ALGER : Un journaliste algérien a été inculpé lundi et écroué pour diffusion de fausses informations pouvant porter "atteinte à la sécurité publique" après un article sur un mouvement de protestation des Touaregs dans le grand sud de l'Algérie, selon une association de solidarité avec les détenus d'opinion.
Rabah Karèche, correspondant du quotidien francophone Liberté à Tamanrasset, a été "placé sous mandat de dépôt" après son audition par un juge d'instruction du tribunal de cette ville du Sahara algérien, a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Le journaliste de Liberté a été présenté à la justice après avoir passé la nuit de dimanche à lundi en garde à vue au commissariat central de Tamanrasset, selon l'édition web de Liberté.
Il avait été convoqué par la police dimanche à la suite de la publication le jour même d’un article détaillé sur une manifestation des Touaregs de l'Ahaggar, dans la même région, qui protestaient contre un "nouveau découpage territorial".
Rabah Karèche, un journaliste expérimenté établi de longue date à Tamanrasset, avait notamment rapporté que les habitants de cette région dénonçaient "l'expropriation de leurs terres au profit" des wilayas (préfectures) de Djanet et d'Illizi, nouvellement créées dans le sud du pays, à la faveur d'un nouveau découpage territorial.
Les populations touarègues de l'extrême sud de l'Algérie, berbérophones, dénoncent régulièrement leur marginalisation économique et sociale au sein d'un Etat très centralisé.
Selon le CNLD, M. Karèche est accusé de "création et gestion d'un compte Facebook pour publication d'informations ayant pour but le racisme et la haine dans la société", de "publication et diffusion au public de fausses informations pouvant porter atteinte à la sécurité et ordre public" et de "travailler avec n'importe quel moyen pour attenter à l'unité nationale".
Une réforme du code pénal adoptée l'année dernière criminalise la diffusion de "fausses nouvelles (fake news)" qui portent "atteinte à l'ordre public".
Leurs auteurs sont passibles de un à trois ans de prison, voire le double en cas de récidive, selon le nouveau texte qui a été critiqué par les organisations de défense de la liberté de la presse.