En Islande, l'éruption se transforme en grandioses geysers de lave

Fissure de lave dans la vallée de Geldingadalir (Photo, AFP).
Fissure de lave dans la vallée de Geldingadalir (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 09 mai 2021

En Islande, l'éruption se transforme en grandioses geysers de lave

  • L'éruption volcanique en cours depuis plus de cinquante jours près de Reykjavik offre un nouveau spectacle, visible même depuis la capitale islandaise
  • Un vrombissement intense prévient que l’explosion est imminente, dans ce secteur inhabité de la péninsule de Reykjanes, à la pointe sud-ouest de l'Islande

ISLANDE: Des périodes de calme, et soudain de grands geysers de lave pouvant atteindre des centaines de mètres de haut : l'éruption volcanique en cours depuis plus de cinquante jours près de Reykjavik offre un nouveau spectacle, visible même depuis la capitale islandaise.

Si un périmètre de sécurité a été décrété pour protéger les curieux des redoutables éclats de roche chaude retombant au sol, ils sont toujours nombreux à venir marcher jusqu'aux abords du volcan, situé dans la vallée de Geldingadalir, près du mont Fagradalsfjall, à une quarantaine de kilomètres de Reykjavik.

« C’est incroyable à voir », confie Henrike Wappler, une Allemande d’origine qui vit en Islande et en est à sa quatrième visite.

« Le pouvoir de la Terre, je me sens toute petite face à lui.. Mais je n’ai pas peur ! », ajoute-t-elle au côté de sa fille.

Jusque-là continue et plutôt paisible, l'éruption - qui doit bientôt être officiellement baptisée « Fagradalshraun » - a changé de rythme depuis une semaine, alternant des périodes de pauses et des jets furieux.

Un vrombissement intense prévient que l’explosion est imminente, dans ce secteur inhabité de la péninsule de Reykjanes, à la pointe sud-ouest de l'Islande. 

« Ça évoque le bruit d’un avion dans le ciel », souligne Freyja Wappler-Fridriksdóttir, une des plus de 2 500 personnes à être venues sur place ce samedi.

« Ce n’est pas tous les jours que l’on peut admirer un volcan d’aussi près. C’est vraiment stupéfiant et si beau », s'émerveille-t-elle, assise à environ 500 mètres du cratère.

Visibles à des dizaines de kilomètres à la ronde, les geysers orange vif illuminent le ciel, aux nuits toujours plus courtes en ce mois de mai.

L’office météorologique national estime que l’un des jaillissements les plus intenses observé a dépassé les 460 mètres de haut mercredi au petit matin.

« La bombe »

Bjarki Brynjarsson, 25 ans, se délecte de cette partie de cache-cache grandiose, où le cratère s'éteint pendant plusieurs minutes sans signe d'activité apparente, avant que la lave ne jaillisse dans le ciel crépusculaire.

« J’attends que la bombe explose », s’amuse-t-il.

Ces pulsations cycliques ressemblent étrangement à celles de Strokkur, le geyser - d'eau - le plus actif d’Islande à 100 kilomètres à l’est de Reykjavik.

En réalité, « le magma coule tout le temps. C'est juste à la surface qu'il y a une modulation », explique le vulcanologue Magnús Tumi Gudmundsson. 

« C’est un comportement normal. Il est, en fait, moins courant d’avoir un flux très continu sans pulsations », ajoute-t-il.

Les puissants éclats de lave entraînent des retombées de tephra, des fragments de roche, dont certains encore chauds - et potentiellement mortels - atterrissent à plusieurs centaines de mètres du cratère.

Une zone d’exclusion permanente dans un rayon de 400 mètres autour du cratère actif a ainsi été dressée par temps calme et peut être étendue jusqu’à 650 mètres en fonction de la vitesse du vent.

L'éruption, qui a débuté le soir du 19 mars, est exceptionnelle à plus d'un titre : voilà plus de huit siècles que la lave n'avait pas coulé dans la péninsule de Reykjanes, et près de 6 000 ans là où l'éruption s'est produite.

Sortant d'une puis de plusieurs failles, elle a formé plusieurs petits cratères successifs à Geldingadalir – « vallées des eunuques » en français, dont un seul est réellement actif.

Les vulcanologues n'excluent aucune hypothèse sur sa durée, entre quelques mois supplémentaires ou même plusieurs décennies.

« La suite n’est pas tout à fait claire car les différents types de volcanisme que nous avons eus sur la péninsule de Reykjanes peuvent couvrir tout cet intervalle de temps », explique Edward Marshall, géochimiste à l’Institut des Sciences de la Terre.

Une certitude toutefois, explique le spécialiste : « c’est la lave la plus primaire (directement issue de la croûte terrestre, ndlr) que nous observons depuis la dernière période glaciaire », qui s'est achevée il y a environ 10 000 ans.


Les César 2025 ont réuni plus de deux millions de téléspectateurs

Le scénariste et réalisateur franco-grec Costa Gavras (C), qui a reçu un prix d'honneur, le réalisateur français Jacques Audiard, récompensé pour son film « Emilia Perez » et l'actrice française et présidente de la cérémonie Catherine Deneuve (L) posent à la fin de la 50e édition de la cérémonie des César du cinéma à l'Olympia à Paris le 28 février 2025. (Photo par Bertrand GUAY / AFP)
Le scénariste et réalisateur franco-grec Costa Gavras (C), qui a reçu un prix d'honneur, le réalisateur français Jacques Audiard, récompensé pour son film « Emilia Perez » et l'actrice française et présidente de la cérémonie Catherine Deneuve (L) posent à la fin de la 50e édition de la cérémonie des César du cinéma à l'Olympia à Paris le 28 février 2025. (Photo par Bertrand GUAY / AFP)
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  • La 50ᵉ cérémonie des César, retransmise en clair vendredi soir sur Canal+, a réuni 2,01 millions de téléspectateurs (soit 13,3 % de part de marché), sa meilleure performance « depuis 2020 »
  • L'événement, qui était diffusé sur l'application Canal+, Dailymotion et TikTok en simultané, a cumulé près de 200 millions de vues au niveau numérique, « soit quatre fois mieux qu'en 2024 », a précisé Canal+.

PARIS : La 50ᵉ cérémonie des César, retransmise en clair vendredi soir sur Canal+, a réuni 2,01 millions de téléspectateurs (soit 13,3 % de part de marché), sa meilleure performance « depuis 2020 », a indiqué la chaîne dans un communiqué samedi.

Canal+ a salué la troisième année consécutive de hausse de l'audience de la cérémonie. En 2024, elle avait réuni 1,86 million de téléspectateurs.

Ces chiffres restent toutefois loin derrière les 3,9 millions de téléspectateurs réunis en 2012.

L'événement, qui était diffusé sur l'application Canal+, Dailymotion et TikTok en simultané, a cumulé près de 200 millions de vues au niveau numérique, « soit quatre fois mieux qu'en 2024 », a précisé Canal+.

La chaîne avait confié à l'influenceuse Léna Situations la tâche d'interroger les célébrités sur le tapis rouge.

La comédie musicale Emilia Perez de Jacques Audiard a remporté sept trophées, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation, malgré les polémiques.

Tourné en espagnol, avec des stars internationales comme Zoe Saldaña et Selena Gomez, ainsi que, dans le rôle principal, l'actrice transgenre espagnole Karla Sofía Gascón, le film avait été encensé au Festival de Cannes et avait décroché un record pour une production non anglophone de 13 nominations aux Oscars.

Cependant, sa situation a empiré lorsque d'anciens tweets racistes et islamophobes de Karla Sofía Gascón ont refait surface, compromettant ses chances pour les Oscars dimanche.


Les passionnés de mode adoptent une approche créative pour concevoir des vêtements décents pour le Ramadan

La collection Ramadan de Farah Hammad « reflète l'harmonie entre les formes organiques ». (Photo Fournie )
La collection Ramadan de Farah Hammad « reflète l'harmonie entre les formes organiques ». (Photo Fournie )
Noor Eclipse de Nour Al-Dhahri. (Photo fournie)
Noor Eclipse de Nour Al-Dhahri. (Photo fournie)
La ligne Ramadan de Voula Collection « allie modestie, élégance et signification culturelle ». (Photo Fournie)
La ligne Ramadan de Voula Collection « allie modestie, élégance et signification culturelle ». (Photo Fournie)
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  • Les créateurs de mode et les passionnés d'Arabie saoudite se font les champions des collections pudiques sur le thème du Ramadan, qui visent à refléter la spiritualité du mois sacré.
  • Une partie des recettes de la collection sera également reversée à diverses associations caritatives.

RIYADH/DAMMAM : Les créateurs de mode et les passionnés d'Arabie saoudite se font les champions des collections pudiques sur le thème du Ramadan, qui visent à refléter la spiritualité du mois sacré.

Sarah Albedair, créatrice saoudienne et fondatrice de Voula Collection, a déclaré à Arab News que sa collection Ramadan "allie modestie, élégance et signification culturelle".

"Les vêtements modestes qui peuvent être portés tout au long de l'année, y compris pendant le ramadan, s'accordent bien avec l'esprit de praticité et de simplicité qui va de pair avec un coût abordable... Au cours de la dernière décennie, le monde de la mode a connu un changement notable, la mode pudique passant d'une niche à un courant dominant, et le ramadan joue un rôle central dans cette évolution", a-t-elle déclaré.

La collection d'Albedair mêle des symboles saoudiens et grecs dans ses créations colorées et expressives. 

La collection Ramadan de Farah Hammad « reflète l'harmonie entre les formes organiques ». (Photo Fournie )
La collection Ramadan de Farah Hammad « reflète l'harmonie entre les formes organiques ». (Photo Fournie )

Les abayas et les robes de Voula Collection utilisent toute une gamme de matériaux et de tissus, provenant principalement d'Europe, dont le lin, le crape, l'organza, le denim, la popeline et le coton.

Zainab Mamdooh, passionnée de mode, prédit que la tendance de ce Ramadan sera aux tissus lourds d'hiver et aux couleurs sombres.

Zainab Mamdooh préfère porter des jalabiyas, des robes fluides et modestes portées par les femmes des pays du Moyen-Orient, avec des bijoux en or.

"Pendant le mois sacré, j'aime porter des jalabiyas en lin et en velours, en particulier celles qui sont brodées d'or", dit-elle.

"Je trouve que le traditionnel ajoute une touche d'élégance et reflète l'authenticité culturelle... J'aime aussi associer mes jalabiyas à des bijoux, en incorporant des pièces en or et en diamant pour parfaire mon look".

Décidée à apporter une touche de fraîcheur à sa garde-robe, Mamdooh a acheté une jalabiya à Souq Manama, un marché situé à Bahreïn.

"Je voulais rompre avec l'association traditionnelle des jalabiyas avec des broderies dorées uniquement, et j'ai donc opté pour des détails argentés afin de mettre en valeur une esthétique différente, mais tout aussi élégante.

La créatrice saoudienne Farah Hammad a lancé sa dernière collection Ramadan, "The Botanical Collection", inspirée par la beauté de la nature et l'élégance fluide du marbre. Les pièces fusionnent des motifs floraux organiques avec un art structuré.

"La collection reflète l'harmonie entre les formes organiques et l'art structuré", a déclaré Mme Hammad à Arab News. "Il s'agit de célébrer la féminité, la force et la beauté du contraste - à la fois délicat et audacieux, doux et puissant. 

Gilded Aura de Nour Al-Dhahri. (Photo Fournie)
Gilded Aura de Nour Al-Dhahri. (Photo Fournie)

Composée d'une quarantaine de pièces, la collection est conçue pour être polyvalente. La palette de couleurs est inspirée de la nature et comprend des tons terreux, des bleus et des verts profonds, des pastels discrets et de riches teintes de bijoux.

"Les coupes sont à la fois fluides et ajustées, avec des superpositions et des embellissements complexes qui rehaussent l'esthétique inspirée de la botanique et du marbre", a-t-elle déclaré.

Ce qui rend la "Botanical Collection" encore plus spéciale, c'est que j'ai acheté le tissu localement cette fois-ci", a déclaré Mme Hammad. "Il était important pour moi de soutenir la population locale et de veiller à ce que les matériaux reflètent l'authenticité et la richesse de l'inspiration de la collection.

La collection a été conçue pour s'aligner sur le Ramadan, une période de renouveau et de réflexion. "Le ramadan est l'un de mes mois préférés", a-t-elle déclaré. "Il s'agit de croissance, de transformation et de beauté à chaque étape. La collection incarne cet esprit, embrassant le contraste et l'équilibre, tout comme le Ramadan lui-même."

La collection Botanique est disponible en ligne et au studio d'Hammad. À la fin du mois de février, certaines pièces seront également présentées au Homegrown Market à Hay Jameel à Jeddah, sa ville natale, dans le cadre d'une édition limitée.

Une partie des recettes de la collection sera également reversée à diverses associations caritatives.

La collection Ramadan 2025 de Nour Al-Dhahri est une ode à la sérénité spirituelle et à la beauté lumineuse des jours et des nuits du Ramadan.

Nour Al-Dhahri a déclaré à Arab News : "Bien que j'éprouve des sentiments chaleureux pour toutes mes collections, le Ramadan a toujours une qualité plus intime. Les histoires, les traditions et la passion sont au cœur de cette collection, et pas seulement les vêtements.

"Pour moi, c'est une célébration des femmes qui sont fières de leurs ancêtres et qui n'ont pas peur d'embrasser l'élégance moderne.

"Pendant ce mois sacré, chaque aspect, des détails brodés à la main aux matières méticuleusement sélectionnées, a été créé dans le but de permettre aux femmes de se sentir belles et sûres d'elles."

La collection de kaftans se caractérise par une douce palette de tons pastel et neutres.

Les pièces ont été confectionnées dans des tissus luxueux, notamment du lin pur, du tulle, du crêpe français, du lin indien, de la mousseline de soie et de l'organza. 

La ligne Ramadan de Voula Collection « allie modestie, élégance et signification culturelle ». ( Photo Fournie)
La ligne Ramadan de Voula Collection « allie modestie, élégance et signification culturelle ». ( Photo Fournie)

"En accord avec la quête spirituelle du mois sacré, la broderie est synonyme de tradition, tandis que les coupes contemporaines et les couleurs pastel apportent un sentiment de légèreté et de renaissance.

"L'attrait durable du ramadan est célébré dans chaque article par l'incorporation d'une élégance moderne", a-t-elle déclaré.

La pièce Noor Eclipse est un modèle sophistiqué en tulle avec de délicates paillettes sur les épaules et un décolleté asymétrique.

Le voile Sundown Veil combine l'organza et la mousseline de soie, reflétant les teintes chaudes d'un coucher de soleil du Ramadan, tandis que le modèle Gilded Aura est un symbole portable de la beauté de la nature avec ses motifs de feuilles brodés à la main.

"Il est de notre responsabilité, en tant que marque saoudienne, de rendre hommage à notre héritage par le biais de l'habillement, en fabriquant des articles qui parlent aux femmes du Moyen-Orient et d'ailleurs... de continuer à inventer tout en conservant l'esprit du kaftan, qui est un élément essentiel des vêtements du Ramadan", a déclaré M. Al-Dhahri.

Le ramadan encourageant généralement un mode de vie plus significatif, AMUSED est une plateforme qui promeut et vend des accessoires authentiques d'occasion en Arabie saoudite. Consciente que la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde, elle vise à créer une économie plus circulaire afin de rompre avec le modèle "faire, utiliser, jeter" qui a dominé la culture de la mode.

Sara Teymoor, PDG et cofondatrice d'AMUSED, a déclaré à Arab News : "Le ramadan est une période de réflexion, de connexion et de célébration - l'une de nos saisons de shopping les plus chargées, avec des acheteurs qui achètent souvent des articles de grande valeur et des pièces multiples.

"Les bons accessoires rehaussent toutes les occasions, des élégantes réunions d'iftar aux sorties intimes de suhoor en fin de soirée.

"L'attention, la générosité et la durabilité définissent le Ramadan - des valeurs qui sont au cœur de la mission d'AMUSED.

Les articles de la plateforme ont été portés par plusieurs personnalités en ligne, notamment la chef saoudienne et créatrice de contenu de voyage Nihal Felemban, l'influenceuse de mode et de voyage Sausan AlKadi, et l'influenceuse de style et de beauté Asma AlMalki.

Maryam Yusuf, responsable de l'expérience client, a partagé certaines des pièces les plus demandées par AMUSED année après année en raison de leur intemporalité : le Chanel Classic Flap Small est un essentiel de jour pour leurs acheteurs en raison de son design compact et élégant, parfait pour faire des courses pendant la journée.

Le Diorama est un bijou abandonné mais recherché, en particulier dans les versions métalliques qui restent les préférées des collectionneurs, tandis que le Picotin 18 d'Hermès semble être un mini fourre-tout populaire pour les soirées douillettes.

Pour ajouter à l'esprit festif du mois, la plateforme partage sur son blog des conseils de style exclusifs pour rehausser la garde-robe du Ramadan, des recettes spéciales de son équipe, des " drop " Instagram en direct avec des trouvailles expédiées le lendemain, des interviews d'invités, des tendances de la mode, et bien plus encore.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


L'artiste libanaise Lana Khayat dévoile sa première exposition solo en terre saoudienne

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  • «Je souhaite révéler l'évolution vivante de notre héritage arabe», confie Lana Khayat

DUBAÏ : Sous la lumière douce de la Galerie Hafez à Riyad, les œuvres de Lana Khayat murmurent des histoires séculaires. L'artiste libanaise y présente « Les Lys Blancs de Marrakech : Femmes comme Récits Intemporels », sa première exposition personnelle en Arabie Saoudite, visible jusqu'au 25 mars. Cette création, véritable écrin poétique, rend hommage au mythique Jardin Majorelle qui célèbre son centenaire, tout en poursuivant «la narration perpétuelle de Lana sur la force et la résilience féminines».

Dans le labyrinthe de ses toiles, Khayat nous invite à découvrir une métamorphose artistique où se mêlent nature, abstraction et calligraphie, marquant un tournant décisif dans son parcours créatif.

«Cette exposition révèle un regard plus audacieux, une version plus affirmée de moi-même », confie-t-elle à Arab News. «La nature a toujours été ma muse première, mais j'y ai récemment entrelacé une nouvelle dimension botanique, visible pour la première fois dans ces œuvres. Le lys en est l'incarnation parfaite. Cet élément intrinsèque de mon travail, autrefois discret, occupe désormais le devant de la scène. Le lys, symbole féminin par excellence... Dans mes premières créations, il se faisait timide, mais dans mes œuvres récentes, il s'impose – majestueux, luxuriant, indéniablement présent. Je suis naturellement réservée, profondément introvertie, mais j'ai compris que plus je reste fidèle à mon essence artistique, plus les gens s'y retrouvent. Les femmes possèdent une force silencieuse, mais impérieuse – et cette assurance imprègne désormais mon travail.

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«Echoes of Ephemeral Whispers» (Photo fournie)

«Même ma signature s'est transformée», poursuit-elle, «elle s'affirme davantage.»

L'inspiration de cette exposition, comme son nom le suggère, a germé lors d'une déambulation de l'artiste dans les ruelles de Marrakech.

«Marrakech est un carrefour historique où les cultures se fondent et se réinventent; elle incarne cette fusion parfaite entre tradition et modernité, essence même de mon travail», explique-t-elle. «Ses influences berbères, arabes et andalouses en font l'écrin idéal pour mes créations. Le thème de l'exposition est né de ma fascination pour la pérennité des récits féminins qui traversent les âges – par le langage, la culture, la nature. Les lys, dans mon univers, sont des femmes qui se tiennent droites, inébranlables. Elles existent. Elles s'épanouissent. Ces fleurs figurent parmi les plus résistantes de la nature, et les nénuphars ornent le Jardin Majorelle. C'est cette symphonie entre mon étude des femmes, des lys et des langages qui trouve en Marrakech son écho parfait. »

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«The Vermilion Lilies of Marrakech» (Photo fournie)

Le destin artistique de Khayat semble avoir été inscrit dans sa lignée familiale. Son arrière-grand-père, Mohamad Suleiman Khayat, était un maître restaurateur renommé des somptueuses salles de style syrien Ajami, dont les œuvres ornent les collections du Metropolitan Museum of Art et d'autres institutions prestigieuses. Son fils et son petit-fils – le père de Lana – ont perpétué cet héritage.

«J'ai baigné dans cet univers», raconte Khayat. «D'eux, j'ai hérité la patience. Mais c'était un monde dominé par les hommes, et j'ai dû sculpter ma propre place dans cette généalogie artistique. Ce ne fut pas un chemin facile, mais j'ai progressivement trouvé ma voix.»

La découverte de cette voix singulière s'est cristallisée lors de son départ pour New York, après l'obtention de son diplôme en design au Liban. «Enfant, je reproduisais les tableaux de Van Gogh», se souvient-elle. « Ces vases, ces fleurs... Ces images habitaient mon esprit. Mais après mon immersion new-yorkaise, mon passage au Guggenheim, puis mon installation à Dubaï, j'ai traversé une profonde remise en question. 'Dois-je garder mon art pour moi seule, ou le dévoiler au monde et voir où il me mènera?' Après ce dialogue intérieur, j'ai conclu: 'Au fond, je n'ai rien à perdre. Laissons l'art tracer sa voie.' Et il y a une décennie, j'ai eu la chance de croiser le chemin de Qaswra Hafez, fondateur de la galerie éponyme, qui a embrassé ma vision artistique avec une conviction sincère.»

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«Between Bloom and Form» (Photo fournie)

Si elle voue une admiration à l'œuvre de Monet, ses véritables inspirations sont des artistes féminines – moins pour leur style que pour leur parcours.

«C'est davantage leur cheminement et leur combat qui m'inspirent que leur art en soi», précise-t-elle. «J'admire Frida Kahlo pour son audace sans compromis.» Quelques jours après notre entretien, elle nous écrit pour ajouter que l'œuvre de l'artiste libanaise Etel Adnan nourrit également sa démarche, car «son entrelacement audacieux des disciplines – poésie, paysage et abstraction – encourage ma quête d'un art qui célèbre la résilience, la transformation et la force immuable des femmes.»
Dans sa jeunesse, Khayat puisait davantage dans les courants occidentaux,  mais aujourd'hui, l'art arabe résonne en moi avec une intensité croissante», confie-t-elle. «Mon travail se déploie en strates multiples, à la fois intime et universel. C'est une célébration de mon héritage arabe. J'utilise le langage comme méditation – l'écriture que j'emploie devient porteuse de tradition et témoin de l'histoire. Mon approche est profondément abstraite. La calligraphie se dissout en gestes, tandis que la nature qui m'inspire se métamorphose en formes fluides. La culture arabe, vaste et diverse, je cherche à la réinterpréter, à révéler son évolution permanente, loin de toute stagnation.»

La calligraphie représente pour elle «un dialogue silencieux entre l'artiste et l'œuvre, entre le spectateur et la toile, ouvert à toutes les interprétations. J'aspire à ce que chacun se perde dans mes tableaux et y découvre sa propre vérité. C'est également un dialogue avec l'histoire, car comme je l'ai évoqué, je souhaite réinventer notre héritage arabe en montrant sa constante métamorphose.»

Cette dernière aspiration est l'essence même de ce qu'elle souhaite transmettre aux visiteurs de son exposition riyadienne. «J'espère qu'ils ressentiront cette dualité entre intimité et universalité, qu'ils percevront mon travail comme une célébration de l'écriture. J'aimerais que l'abstraction de mes œuvres leur apparaisse comme une évolution naturelle de notre patrimoine arabe, et qu'ils comprennent comment, à mes yeux, la nature se fait témoin privilégié de l'histoire », conclut-elle avec douceur. «Et par-dessus tout, j'espère qu'ils en éprouveront du plaisir.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com