PARIS : Jean Castex a exhorté à ce que « tout le monde joue le jeu » de la relance, notamment les entreprises qui doivent s'engager « fortement pour l'emploi », dans une interview au Figaro mercredi soir, à la veille de détailler un plan de 100 milliards d'euros.
« Nous investissons fortement pour soutenir les entreprises, mais nous attendons d’elles qu’elles s’engagent fortement pour l’emploi, notamment des jeunes », a déclaré le Premier ministre, interrogé par le quotidien sur les contreparties attendues à l'effort consenti par l'Etat.
« Le plan ne produira son plein effet que si tout le monde joue le jeu », a insisté M. Castex. Le patron de la CFDT Laurent Berger avait appelé lundi dans une tribune au Monde à instaurer une « conditionnalité » aux aides publiques envers les entreprises, qui doit faire « bouger leur comportement ».
Le chef du gouvernement présente officiellement jeudi le plan de relance de 100 milliards d'euros destiné à faire face aux conséquences de l'épidémie de coronavirus, dont une récession de 11% prévue cette année. Celui-ci comprend notamment 20 milliards de baisse d'impôts de production payés par les entreprises, soit 10 milliards en 2021 et 10 autres en 2022.
« Cette mesure est majeure notamment pour protéger notre industrie », a justifié M. Castex qui y voit un moyen d'améliorer la compétitivité.
« Ce plan ne se contente pas de panser les plaies de la crise. Il prépare l’avenir », a encore vanté M. Castex au Figaro, estimant que l'enveloppe était « à la hauteur de la situation exceptionnelle que nous traversons ».
Le Premier ministre a rappelé avoir retenu « trois priorités », dont « le verdissement de notre économie » qui bénéficiera de 30 milliards d'euros.
« Cela s’appliquera à la rénovation thermique des bâtiments, aux investissements dans les infrastructures et dans la mobilité verte, au développement de technologies vertes, à la stratégie hydrogène », a-t-il fait valoir.
Quelque 35 milliards d'euros seront aussi consacrés à « rendre la France plus compétitive et plus souveraine ». Outre les baisses d'impôts, « le plan contient des dispositions concernant le renforcement des fonds propres des entreprises, notamment les entreprises de taille intermédiaire, qui innovent et exportent ».
Enfin, 35 milliards d'euros seront dédiés « à la cohésion sociale et territoriale ». Cela comprend les quelque 6 milliards d'euros débloqués pour l'hôpital dans le cadre du Ségur de la Santé, les 6,5 milliards d'euros du « plan jeunes » dévoilé en juillet et qui contient notamment des primes à l'embauche ou encore la prolongation du dispositif d'activité partielle de longue durée qui « doit permettre au cours des prochains mois de former les salariés tout en préservant leur emploi ».
Le Premier ministre a également annoncé que le plan pauvreté serait dopé de « 200 millions d’euros supplémentaires en soutien des associations qui luttent contre l’exclusion ».
Jean Castex a enfin garanti qu'aucune hausse d'impôt n'était à l'ordre du jour. « C’est l’erreur qui a été commise lors de la dernière crise (en 2008, ndlr) et nous ne la reproduirons pas », a-t-il assuré.