Les miniatures de l'artiste anglo-syrienne Yasmin Hayat

Night Journey (Voyage nocturne) de Yasmin Hayat. (Fourni).
Night Journey (Voyage nocturne) de Yasmin Hayat. (Fourni).
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Publié le Samedi 03 juillet 2021

Les miniatures de l'artiste anglo-syrienne Yasmin Hayat

  • «Comme je viens de l’univers de la peinture à l'huile, je peux dire qu’il n’existe pas de pratique plus difficile ni plus exigeante que la peinture miniature à l’aquarelle», explique Yasmin Hayat
  • L’artiste, qui a dirigé des ateliers et des master class au British Museum, à la Watts Gallery et au festival Al-Burda d’Abu Dhabi, a donné ses cours en ligne l’année dernière en raison de la crise sanitaire

LONDRES: «Le moment où vous commencez à combattre le moyen d’expression est celui où il commencera à riposter; vous n'obtiendrez pas alors les résultats que vous escomptez.» C'est le conseil que donne Yasmin Hayat à ses élèves pour maîtriser l'art de la peinture miniature.

«Vous devez faire preuve d’une patience extrême», indique l’artiste à Arab News. «Je dis toujours à mes étudiants: “Vous devez concevoir cela comme une méditation; ne vous attendez pas à faire un tableau en une semaine.”»

On peut admirer sa propre pratique artistique à travers son œuvre For the Love of Damascus (Pour l'amour de Damas), patiemment élaborée, qui constitue un magnifique hommage à la Grande Mosquée des Omeyyades, au cœur de la capitale syrienne.

yasmine hayat
Hayat observe qu’une tendance du monde de l’art consiste à accorder davantage de noblesse à la peinture à l’huile qu’à l’aquarelle; toutefois, sa propre expérience l'a amenée à remettre en question ce point de vue. (Fourni)

 

Hayat, dont le père est syrien et la mère anglaise, a visité cette mosquée lors de voyages familiaux en Syrie. «Les gens allaient s'asseoir dans la cour de cet espace sacré pendant des heures et des heures, loin de l'agitation des rues. Vous vous trouvez entouré de mosaïques dorées qui racontent une histoire tout au long des murs», se souvient-elle. «Damas me manque tellement… Ce désir s’accompagne de tristesse, car je sais que je ne pourrai pas y retourner pendant un certain temps.»

Lorsque la guerre éclate en Syrie, Hayat est sur le point d'obtenir son diplôme au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres (École centrale Saint Martins d’art et de design), où elle étudie l'art contemporain. Elle est alors de plus en plus attirée par l'exploration de son héritage arabe et obtiendra par la suite une maîtrise en art et architecture islamiques visuels dans la prestigieuse Prince's Foundation School of Traditional Arts (École princière des arts traditionnels).

Hayat observe alors qu’une tendance du monde de l’art consiste à accorder davantage de noblesse à la peinture à l’huile qu’à l’aquarelle; toutefois, sa propre expérience l'a amenée à remettre en question ce point de vue.

yasmine hayat
On peut admirer sa propre pratique artistique à travers son œuvre For the Love of Damascus (Pour l'amour de Damas), patiemment élaborée, qui constitue un magnifique hommage à la Grande Mosquée des Omeyyades, au cœur de la capitale syrienne. (Fourni).

 

«Comme je viens de l’univers de la peinture à l'huile, je peux dire qu’il n’existe pas de pratique plus difficile ni plus exigeante que la peinture miniature à l’aquarelle. J'ai beaucoup de respect pour la tradition, pour l’art qui s'est transmis de maître à apprenti. J'aime la finition raffinée et tendre de ce processus plus long et plus lent», explique-t-elle.

Hayat est également une brillante céramiste, comme le montrent les quatre splendides assiettes actuellement présentées au Centre Aga Khan de Londres dans le cadre de l’exposition intitulée «Making Paradise: Exploring the concept of Eden through Art & Islamic Garden Design» («La fabrication du paradis: exploration du concept de l’Éden à travers l’art et le style paysager islamiques»).

«J'avais fait des recherches sur les fruits et les plantes qui sont référencés dans de nombreux manuscrits provenant du Moyen-Orient. J'ai élaboré ces assiettes dans le style syrien d'Iznik; j’ai choisi d’utiliser des violets et des bleus plutôt que le rouge vif caractéristique du style iznik turc ultraraffiné», confie-t-elle.

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Hayat est également une brillante céramiste, comme le montrent les quatre splendides assiettes actuellement présentées au Centre Aga Khan de Londres. (Fourni)

 

Hayat, qui a dirigé des ateliers et des master class au British Museum, à la Watts Gallery et au festival Al-Burda d’Abu Dhabi, a donné ses cours en ligne l’année dernière en raison de la crise sanitaire. Elle a été stupéfaite par le nombre de personnes, originaires du monde entier, qui se sont passionnées pour ses leçons sur les fondements de la peinture miniature. Bien qu'elle ait pris plaisir à partager ses connaissances avec tant d’internautes enthousiastes, elle considère que rien ne peut remplacer l'expérience proprement dite.

«Lorsqu’il est pratiqué de manière virtuelle, l'art a ses limites. Des précisions techniques telles que la façon dont il faut tenir son pinceau ou l'angle qu'on doit utiliser sont plus faciles à enseigner en face à face», souligne-t-elle.

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Come to the Jasmine (Parvenir au jasmin) de Yasmin Hayat. (Fourni)

Jeune maman – lors de notre interview Zoom, on pouvait entendre sa petite fille –, Hayat est actuellement en congé maternité. Lorsqu'on lui demande comment elle parvient à trouver le bon équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée, elle répond: «Certains jours ne sont pas négociables: le lundi, le mercredi et le vendredi, j'éteins téléphone et ordinateur de 9 heures du matin jusqu'au soir. Ce sont mes journées d'art; elles sont dédiées à la peinture et au processus créatif, à la réflexion et à la recherche. J'ai la chance de pouvoir m’organiser ainsi.»

La dimension la plus importante de la vie créative de Hayat réside sans doute dans son désir constant d'en savoir toujours plus.

«J'aime comprendre les pensées, le symbolisme et les histoires qui sont derrière les œuvres. Je pense que cela vous permet de donner à votre travail un caractère et un sens», affirme-t-elle.

«Je crois que le fait de ne pas se consacrer en permanence à soi et à son ego permet aux gens de se lier davantage», conclut l’artiste.


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les 80 ans de Dave: «pour un beatnik, faire carrière est un gros mot!»

Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris
  • Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965

PARIS: "A 20 ans, je rêvais de vivre en chantant, surtout pas faire carrière! Pour le beatnik que j'étais, c'était un gros mot!": à 80 ans, Dave, l'interprète des indémodables "Vanina" et "Du côté de chez Swann", n'en revient pas d'être devenu un chanteur populaire mais refuse de songer à des adieux.

"J'aimerais bien chanter jusqu’à la fin. La scène, c'est le nirvana et on nous paie pour ça, en plus!", confie à l'AFP le plus Français des Néerlandais, connu aussi pour son franc-parler.

Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris, avant une nouvelle tournée qui passera par Amsterdam et Bruxelles.

"Quand je suis devenu chanteur populaire, je n'ai rien compris. En plus, je n'étais pas du tout branché +variétoche+...", ajoute celui qui est toujours fan de jazz.

Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965: "je faisais la manche dans le Quartier latin. En m'accompagnant à la guitare, je reprenais les succès du moment", raconte Dave, qui vient de publier une autobiographie, "Comment ne pas être amoureux de vous" (Talent Editions).

"On m'a conseillé d'aller plutôt à Saint-Tropez. (...) Maintenant, j'y retourne, mais comme client!", ajoute le chanteur vite remarqué par le producteur Eddie Barclay.

En 1972, il est enrôlé dans l'opéra-rock "Godspell". Deux ans après, il perce enfin avec la reprise de "Sugar Baby Love" des Rubbets, adapté en français par son compagnon Patrick Loiseau, qui deviendra son parolier attitré. La même année, "Vanina" dépasse le million d'exemplaires.

Après "Dansez maintenant" et "Mon cœur est malade", deux autres tubes, Dave se maintient au sommet du hit-parade avec "Du côté de chez Swann", une ballade romantique signée encore Patrick Loiseau et devenue l'une des chansons emblématiques des seventies.

«Comme Henri Salvador»

"Quand Patrick m'a proposé ce texte, je lui ai demandé s’il n'était pas fou. Cela me semblait trop littéraire et je pensais que ça ne marcherait jamais... Finalement, le succès a été énorme. Ma seule chanson diffusée sur France Inter!", ironise-t-il.

"Sans prétention, les textes étaient plutôt intéressants à l'époque. Aujourd'hui, ils ont perdu un peu en qualité", juge-t-il. Dans la jeune génération, Zaho de Sagazan et Vianney sont toutefois ses préférés.

"Depuis toujours, j'aime amuser la galerie avec des blagues caustiques mais je suis un gentil avec un bon fond", assure le chanteur, victime d'une lourde chute en 2022 qui a entraîné quatre jours de coma, avec, pour seules séquelles, la perte de l'odorat et du goût.

A 80 ans, le chanteur rêve d'un album "à un million d’exemplaires, comme Henri Salvador à la fin de sa vie".

"Pour le plus tard possible", Dave a laissé des instructions pour qu'on grave sur son urne funéraire le mot "ouf": "parce que je serai probablement content que cela se termine et parce que +ouf+ en verlan, veut dire fou. Un bon résumé de ma vie".