Le RN accusé d'investir des candidats au passé «sulfureux»

Marine Le Pen aux côtés de Jean-Richard Sulzer, le 1er mai 2012 dans la rue Rivoli à Paris. La présidente du Rassemblement national et candidate à l'Élysée a œuvré, dès son arrivée à la tête du FN (devenu RN) en 2011, à dédiaboliser le parti des accusations d'antisémitisme et de racisme. (Photo / AFP)
Marine Le Pen aux côtés de Jean-Richard Sulzer, le 1er mai 2012 dans la rue Rivoli à Paris. La présidente du Rassemblement national et candidate à l'Élysée a œuvré, dès son arrivée à la tête du FN (devenu RN) en 2011, à dédiaboliser le parti des accusations d'antisémitisme et de racisme. (Photo / AFP)
Short Url
Publié le Mardi 01 juin 2021

Le RN accusé d'investir des candidats au passé «sulfureux»

  • Le Pen a œuvré à dédiaboliser le parti des accusations d'antisémitisme et de racisme jusqu'à condamner son père sur les dérapages sur la Shoah
  • Un ancien conseiller, Jean-Richard Sulzer, qui anime au RN un mouvement représentant les militants de confession juive, dénonce un «noyautage néfaste»

PARIS : Un ancien conseiller économique de Marine Le Pen, qui anime au RN un mouvement représentant les militants de confession juive, met en garde contre la présence, aux élections régionales et départementales, de candidats au passé "sulfureux", qui contredisent la stratégie de dédiabolisation du parti.

La présidente du Rassemblement national et candidate à l'Élysée a œuvré, dès son arrivée à la tête du FN (devenu RN) en 2011, à dédiaboliser le parti des accusations d'antisémitisme et de racisme, jusqu'à s'opposer violemment à son père, dont elle a condamné les dérapages sur la Shoah et qu'elle finira par exclure du parti en 2015.

Mais aujourd'hui un ancien conseiller, Jean-Richard Sulzer, dénonce un "noyautage néfaste". "Jamais mes coreligionnaires, qui t'adorent par ailleurs, ne voteront pour eux : tu risques de retrouver des bulletins panachés", prévient, dans un courriel à Marine Le Pen daté du 5 mai que l'AFP s'est procuré – confirmant des informations du JDD – ce conseiller régional sortant dans les Hauts-de-France, qui se présente cette fois aux départementales dans les Hauts-de-Seine.

M. Sulzer, membre du conseil national du RN (parlement du parti), a créé en 2019 le "Rassemblement national juif", renommé à la demande d'un avocat de Mme Le Pen "Cercle national juif France-Israël".

«Gesticulations»

Il cite les noms de la tête de liste en Bretagne et patron des fédérations du parti Gilles Pennelle, ancien militant du groupuscule néopaïen racialiste Terre et Peuple, du conseiller régional sortant en Ile-de-France Axel Loustau, ancien militant du syndicat étudiant d'ultradroite GUD, ou encore de Philippe Vardon, directeur de campagne de la tête de liste en Paca Thierry Mariani, ancien membre d'Unité radicale et des Identitaires.

M. Sulzer évoque aussi auprès de l'AFP Philippe Eymery, président du groupe RN dans les Hauts-de-France, proche des identitaires lillois.

"Il est clair que tous ces personnages, souvent adhérents de longue date, ont été mis très en avant malgré un passé un peu sulfureux (écrits, vidéos, tweets, posts, condamnations (...)", ajoute M. Sulzer dans son courriel à la cheffe du RN.

M. Loustau n'a pas été investi candidat, selon le RN. Ce proche de Marine Le Pen a précisé à l'AFP avoir exprimé le souhait il y a "plusieurs mois" de ne "pas briguer de nouveau mandat électif pour (se) recentrer sur ses activités professionnelles". Il dit avoir "découvert (les) pathétiques gesticulations" de M. Sulzer dans le JDD.

Mediapart avait diffusé deux photos datant de 2011 de M. Loustau bras tendu et main levée en affirmant qu'il s'agissait d'un salut "fasciste". Poursuivi en diffamation, le site d'information a été relaxé en appel en 2018.

«Néonazis»

Le parti assure que M. Sulzer est "seul" adhérent de son association, qui comptait huit participants à sa dernière réunion selon l'intéressé. M. Sulzer "ne parle que de lui et n'apporte aucun argument", ajoute le parti. 

Ces candidats "ne doivent plus être soutenus par le RN", a précisé lundi à l'AFP M. Sulzer, qui confirme l'existence de ce mail et dénonce un "noyautage néfaste". Dans le Jerusalem Post début avril, il demandait "le retrait des néonazis des listes" à ces scrutins.

M. Sulzer affirme avoir "vu progressivement la commission d'investiture évincer tous les gens qui étaient d'origine israélite" et "laissé d'authentiques antisémites monter en grade".

"Il y a même quelqu'un qui a eu le culot de nous dire : +s'il y a des antisémites, vous n'avez qu'à quitter le RN+", s'émeut l'ancien assistant parlementaire de Gilbert Collard, qui reproche à Mme Le Pen de "ne pas faire suffisamment attention" aux candidatures.

Interrogé sur le passé radical de M. Vardon, Thierry Mariani a assuré lundi sur France Bleu que ce dernier avait "évolué".

"Quand on est jeune, on a le droit d'avoir des idées fermes, affirmées. Je trouve ça plutôt plus sympathique que les gens qui s'abrutissent sur leurs tablettes", a-t-il affirmé.

Le RN fait depuis plusieurs années les yeux doux à la communauté juive.

En juillet 2020, Marine Le Pen avait salué la "mémoire" des victimes de la rafle du Vel d'Hiv, après avoir suscité une polémique pendant la campagne présidentielle de 2017 en affirmant : "La France n'est pas responsable du Vel d'Hiv". 


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Short Url
  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.


Faux Brad Pitt: une enquête pour escroquerie ouverte en France

Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Short Url
  • A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien
  • Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION: Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière.

A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien.

Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine en lui envoyant de faux selfies, des documents d'identité falsifiés et en recourant à l'intelligence artificielle pour dissiper ses doutes.

Prétextant avoir besoin d'argent pour payer une opération pour un cancer du rein, le faux Brad Pitt a réussi à soutirer cette somme importante à cette femme, qui est aujourd'hui ruinée et a fait trois tentatives de suicide.

Depuis la diffusion de l'émission, elle fait l'objet de railleries de la part d'internautes moquant sa supposée crédulité. Le reportage a depuis été retiré de toutes les plateformes par TF1, après une "vague de harcèlement à l'encontre d'un témoin".

L'affaire est parvenue jusqu'à l'entourage de l'acteur, qui a mis en garde ses fans contre les escrocs utilisant son image.

"C'est terrible que des escrocs profitent de la forte connexion des fans avec des célébrités", a déclaré mardi un porte-parole de l'acteur au média Entertainment Weekly.

De escroqueries jouant sur les sentiments existent depuis le début des courriers électroniques, mais l'arrivée de l'intelligence artificielle a augmenté le risque de vol d'identité, canulars et fraude en ligne, selon les experts.