Les divas arabes s’exposent à Paris

L’exposition événement Divas arabes, d’Oum Kalthoum à Dalida devait ouvrir ses portes au mois de mai 2020. Photo Anne Ilcinkas
L’exposition événement Divas arabes, d’Oum Kalthoum à Dalida devait ouvrir ses portes au mois de mai 2020. Photo Anne Ilcinkas
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Publié le Vendredi 04 juin 2021

Les divas arabes s’exposent à Paris

  • L’exposition événement Divas arabes, d’Oum Kalthoum à Dalida devait ouvrir ses portes au mois de mai 2020
  • Arab News en français a pu visiter en avant-première ces quelque 1000 m2 consacrés aux divas arabes, que le grand public aura l’occasion de découvrir dans quelques semaines

PARIS : Elles attendent leur public depuis bientôt un an, à l’abri des murs de l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris. Aujourd’hui, le lever de rideau est proche, avec l’annonce de la réouverture des lieux culturels fermés depuis de long mois en raison de la pandémie. Oum Kalthoum, Dalida, Sabah, Fayrouz ou Warda pourront de nouveau briller de mille feux et transporter le public grâce à la beauté de leurs voix.

L’exposition événement Divas arabes, d’Oum Kalthoum à Dalida devait ouvrir ses portes au mois de mai 2020. Le confinement et les restrictions sanitaires mis en œuvre pour contenir l’épidémie de Covid-19 en ont décidé autrement: pendant de long mois, les centaines de pièces de collection, inédites, sont restées à l’abri chez la trentaine de collectionneurs et d’artistes contemporains à qui elles appartiennent.

Arab News en français a pu visiter en avant-première ces quelque 1000 m2 consacrés aux divas arabes, que le grand public aura l’occasion de découvrir à partir du 19 mai.

 

Dès l’entrée, le visiteur est transporté dans les rues du Caire dans les années 1920. Les tramways, les hommes en galabieh, les cafés semblent surgir d’un temps révolu tandis que les voix d’Oum Kalthoum, de Dalida, de Sabah ou de Fayrouz emplissent l’espace. «Nous avons voulu que la musique soit libre, pas dans des casques, car l’écoute était faite en communauté. C’était une expérience collective, une communion, une transe parfois, comme dans les concerts d’Oum Kalthoum», explique Élodie Bouffard, la commissaire de l’exposition, qui souhaite ainsi que les visiteurs fredonnent tous ensemble ces grands airs indémodables tout en parcourant l’exposition.

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79. Vinyle de Fayrouz à Baalbeck « Ya amar ana wiyak / Ma fi hada » 1960, Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde © Abboudi Bou Jawde

Cette dernière est divisée en quatre grandes parties. La première est consacrée aux pionnières des années 1920-1930; des femmes visionnaires et avant-gardistes qui ont ouvert la voie et ont permis aux grandes divas d’être ce qu’elles ont été. «Il était fondamental pour nous de présenter les divas oubliées, les pionnières, celles qui ont participé à la mise en place d’une société du divertissement, à la construction de la musique populaire, à l’avancée de la radio, à la mise en place du cinéma», précise Élodie Bouffard.

À l’époque, Le Caire est le centre de gravité de la vie intellectuelle du monde arabe. La capitale attire les artistes venus de tout le Moyen-Orient. On y trouve ainsi Rose al-Youssef, dont le vrai prénom est Fatma. Née au Liban, elle devient une figure emblématique de la presse et du théâtre égyptiens de l’entre-deux-guerres et fonde le célèbre magazine culturel et politique Rose al-Youssef.

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La partie de l'exposition consacrée à Rose al-Youssef. Photo Anne Ilcinkas

On y croise également Badia Massabni, qui a ouvert les premiers cabarets à Alexandrie et au Caire et a formé les plus grandes danseuses de sharki [danse orientale, NDLR] du monde arabe.

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La partie de l'exposition consacrée à Badia Massabni. Photo Anne Ilcinkas

Mounira el-Mahdeya, quant à elle, est passée maître dans l’art du tarab [émotion esthétique qui est au cœur de la tradition artistique arabe, NDLR]. C’est en outre la première femme musulmane à monter sur les planches, dans la pièce Saladin.

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Portrait de Mounira al-Mahdiyya, Le Caire, circa 1920, New York, The Abushâdy Archive © The Abûshady Archive

Autre figure emblématique, Assia Dagher est une productrice de génie. C’est elle qui a lancé le réalisateur Youssef Chahine et qui a fait connaître la future diva Sabah. En récompense, elle se verra accorder la nationalité égyptienne.

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Assia Dagher en couverture du magazine Al-Kawakeb (Les planètes), Le Caire, 1954, Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde © Abboudi Bou Jawde

«Voir des femmes émancipées et puissantes, qui ont vraiment révolutionné et joué un rôle politique important dans le monde arabe et au-delà, est vraiment important pour les Occidentaux et les Occidentales. Cela donne une autre image de la femme orientale», se félicite Maïa Tahiri, chargée de la communication avec les pays arabes à l’IMA. Un salon féministe cairote a d’ailleurs été reconstitué, avec une bibliothèque intégralement recomposée.

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Portrait de groupe, membres de l’Union Féministe fondée par Hoda Chaaraoui, Circa 1950, Beyrouth, Fondation Arabe pour l’Image, collection Busseina Saleh Younes © The Arab Image Foundation

C’est grâce à ces pionnières que les grandes divas vont pouvoir révéler leur talent. C’est d’ailleurs en passant derrière des rideaux rouges qu’on les découvre, en pénétrant dans leurs loges: d’abord celle d’Oum Kalthoum, avec ses robes de scènes, ses parures, et sa voix qui emplit l’air; puis celle de Warda, dont le fils a prêté nombre d’objets personnels pour l’exposition.

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« Ô nuit Ô temps » (Ah yâ lîl yâ zamân), Réalisé par Ali Rida, avec Warda, Egypte, 1977, Alger, collection Reyad Kesri © Cherif Ben Youcef / collection Reyad Kesri

Seules quelques photographies et enregistrements vidéo nous restent d’Asmahan, cette véritable icône de la modernité, princesse druze, espionne à la vie sulfureuse qui est née sur un bateau, entre Izmir et Beyrouth, et disparaît tragiquement, noyée après un accident de voiture. Fayrouz, fidèle à elle-même, est toujours aussi discrète. Des photos, des affiches et des extraits prêtés par des collectionneurs inconditionnels nous permettent de mieux connaître celle que l’on a surnommée «l’ambassadrice du Liban auprès des étoiles».

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Elias Sarraf, Portrait d’Asmahan, Alexandrie, circa 1930, Beyrouth, Fondation arabe pour l’image, collection Faysal el Atrash © The Arab Image Foundation

Une trentaine de collectionneurs ont collaboré à l’exposition, prêtant des affiches, des photos, des journaux d’époque, des enregistrements audio ou vidéo ou des objets personnels. Ainsi, l’habilleur de Sabah, William Khoury, rencontré par le biais «d’amis d’amis d’amis», a conservé toutes les tenues de scène de la diva libanaise. Élodie Bouffard, à qui il a ouvert les portes de son atelier, en a sélectionné plusieurs.

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Élodie Bouffard devant les tenues que William Khoury a conçues pour Sabah. Photo Anne Ilcinkas

La troisième partie de l’exposition est consacrée à Nilwood, «Hollywood sur le Nil». À cette occasion, le visiteur part sur les traces de Leila Mourad, Faten Hamama, Souad Hosni, Sabah, Tahia Carioca, Samia Gamal, Hind Rostom, Dalida... Cet âge d’or du cinéma égyptien prendra fin dans les années 1970 avec la mort de Nasser, puis, en 1975, avec la disparition d’Oum Kalthoum, et le début de la guerre civile au Liban. «Ce sont des moments de bascule pour les deux pôles culturels que sont Beyrouth et Le Caire. L’industrie culturelle du cinéma et de la culture est aussi confrontée à l’arrivée du petit écran qui consacre la fin des grandes messes populaires, cinéma, radio et théâtre, lors de moments de convivialité, véritable ciment populaire», explique Élodie Bouffard.

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203. Laila Mourad en couverture du magazine « Al-cinéma », Egypte, 1945, Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde © Abboudi Bou Jawde

C’est alors la fin d’une époque, la disparition d’un monde. L’âge d’or est révolu. Aujourd’hui, cependant, de nombreux artistes contemporains s’en inspirent. Cet héritage contemporain est d’ailleurs à l’origine de l’exposition: «Le projet est né il y a environ quatre ans», se souvient Elodie Bouffard. «Pour l’exposition dédiée au hip-hop à l’IMA, nous avions invité des beatmakers venus du pourtour méditerranéen pour créer la bande originale de l’exposition. En échangeant avec eux, nous nous sommes rendu compte que revenaient régulièrement Warda, Oum Kalthoum, Fayrouz. Ils avaient ce patrimoine en commun. Nous avons commencé à gratter le sujet et le livre de Lamia Ziadé Ô nuit, ô mes yeux est sorti juste après. Le beatmaker Wael Kodaih a également présenté avec Randa Mirza, quelques jours après la fin de l’exposition, son projet “Love and Revenge” pour la première fois, un projet dans lequel il mixe des chansons arabes de cette époque.»

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Nabil Boutros expose ses photomontages réalisés à partir de vieux films. Photo fournie.

La dernière partie de l’exposition est ainsi consacrée à ces artistes contemporains qui se réapproprient cet héritage: Lamia Ziadé a réalisé un mur des curiosités à partir de son magnifique ouvrage Ô nuit, ô mes yeux; Nabil Boutros expose ses photomontages réalisés à partir de vieux films; Youssef Nabil entend réhabiliter les danseuses orientales à travers ses photos mises en scènes. Shirin Abu Shaqra, elle, se confronte au thème du temps qui passe, tandis que Shirin Neshat, fascinée par la diva égyptienne surnommée «l’Astre de l’Orient», part à la recherche d’Oum Kalthoum à travers un documentaire.

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Shirin Neshat, Miss Oum Kulthum, 2018, Encre sur tirage couleur © Shirin Neshat. Courtesy Noirmontartproduction

L’exposition se referme sur une œuvre de Wael Kodaih et Randa Mirza qui fait revivre Samia Gamal et ses contemporaines sous forme d’hologrammes, devant les platines des deux DJ, pour une «dernière danse», avant de laisser la place aux «Juifs du monde arabe», la prochaine grande exposition que l’IMA proposera, en principe, au mois de septembre 2021.

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Randa Mirza et Waël Kodeih, Schéma 2D de l’installation La Dernière Danse, 2020 © Randa Mirza et Célia Bonin / Waël Kodeih

 


Comment célébrer la Journée de la fondation 2025 en Arabie saoudite

(fournie)
(fournie)
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  • La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations
  • À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique

La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations.

Les festivités prévues pour la Journée de la Fondation de cette année mettront en valeur le patrimoine saoudien à travers la musique, les arts et les spectacles.

Principaux événements de la Journée de la fondation 2025

Les Nuits de la Fondation présenteront des concerts musicaux et poétiques avec d'éminents artistes saoudiens au théâtre Mohammed Abdu, au boulevard Riyad, le 22 février.

À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique. Djeddah accueillera des parades maritimes, des marchés du patrimoine et des salons nautiques. À Médine, des expositions d'art et des séminaires culturels sur l'histoire du Royaume seront organisés, tandis qu'à Dammam, les visiteurs pourront assister à des spectacles folkloriques et à des séances de cinéma en plein air.

Spectacles musicaux

Plusieurs soirées musicales ajouteront à l'atmosphère de fête. Le 21 février, Mohammed Abdu jouera "Suhail Night" à l'arène Mohammed Abdu.

Le 22 février, Abdul Majeed Abdullah interprétera des chansons nationales à la Mohammed Abdu Arena.

En outre, le 22 février, un spectacle orchestral mettant en vedette l'orchestre et le chœur nationaux saoudiens sera suivi par des jeux de lumière et de son qui mettront en lumière la riche histoire du Royaume.

À Djeddah, les célébrations au musée Tariq Abdulhakim, du 20 au 22 février, offriront une atmosphère familiale remplie d'activités patrimoniales, artistiques et culturelles.

À Diriyah, une "expérience interactive 850" permettra aux visiteurs d'explorer les événements clés de l'histoire du Royaume, avec des activités immersives à l'intérieur et à l'extérieur.

Le Centre du roi Abdulaziz pour la culture mondiale (Ithra), à Dhahran, marquera la Journée de la fondation par une célébration de trois jours, du 20 au 22 février, avec des ateliers interactifs, des spectacles et de l'artisanat traditionnel.

La place accueillera des concerts de oud et d'autres activités, dont un photomaton où les visiteurs pourront se faire photographier en tenue traditionnelle.

Des maîtres artisans présenteront l'art complexe du tissage du bisht, et il y aura des activités éducatives, de la musique folklorique et des danses d'épée saoudiennes Ardah.

Le centre accueille les visiteurs de 16 à 23 heures.

La Commission des musées organise les célébrations de la Journée de la fondation au Musée national saoudien du 21 au 23 février. Cet événement propose des activités interactives, des programmes culturels et des spectacles.

Johnson Controls Arabia organise une soirée de célébration de la fondation le 21 février dans la maison historique Al-Sharbatly à Al-Balad, Djeddah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad revêt sa couleur verte pour honorer la Journée de la fondation

C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
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  • Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui
  • La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux

RIYAD : C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume est orné de drapeaux nationaux.

Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui pour célébrer le quatrième jour de fondation de l'Arabie saoudite.

La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux, transformant ainsi la capitale en un véritable océan de vert. Les drapeaux, qui représentent à la fois le premier État saoudien et le Royaume moderne, ont été accrochés stratégiquement sur les mâts des routes principales, les places, les ponts, les intersections et les lampadaires, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

L'emplacement a été soigneusement planifié pour assurer une harmonie esthétique avec le paysage de la ville et a été installé en toute sécurité par des moyens mécaniques. Les drapeaux ont été placés en toute sécurité à l'aide de moyens mécaniques. La variété des tailles permet de voir clairement les drapeaux.

Des équipes spécialisées sur le terrain ont suivi un calendrier strict pour réaliser les installations de manière efficace, en donnant la priorité à la sécurité, à la durabilité et à l'entretien régulier tout au long des célébrations.

Ces efforts reflètent l'engagement de la municipalité de Riyad à mettre en valeur l'identité nationale et à améliorer le paysage urbain, conformément aux objectifs de la Vision 2030 visant à améliorer l'attrait visuel de la capitale et à mettre en valeur le patrimoine du Royaume.
Les monuments, y compris les bâtiments ministériels, ont été décorés de lumières vertes vendredi, à la veille de la Journée de la fondation, tandis que des événements spéciaux organisés dans toute la région comprendront des feux d'artifice et des spectacles folkloriques traditionnels.

"Nous vous invitons à assister aux événements organisés par la municipalité de Riyad dans 47 municipalités au sein des gouvernorats et des centres de la région, dans plus de 47 lieux, pour profiter d'événements animés, d'activités de qualité, de divers domaines et de participations", a écrit la municipalité de Riyad sur le site X.

Abdullah Ahmed, un habitant de la capitale, a félicité l'autorité pour ses efforts visant à faire de la Journée de la fondation une occasion spéciale.

"Je suis vraiment reconnaissant à Allah tout-puissant de nous avoir accordé la sécurité, alors que nous vivons dans une solidarité et une paix totales. Nous avons la chance d'avoir un bon leadership avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, et nous avons la chance d'avoir l'imam Mohammed ben Saud comme fondateur du premier État saoudien en 1727," a-t-il affirmé à Arab News.

Le Royaume moderne a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhane, en tant que souverain de la ville-État de Diriyah. C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré chaque année à l'occasion de la Journée de la fondation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com