (Photo, AFP)
Si la voie vers un second mandat semble toute tracée, c’est tout simplement parce que, en face de lui, à gauche comme à droite, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite, personne ne semble s’imposer comme un compétiteur sérieux. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Emmanuel Macron, un second mandat à portée de main

Emmanuel Macron, un second mandat à portée de main
  • En face d’Emmanuel Macron, personne ne semble s’imposer comme un compétiteur sérieux
  • Si le président de la république peut avoir des inquiétudes, c’est plutôt du côté de la droite républicaine

Au fort de Brégançon, où il a pris l’habitude de passer ses vacances estivales, Emmanuel Macron ne doit pas seulement penser à la manière de lutter contre la Covid-19. La pandémie avait rythmé la vie des Français ces deux dernières années, les obligeant à un va-et-vient dicté par les vagues et les multiples souches du virus. La pandémie rythme également, depuis des semaines, la respiration sociale de l’Hexagone: les manifestations contre le vaccin, par leur régularité et leur tonalité, rappellent étrangement le syndrome des Gilets jaunes.

Emmanuel Macron va certainement mettre à profit ces jours de vacances pour réfléchir aux mois de son mandat qui lui restent à accomplir et à la stratégie qu’il devra adopter pour en décrocher un second. Il s’agit bien entendu d’examiner le timing de l’annonce de sa volonté de reconquête, de réfléchir à l’équipe qui portera son message, ainsi qu’à l’élaboration d’un programme capable de séduire les Français et de leur donner envie de lui renouveler leur confiance.

Il est vrai que, malgré les nombreux couacs qui ont émaillé son mandat d’avant-Covid autant que la période pendant laquelle il a mis en place la lutte contre l’épidémie, du rocambolesque débat sur les masques jusqu’aux confinements hésitants, en passant par la pénurie criante de vaccins, Emmanuel Macron peut se prévaloir d’un bon bilan, comme les différents instituts de sondages semblent d’ailleurs le montrer.

N’a-t-il pas, aux yeux de certains, pris les bonnes décisions pour empêcher que la machine économique de la France et ses outils industriels ne s’effondrent, même s’il a fallu creuser la dette publique et partager ce fardeau avec l’Europe?

Si l’horizon de sa réélection semble dégagé, ce n’est pourtant pas à cause du bilan d’une gouvernance que l’on peut juger défaillante ou positive selon l’angle de vue. Si la voie vers un second mandat semble toute tracée, c’est tout simplement parce que, en face de lui, à gauche comme à droite, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite, personne ne semble s’imposer comme un compétiteur sérieux.

Commençons par l’extrême droite. Toutes les études d’opinion voient la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour. Les dernières élections régionales ont pourtant montré un net recul de ce parti politique, avec un plafond de verre qui semble empêcher les rêves de la galaxie Le Pen de devenir réalité. Si la qualification au second tour paraît acquise aux yeux de certains observateurs, peu de gens considèrent que l’accès à l’Élysée est envisageable.

Dans cet ordre d’idées, l’arrivée d’un météore politique nommé Éric Zemmour, dont on dit régulièrement qu’il va se lancer dans la course présidentielle, ressemble davantage à un artifice médiatique qu’à une réalité politique. Son rôle sera de «droitiser» davantage le débat politique, avec des phobies particulières centrées sur l’islam et l’immigration, plutôt que d’ambitionner un quelconque succès électoral. Selon ses adversaires, il apparaît, depuis qu’il a fait part de son ambition politique, comme un défouloir des passions françaises les plus tristes, un révélateur de la déchéance de leur pensée politique.

À l’égard de la gauche, Emmanuel Macron peut nourrir un sentiment de sérénité: les fossés et les antagonismes entre le Parti socialiste, les Verts, la gauche communiste et la France insoumise sont tels que ce serait un miracle si ces mouvements s’unissaient dans un combat commun. Aucune personnalité de gauche ne s’impose comme un challenger sérieux susceptible de reprendre l’Élysée à Emmanuel Macron.

Si le président de la république peut avoir des inquiétudes, c’est plutôt du côté de la droite républicaine. La résistance dont ont fait preuve certains de ses bastions lors des dernières élections régionales et la renaissance de quelques-uns de ses leaders, dont l’appétit présidentiel ne fait aucun doute, montrent qu’elle peut représenter une concurrence sérieuse.

Cependant, la droite et la gauche souffrent d’une guerre d’égos qui peut se révéler paralysante et occasionner des défaites. Les leaders de la droite savent que le cœur du pays, qui est en quête de changement et d’alternance, penche majoritairement à droite; mais ils sont incapables de s’entendre sur le mode de sélection de leur candidat: organisation de primaires ou allégeance et désignation partisane. Ils partent donc à la conquête de l’Élysée divisés et en ordre dispersé, ce qui constitue une opportunité pour Emmanuel Macron.

Une gauche pulvérisée «façon puzzle», une extrême droite écrasée sous son plafond de verre, une droite rongée par les divisions et la guerre des individualités… Emmanuel Macron ne pouvait rêver meilleur théâtre pour entrer en scène et solliciter un second mandat.

 

Mustapha Tossa est un journaliste franco-marocain. En plus d’avoir participé au lancement du service arabe de Radio France internationale, il a notamment travaillé pour Monte Carlo Doualiya, TV5 Monde et France 24.
Mustapha Tossa tient également deux blogs en français et en arabe où il traite de la politique française et internationale à dominance arabe et maghrébine.

Twitter : @tossamus

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.