BEYROUTH: Vendredi, le Parlement libanais s’est réuni pour discuter d’une lettre écrite par le président, selon laquelle le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a fait preuve de son incapacité à former un gouvernement à même de sortir le pays de la crise financière qu’il traverse.
La lettre, dont Reuters a pris connaissance, fait suite à des mois de négociations politiques dans un pays où les allégeances ont tendance à suivre des lignes sectaires. Elle est adressée au Parlement, qui s’est réuni vendredi pour en discuter, après en avoir fait la lecture.
Le gouvernement actuel est en charge des affaires courantes depuis sa démission après une énorme explosion dans un entrepôt du port de Beyrouth qui a ravagé des quartiers de la capitale, le 4 août dernier. L'explosion a encore compliqué la tâche du sauvetage de l’économie, en chute libre depuis fin 2019.
«Il est devenu évident que le Premier ministre désigné n’est pas à même de former un gouvernement capable de sauver le pays, et d’établir les contacts adéquats avec les institutions financières étrangères, les fonds internationaux et les pays donateurs», a écrit dans sa lettre le président Aoun, chrétien maronite.
Saad Hariri, musulman sunnite qui, comme son père assassiné, a dirigé plusieurs gouvernements précédents, a été chargé d’en former un nouveau en octobre, après qu'un ancien Premier ministre désigné n'a pas réussi à former un cabinet de technocrates après plusieurs semaines de tentatives.
Les donateurs occidentaux, avec à leur tête la France, ancienne puissance coloniale, ont affirmé que le Liban devait former un cabinet valable de technocrates ou de spécialistes avant qu’ils puissent débloquer des fonds pour soutenir le pays paralysé par la crise. Les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) n’ont pas abouti.
Les États du Golfe, sur lequel le Liban pouvait compter par le passé pour apporter un soutien financier, hésitent désormais à intervenir, en raison du mécontentement suscité par l'influence croissante du Hezbollah, groupe chiite libanais soutenu par leur adversaire régional, l'Iran.
Les tensions avec l'Arabie saoudite et d'autres pays arabes du Golfe ont été alimentées cette semaine par des commentaires désobligeants à leur sujet de la part du ministre des Affaires étrangères lors d'une interview télévisée. Le ministre démissionnaire a quitté son poste peu de temps après.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com