A un an de la présidentielle, la stratégie à droite de Macron

Le président français Emmanuel Macron lors du sommet social européen organisé par la présidence portugaise du Conseil de l'Union européenne au Palacio de Cristal à Porto le 8 mai 2021 (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors du sommet social européen organisé par la présidence portugaise du Conseil de l'Union européenne au Palacio de Cristal à Porto le 8 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 mai 2021

A un an de la présidentielle, la stratégie à droite de Macron

  • Pour l'heure, tous les sondages prédisent une qualification d'Emmanuel Macron pour le second tour, où il affronterait la cheffe de l'extrême droite Marine le Pen, dans un remake de 2017
  • Macron a fait évoluer son discours sur les questions de sécurité, en adoptant une ligne plus dure, alors que les sondages montrent que la question est l'une des préoccupations majeures des électeurs

PARIS: Elu sur un programme centriste en 2017, le président français Emmanuel Macron a mené son quinquennat plutôt à droite. Une stratégie qu'il devrait confirmer pendant la campagne présidentielle pour 2022 où il vise une réélection, mais qui n'est pas sans risque.   

Pour l'heure, tous les sondages prédisent une qualification d'Emmanuel Macron pour le second tour, où il affronterait la cheffe de l'extrême droite Marine le Pen, dans un remake de 2017.  

Mais la confortable avance dont il disposait il y a quatre ans (32 points) a fondu, et le match promet d'être serré cette fois.   

Macron abandonnera-t-il le crédo « ni droite ni gauche » qui lui avait permis de devenir le plus jeune chef de l'Etat français depuis Napoléon?   

Tout semble l'indiquer. A commencer par les élections régionales de juin, où son parti soutiendra les candidats conservateurs des Républicains dans le sud-est de la France.   

Face à une gauche divisée et historiquement basse dans les sondages, « il sait bien que le danger vient de la droite et fait tout pour essayer de la diviser », explique Gael Sliman, président de l'institut de sondage Odoxa.  

Ses deux Premiers ministres, Edouard Philippe (2017-2020) puis Jean Castex sont par ailleurs tous deux issus des rangs de la droite, tout comme plusieurs ministres-clés.   

La manoeuvre semble porter ses fruits : Christian Estrosi et Hubert Falco, maires de droite de Nice et Toulon (sud-est) ont annoncé qu'ils quittaient les Républicains pour se rapprocher du parti présidentiel.   

La droite est par ailleurs profondément divisée entre une ligne conservatrice et une ligne plutôt modérée incarnée par le président de la région Hauts-de-France (nord), Xavier Bertrand.  

« C'est jouer avec le feu » et « un danger mortel » car, « en instituant Marine Le Pen comme seule opposante, il met en place les conditions objectives de la victoire de l'extrême droite », accuse ce dernier, dont la campagne de centre droit de Macron vient directement marcher sur les plate-bandes.   

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Emmanuel Macron, fondateur et président du mouvement politique « En marche! » et candidat à l'élection présidentielle française de 2017, lors d'une réunion publique au Palais des Sports de Lyon, le 4 février 2017 (Photo, AFP/ Archive)

Priorité sécurité  

La France - qui n'a eu que deux présidents de gauche depuis 1945 - est-elle un pays de droite? Un sondage du think-tank Fondapol tend à accréditer cette thèse puisque 38% des électeurs se situent à droite de l'échiquier politique (contre 33% en 2017), et seulement 24% à gauche (contre 25% en 2017).   

Dans cette étude européenne, les Français sont particulièrement réfractaires à l'ouverture sur le plan migratoire et une majorité d'entre eux (62%) estiment que l'islam constitue une menace pour la République.   

Si Macron avait été élu en 2017 avec une bonne proportion d'électeurs de gauche, il devrait cette fois pouvoir compter sur un réservoir de voix de droite.   

Il a d'ailleurs fait évoluer son discours sur les questions de sécurité, en adoptant une ligne plus dure, alors que les sondages montrent que la question est l'une des préoccupations majeures des électeurs.  

« Je me bats pour le droit à la vie paisible », avait-il assuré en avril dernier.  

La France a été particulièrement secouée par une série d'attaques islamistes ces dernières années, comme l'assassinat du professeur Samuel Paty en octobre 2020, décapité après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.    

Et au-delà des attentats, plusieurs faits divers obligent le président à réagir, à l'image de l'assassinat d'un policier à Avignon la semaine dernière dans une opération anti-drogue.   

Perdre la gauche  

La tactique de Macron suppose toutefois d'assumer de perdre tout ou partie de l'électorat de gauche, qui l'a déjà estampillé « président des riches » pour sa politique de baisses d'impôts pour les plus aisés et de réforme du système de retraites.   

« Plus il fait ça plus il donne le sentiment aux électeurs de gauche qu'il est un président de droite et donc ça devient très compliqué ensuite de les appeler à voter pour lui au second tour, s'il affrontait Marine Le Pen comme la dernière fois », explique Gael Sliman.  

L'institut Jean Jaurès prévient que Macron pourrait devenir un repoussoir pour l'électorat de gauche qui ne se précipiterait pas forcément pour le soutenir, même face à Marine le Pen.   

La gestion de la pandémie de la Covid-19, jugée parfois erratique, ajoute également un peu d'incertitude à cette élection.   

Ces six derniers mois, près de deux Français sur trois - un chiffre stable - jugent sévèrement sa politique sanitaire, selon des sondages Odoxa.  

Mais si les électeurs critiquent la lenteur de la stratégie vaccinale, ils approuvent toutefois majoritairement sa politique de soutien aux entreprises et aux salariés affectés par la crise, à grands renforts d'argent public.   

« Avec la crise, le collectif est devenu la priorité. Emmanuel Macron doit donc réussir sa mue de ‘candidat de l'émancipation’ en 2017 en ‘président-candidat protecteur’ s'il veut l'emporter l'an prochain », résume un responsable de la majorité. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.