Ebrahim Raïssi sera investi huitième président de l’Iran le 3 août 2021. Sa désignation est accompagnée d’une sombre histoire de violations des droits de l’homme. Selon Amnesty International et les Nations unies, il est impliqué dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988. Ouvrir la voie à la présidentielle à un tel assassin, en utilisant le Conseil des gardiens pour éliminer les autres candidats, est une décision qui marque le début de la fin du régime de Khamenei, ce régime imposé à la société iranienne par un événement historique.
Le nouvel ordre mondial alimente de nombreux débats. La mondialisation, l’innovation, la digitalisation et Internet métamorphosent les relations internationales dans un contexte de changements sociaux et économiques massifs. Ils rendent la science et le savoir accessibles à tout le monde.
La pandémie de Covid-19 empêche sans doute pour peu de temps la cristallisation de ce nouvel ordre, mais ce dernier finira par s’imposer. Cette dynamique de l’ère numérique ne laissera aucun pays à l’isolement. Les relations entre les États-Unis et la Chine seront très compliquées et importantes au cours de la prochaine décennie. Les relations étrangères de l’Iran seront plus importantes, et particulièrement avec l’Union européenne (UE), car c’est l’Europe et le Moyen-Orient qui joueront un rôle vital dans l’avenir de l’humanité.
L'ancien Premier ministre italien, Matteo Renzi, a partagé son expérience avec le gouvernement iranien dans son discours lors du sommet annuel de la Résistance iranienne qui s'est tenu virtuellement en 2021. «Je me suis rendu à Téhéran en tant que membre du Groupe des sept (G7)», a-t-il déclaré. «J'ai essayé de négocier avec les personnes impliquées dans les pourparlers 6 + 1, comme l'Europe et les États-Unis, afin de parvenir à un accord contre l'accès à la bombe atomique et les tensions qui règnent dans les relations avec l'Iran. Nous avons travaillé dur pour parvenir à des consensus, mais j'ai réalisé avec tristesse que nous avons échoué même si nous n'étions pas la cause de cet échec. J’ai conclu que sans l'élimination de la dictature, qu’elle soit religieuse ou autre, il est impossible de réaliser la démocratie et les valeurs démocratiques.»
Depuis des années, Maryam Radjavi, la dirigeante de l'opposition iranienne, souligne que la communauté internationale est mise à l’épreuve. L'UE acceptera-t-elle que la théocratie autoritaire de l'Iran soit étrangère aux valeurs de ce monde et ne puisse plus entrer dans ce nouvel ordre mondial? Le régime a privé le monde de la riche histoire et de la culture iranienne.
L'Europe est au carrefour d'une décision importante. Ebrahim Raïssi sera-t-il admis aux Nations unies en tant que dirigeant d'un pays ou sera-t-il jugé par un tribunal pour crimes contre l'humanité? Traitera-t-elle M. Raïssi comme un criminel pour le massacre de 30 000 prisonniers politiques à l'été 1988, meurtrier de plus de 1 500 jeunes insurgés en novembre 2019, et responsable de la torture de milliers d'autres jeunes dans les prisons quand il était à la tête du système judiciaire? L'Europe choisit-elle de fermer les yeux sur Ebrahim Raïssi et, en raison d'intérêts, est-elle prête à massacrer ses propres valeurs démocratiques? Là, l'Europe et ses valeurs sont mises à rude épreuve.