Le gouvernement Mechichi tiendra-t-il réellement la route pour rester en place pendant toute la période législative ? Résisera-t-il au choc d’un paysage politique toujours en ébullition et plus que jamais fragmenté ?
Mechichi aurait certainement aimé une meilleure coordination avant d’arriver là où il est aujourd’hui. Et c’est là où tout se complique pour l’ancien conseiller du Président de la République et ex-ministre de l’Intérieur. Même s’il s’est assuré l’appui d’Ennahdha et de Qalb Tounès, les partis les plus représentatifs au sein du Parlement, pour l’obtention de la confiance des députés, certains d’entre eux pourraient faire volte-face. C’est que chacun de ces deux partis est décidé à apporter les « modifications nécessaires » à la composition du gouvernement. L’un et l’autre ne font pas de cadeau gratuitement. Du reste, tout juste après le vote de confiance, le président de Qalb Tounès, Nabil Karoui, a affirmé que son bloc parlementaire s’attellera à retirer la confiance aux ministres de souveraineté. Même son de cloche chez le parti islamiste qui ne voit pas d’un bon œil la présence de certains ministres qu’on pense proches de la présidence de la République. Plus encore : Rached Ghannouchi n’a pas hésité à qualifier le Parlement de «source» du pouvoir en Tunisie.
Combien de temps Mechichi tiendra-t-il ? Comment pourra-t-il échapper à un retour de manivelle déjà annoncé puisque beaucoup de députés lui avaient déjà fait savoir qu’ils lui ont accordé leurs voix et non pas leur confiance, que le gouvernement passera, mais qu’il en sortira affaibli, que le vote favorable à la formation du gouvernement proposé vise tout particulièrement « à éviter de plonger dans l’inconnu » ? Comment rassurer, rasséréner, calmer ? Comment colmater les brèches d’un pouvoir exécutif usé jusqu’à la corde ? Et puis réussira-t-il à faire ressortir son propre profil au moment où sa relation avec le Président de la République n’est plus, selon de nombreuses sources, aux beaux fixes ?