Contre la «dictature sanitaire», plus de 110 000 personnes dans les rues

Dans la capitale, 18 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur étaient divisées dans au moins trois rassemblements. (Photo, AFP)
Dans la capitale, 18 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur étaient divisées dans au moins trois rassemblements. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 18 juillet 2021

Contre la «dictature sanitaire», plus de 110 000 personnes dans les rues

  • Au total, le ministère de l'Intérieur a recensé 136 rassemblements qui ont concerné 114 000 personnes
  • Neuf personnes ont été interpellées à Lyon

PARIS: Elles fustigent la vaccination, la "dictature" ou le pass sanitaire: plus de 110 000 personnes ont manifesté le plus souvent dans le calme samedi à travers la France, de Marseille à Lille et de Montpellier à Paris.

Au total, le ministère de l'Intérieur a recensé 136 rassemblements qui ont concerné 114 000 personnes: 18 000 à Paris réparties en plusieurs cortèges et 96 000 dans le reste du pays.

"Liberté", "Macron dictateur"... Du nord au sud, les slogans se ressemblent.

"Ce n'est pas que l'on pense que la Terre est plate mais on ne connaît pas les effets à long terme de ces vaccins bricolés à la va-vite que Macron veut nous imposer", résume Rita, une aide-soignante de 39 ans, croisée dans le cortège à Montpellier où, selon la préfecture, 5 500 personnes ont manifesté.

Sur le Vieux Port de Marseille, ils étaient environ 4 500, selon la préfecture de police, pointant "les moutons" qui se font vacciner et les "mauvaises informations" données selon eux à la télévision. Selon la préfecture, des projectiles ont été jetés contre les forces de l’ordre. Les manifestants ont tenté de bloquer les voies de l’autoroute A7. Une personne a été interpellée.

À Nice, environ 1 600 manifestants, gilets-jaunes, opposants au pass sanitaire, au vaccin obligatoire ou à la vaccination en général, ont arpenté le centre-ville.

Dans la moitié ouest, la mobilisation semblait un peu moindre. À Bordeaux, la préfecture, qui avait pris une interdiction de manifester en centre-ville, a dénombré 1 200 personnes ; les manifestants bloquant à certains endroits la circulation des trams et des voitures.

À Toulouse, la préfecture a dénombré 2 500 manifestants, tout comme à Metz, dont quelques gilets jaunes et blouses blanches sur les épaules.

"Non au pass nazitaire", "fausse pandémie, vraie dictature", "Pays de Pasteur, pas de passepeur" ou "Je ne suis pas un QR code", pouvait-on lire sur les pancartes du cortège. 

Ils étaient également 2 000 à Rennes, selon les médias locaux et 2 500 à Nantes, où quelques tirs de grenades lacrymogènes ont eu lieu en fin de manifestation devant la préfecture.

À Lille, entre 1 500 et 2 000 personnes – 900 selon la préfecture du Nord – ont défilé parmi lesquels des "gilets jaunes" mais aussi le président de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau.

À Strasbourg, la manifestation a rassemblé 2 800 personnes (préfecture), où quelques personnes portaient une étoile jaune. À Nancy, ils étaient 1 200, 900 à Lyon, selon la préfecture, précisant que 9 personnes ont été interpellées après des échauffourées avec les forces de l'ordre.

Neuf interpellations à Lyon

Neuf personnes ont été interpellées à Lyon en marge d'une manifestation non autorisée.

Contenu par un important dispositif policier, certains manifestants ont tenté de s'extraire pour rejoindre la prequ'île de la ville et ses artères commerçantes. 

Des membres des forces de l’ordre ont reçu des projectiles, dont des bouteilles en verre, et ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, rapporte les autorités. Six policiers et gendarmes ont été légèrement blessés.

Dans la capitale, 18 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur étaient divisées dans au moins trois rassemblements.

Le principal cortège (plus de 10 000 personnes) s'est élancé du Palais-Royal (1er arr.) avant de traverser la Seine aux cris de "Liberté", "Non à la dictature sanitaire" ou "Macron démission" et d'achever son parcours aux abords du ministère de la Santé. 

En tête du défilé, où fleurissaient les drapeaux français, figuraient l'ex-numéro 2 du Front national Florian Philippot, la députée ex-LREM covidosceptique Martine Wonner, le chanteur Francis Lalanne ou encore l'ex-égérie "gilets jaunes" Jacline Mouraud.

Quelques tracts détournant l'étoile jaune avec la mention "pass sanitaire" étaient également visibles.

Lors de discours prononcés à la fin du parcours, Francis Lalanne a réclamé "la destitution du tyran Macron". 

Pour Fabrice di Vizio, avocat qui se veut la voix des antivaccins, "Emmanuel Macron a déclaré solennellement la guerre à la France".

Florian Philippot lui a emboîté le pas dans la même veine : "oui, nous sommes en dictature, nous sommes en tyrannie", et "oui, cela s'appelle l’apartheid entre vaccinés et non vaccinés".

Avant la manifestation, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a déclaré que l'avènement du pass sanitaire dans la vie quotidienne marquait le "début d'un engrenage vers une dictature".

Dans le même temps, quelques milliers ont manifesté dans les rues du sud de la capitale, au sein d'un cortège disparate, précédé d'un cordon policier.

Parti vers 14H30 du XIVe arrondissement, le cortège s'est dirigé vers le quartier de Jussieu (Ve arr.), accompagné de banderoles comme "wanted République Française démocratie, disparue le 12 juillet 2021".

"On est là pour les revendications des gilets jaunes et les restrictions des libertés", a déclaré le "gilet jaune" Jérôme Rodrigues.

Enfin, quelques dizaines de personnes ont participé à un autre rassemblement, non autorisé, place de la République.

Des manifestations ont également eu lieu à Quimper (400 personnes), Perpignan (1 200), Clermond-Ferrand (1 700), Valence (2 300), Avignon (1 250) ou Dijon (700).


Macron part «dès ce soir» en Nouvelle-Calédonie pour y installer «une mission»

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  • L'état d'urgence ne peut être prolongé au-delà de douze jours sans soumettre un texte au Parlement
  • Une éventuelle prorogation nécessiterait une saisine de l'Assemblée nationale et du Sénat avant le 27 mai

PARIS: Emmanuel Macron va se rendre "dès ce soir" en Nouvelle-Calédonie, secouée par une flambée de violences, pour y installer "une mission", a annoncé mardi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot.

"Il a été annoncé par le président de la République, en Conseil des ministres, qu'il se rendra sur place (en Nouvelle-Calédonie). Il partira sur place dès ce soir pour y installer une mission", a affirmé Mme Thevenot à l'issue du Conseil des ministres.

Le président part "dans un esprit de responsabilité", a ajouté la porte-parole, sans détailler la "mission" évoquée ni préciser combien de temps le chef de l'Etat resterait sur l'archipel.

Elle a redit que "le retour à l'ordre était le préalable à tout dialogue", alors qu'une réforme électorale contestée par les indépendantistes doit être validée "avant la fin juin" par le Congrès réunissant sénateurs et députés, calendrier fixé par le chef de l'Etat lui-même.

Mais "l'exécutif poursuit (...) la construction de la solution politique pour le territoire", a-t-elle aussi souligné.

La prorogation de l'état d'urgence, décrété mercredi dernier, "n'a pas été abordée" lors de ce Conseil des ministres, a indiqué la porte-parole du gouvernement. "Si la situation doit être encore améliorée, elle est en voie de se normaliser", a-t-elle justifié.

L'état d'urgence ne peut être prolongé au-delà de douze jours sans soumettre un texte au Parlement. Une éventuelle prorogation nécessiterait une saisine de l'Assemblée nationale et du Sénat avant le 27 mai.

Le Premier ministre Gabriel Attal aura "aussi l'occasion d'y aller (dans l'archipel), pas immédiatement mais dans les semaines à venir", a précisé Mme Thevenot, alors que le dossier calédonien n'est plus piloté directement par Matignon depuis 2020 et que trois anciens Premiers ministres plaident pour qu'il soit de nouveau géré par le chef du gouvernement.

Après une semaine d'émeutes en réaction à une réforme du corps électoral qui ont fait six morts dont deux gendarmes, Emmanuel Macron avait constaté lors d'un Conseil de défense lundi "de nets progrès dans le rétablissement de l'ordre" en Nouvelle-Calédonie.

L'exécutif avait à cette occasion décidé de mobiliser "pour un temps" des personnels militaires pour "protéger les bâtiments publics" et soulager ainsi les forces de sécurité intérieure, selon l'Elysée.

«Réparer le dialogue»

L'aéroport international de Nouméa reste toutefois fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi 09H00 (00H00 à Paris), a indiqué mardi le gestionnaire de la plateforme.

Le député calédonien non indépendantiste Philippe Dunoyer (Renaissance), qui plaide aussi pour un report du Congrès, dit "espérer que cette initiative permette d'entreprendre de renouer les fils du dialogue" mais "on ne peut pas tout faire en un mois et le Congrès ne peut pas se tenir avant le 27 juin".

"Ce n'est pas une manière de dire aux indépendantistes +vous avez gagné+, c'est au contraire une opportunité pour le dialogue qu'il faut saisir", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

"Maintenant, il faut rassurer, apaiser et réparer le dialogue vers un accord global. Suspendre la réforme et nommer rapidement une mission de dialogue", a réagi sur X le député PS Arthur Delaporte, fustigeant le "temps perdu".

Son collègue LFI Thomas Portes a qualifié au contraire cette visite d'"irresponsable". "La colère ne va faire qu'augmenter avec ce déplacement monarchique".


Inquiétude dans le «Petit Haïti» de Saint-Domingue après le plébiscite du président Abinader

Une famille roule à moto dans une rue d'un quartier connu sous le nom de « Petite Haïti » à Saint-Domingue, le 20 mai 2024 (Photo, AFP).
Une famille roule à moto dans une rue d'un quartier connu sous le nom de « Petite Haïti » à Saint-Domingue, le 20 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • L'hostilité entre les deux pays ne date pas d'hier
  • Le dictateur dominicain Rafael Trujillo a lui fait massacrer des milliers de Haïtiens en 1937

SAINT-DOMINGUES: Johan Perez surveille les voitures garées dans une rue du "Petit Haïti", un quartier populaire commerçant et anarchique de Saint-Domingue, où vivent et travaillent des centaines de Haïtiens. Il est inquiet.

Après la réélection triomphale au premier tour du président Luis Abinader, qui a fait de la lutte contre l'immigration haïtienne un de ses chevaux de bataille, il craint que le sentiment "anti-haïtien" ne s'intensifie.

C'est une journée ordinaire. L'activité bat son plein dans ce secteur chaotique du centre-ville de la capitale dominicaine, avec des dizaines de boutiques informelles installées devant des entrepôts aux murs écaillés. Ici dans Le "Pequeno Haïti" pendant du "Little Haïti" de New York ou Miami, on vend de tout: de la canne à sucre aux appareils électriques usagés, en passant par les vêtements et les légumes.

La plupart des vendeurs préfèrent se taire, de peur que leur accent créole-français ne les trahisse. Les descentes de police sont monnaie courante. Malheur à celui qui se fait prendre. A chacune d'entre elles, la police embarque les sans-papiers pour les emmener dans un centre de rétention avant de les mettre dans un camion, direction Haïti.

"Les choses se durcissent un peu", explique Johan Perez, 32 ans, de mère dominicaine et de père haïtien, qui vit des pourboires des automobilistes fréquentant la zone. "Le +type+ (Abinader) est plus fort maintenant".

Il raconte que la police a arrêté plusieurs de ses amis il y a quelques jours à peine. Et au coin de la rue, les agents de l'immigration sont entrés dans un petit immeuble et en ont sorti les habitants sans papiers. "Ils les ont jetés la tête la première" dans un bus avec d'autres migrants.

Selon les experts et militants des droits de l'homme, le principal critère des contrôles est la couleur de la peau mais M. Perez souligne que la langue joue également un rôle.

Les expulsions sont passées de 122.000 en 2022 à 250.000 en 2023, selon les données officielles.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président Abinader a imposé une politique de fermeté à l'égard de la migration haïtienne. Outre les descentes et les expulsions, il a renforcé la présence des forces armées à la frontière et fait construire un mur de 164 km entre les deux pays.

Sa réélection conforte cette fermeté dans un pays où le racisme anti-haïtien s'est propagé et où l'immigration est souvent assimilée à la criminalité.

L'hostilité entre les deux pays ne date pas d'hier. Haïti, ancienne colonie française qui s'est émancipée en 1804, a occupé l'actuelle République dominicaine pendant 22 ans jusqu'en 1856, massacrant des milliers de personnes.

«Acide»

Le dictateur dominicain Rafael Trujillo a lui fait massacrer des milliers de Haïtiens en 1937.

Les Dominicains parlent souvent de l'immigration haïtienne comme d'une "deuxième invasion".

De nombreux Haïtiens possédant des papiers en règle courent aussi le risque de devenir clandestins, en raison d'un parcours bureaucratique de plus en plus lent et onéreux

C'est le cas de Nicolas Legrand, 60 ans, qui vit à Saint-Domingue depuis 1987. Sa carte de résident a expiré en 2022 et depuis, il ne détient qu'une petite note indiquant que son processus est en cours.

"Si Dieu le veut, la situation s'améliorera à Haïti et j'y retournerai", dit M. Legrand en vendant ses mouchoirs. "Mais ici au moins je suis tranquille".


CPI: les droites françaises rejettent toute «équivalence» entre le Hamas et Israël

Marion Maréchal, vice-présidente exécutive du parti d'extrême droite français "Reconquête", (Photo, AFP).
Marion Maréchal, vice-présidente exécutive du parti d'extrême droite français "Reconquête", (Photo, AFP).
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  • La France a indiqué, via son ministère des Affaires étrangères, qu'elle «soutient la CPI»
  • «Cette équivalence est proprement insupportable», a renchéri le patron des sénateurs Républicains

PARIS: Les responsables des principaux partis de droite et d'extrême droite français ont dénoncé mardi une "équivalence insupportable" et un "parallèle honteux" après que le procureur de la Cour pénale internationale a réclamé des mandats d'arrêts contre des dirigeants du Hamas et du gouvernement israélien.

Ces réquisitions visent précisément le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant d'une part, et les trois plus hauts chefs du Hamas (Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif, Yahya Sinouar) d'autre part.

La France a indiqué, via son ministère des Affaires étrangères, qu'elle "soutient la CPI". Une position dont le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, s'est dit "très étonné", estimant sur RTL "qu'on ne peut pas mettre ce signe égal" entre "un état démocratique agressé et des terroristes".

«Partialité»

"Cette équivalence est proprement insupportable", a renchéri le patron des sénateurs Républicains Bruno Retailleau sur Sud Radio, défendant le "droit d'Israël à se défendre" même si sa riposte à Gaza est "sans doute mal proportionnée".

La tête de liste de son parti aux élection européennes, François-Xavier Bellamy, a lui pointé sur Public Sénat la "partialité manifeste" du procureur de la CPI, dont la position "ressemble à une forme de militantisme inquiétant".

"Faire un parallèle entre les dirigeants israéliens et le Hamas (...) est une honte", a tranché sur CNews et Europe1 sa rivale d'extrême droite Marion Maréchal (Reconquête!), qui "réfute totalement ce qui est insinué à travers cette poursuite, à savoir qu'il y aurait un génocide à Gaza".

A l'inverse, les chefs de file de la gauche française - de l'insoumis Jean-Luc Mélenchon au socialiste Olivier Faure, en passant par le communiste Fabien Roussel - se sont félicités lundi de l'annonce du procureur de la CPI, en particulier à l'encontre de M. Netanyahu.