PARIS : Des conditions à assouplir pour certains, un dispositif à rejeter pour les plus radicaux qui crient au dirigisme: les critiques techniques ou plus virulentes sur l'extension du pass sanitaire se multiplient dans les oppositions de droite et de gauche.
Après les annonces choc d'Emmanuel Macron lundi et avant un projet de loi en début de semaine, l'extension de ce certificat anti-Covid (qui prouve qu'on est entièrement vacciné ou en possession d'un test PCR ou antigénique récent) pour accéder aux trains ou aux bars et restaurants continue de mettre la classe politique en ébullition.
Certains dans l'opposition, favorables à une vaccination massive et un resserrement du dispositif anti-Covid face au variant Delta, déplorent des dispositions trop rigoureuses ou difficilement applicables.
Au centre droit, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde a jugé "très excessive" la peine prévue allant jusqu'à 45 000 euros d'amende et un an d'emprisonnement pour les établissements qui ne contrôleraient pas le pass sanitaire.
Une sanction supérieure à ce que risque "quelqu'un quand il agresse une vieille dame à son domicile", a déclaré sur LCI M. Lagarde, par ailleurs avocat de longue date du pass sanitaire et de mesures strictes contre l'épidémie.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure s'est quant à lui interrogé sur FranceInfo sur le "périmètre de contrainte" du pass, "un peu large", qui devra être "corrigé".
M. Faure, "partisan de la vaccination massive", soutient l'obligation de vaccination pour les professionnels de santé. Mais s'agissant de l'obligation d'un pass sanitaire "pour les actes de la vie quotidienne, comme le fait d'accéder à un centre commercial, il y a un problème".
«Impréparation»
Même tonalité de la part du président des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle Xavier Bertrand qui se dit, dans Le Figaro, favorable à l'extension du pass sanitaire, tout en dénonçant "l'impréparation" dans sa mise en oeuvre.
Le maire LR d'Antibes Jean Leonetti, médecin et père de la loi actuelle sur la fin de vie, a soutenu sur twitter la vaccination obligatoire des soignants et l'incitation pour tous à se faire vacciner. Mais le pass sanitaire "imposé brutalement et largement" pose "des problèmes d'application et de respect des libertés de chacun", estime-t-il.
Une mesure de surcroît "contraire à des engagements antérieurs", souligne-t-il, en référence à des propos de M. Macron à la presse régionale en avril, défavorables à une extension de ce pass aux "lieux de la vie de tous les jours".
La France insoumise et le Rassemblement national ont quant à eux continué de faire entendre une critique plus radicale du dispositif à venir, sur le thème de la mise en péril des libertés, avec des appels à la mobilisation après de premiers rassemblement qui ont réuni mercredi plusieurs milliers d'opposants au pass sanitaire dans plusieurs villes de France.
Le patron de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé vendredi dans une allocution sur les réseaux sociaux "une restriction considérable des libertés" et une "société où l'on contrôle tout le monde à tout bout de champ".
Le député de la formation de gauche radicale François Ruffin, a abondé en appelant à "poser les limites" face au pouvoir qui "abuse", invitant notamment à manifester contre le pass sanitaire.
A l'autre bout de l'échiquier politique, l'ex-députée FN Marion Maréchal considère qu'avec le pass sanitaire, la France n'est "plus en démocratie représentative" et appelle "à aller manifester partout" pour lutter contre "la mise en place (d'une) société de restrictions".
Avec l'extension de ce certificat, "la norme n’est plus la liberté mais la contrainte", a déclaré Mme Maréchal, en proposant de "laisser la liberté à chacun de choisir de se vacciner ou non", de "lever les restrictions et le port du masque" et "d'apporter des réponses sur le plan hospitalier et des traitements préventifs".
La veille, Marine Le Pen avait cautionné une tribune de l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy qui a qualifié l'extension du pass sanitaire de "vraie rupture historique pour notre modèle de société".
Le ministre de la Santé Olivier Véran, en visite à Annecy, a déploré "l’outrance permanente" de ces opposants qui avancent des choses selon lui "totalement délirantes". Le président Macron a quant à lui dénoncé jeudi le "cynisme politique" des opposants les plus virulents à sa stratégie anti-Covid qui parlent de "dictature", en estimant qu'ils font "courir des risques au pays".