PARIS: L'ambassadrice du Gabon en France Liliane Massala a déposé plainte pour «menaces» après la diffusion d'une vidéo dans laquelle un homme appelait à s'en prendre à elle, a indiqué samedi l'un de ses avocats, confirmant une information du Parisien.
«Les menaces proférées par cette personne ont été vécues comme choquantes par Mme Liliane Massala», qui «entend refuser les menaces de violences qui la visent», est-il écrit dans la plainte déposée mardi auprès du procureur de Paris par Me Martin Pradel et Georges-Jean Betto, avocats de l'ambassadrice.
Dans une vidéo d'un peu plus de 24 minutes, publiée le 21 octobre sur la chaine Youtube d'un journaliste gabonais en exil et opposant au régime, un homme s'adresse directement à Mme Massala.
«Je viens t'annoncer la bonne nouvelle, la résistance viendra te souhaiter la bienvenue à Paris (...) Tu viens représenter la junte au pouvoir, un régime dictatorial», annonce l'auteur.
«Si on touche un cheveu des Gabonais, tu nous verras à l'ambassade», ajoute-t-il, précisant connaître l'adresse personnelle de Mme Massala.
«Celui qui t'a nommée à Paris t'a envoyée au casse pipe. On va s'occuper de toi copieusement (...) Ce ne sera pas méchant, mais ce sera pour exprimer notre ras-le-bol (...) Tu vas devoir coopérer avec nous, si tu ne coopères pas, tant pis pour toi», dit-il à Mme Massala, ancienne conseillère de l'ex-chef de l'Etat Omar Bongo.
«Nous apportons notre entier soutien à notre ambassadeur», a déclaré Jessye Ella Ekogha, porte-parole de la présidence gabonaise. «Les propos tenus particulièrement violents, sont proprement inadmissibles et condamnables. Il est intolérable qu'aujourd'hui, en France, des personnes puissent se sentir investies d'un tel sentiment d'impunité qu'elles en viennent à proférer des insultes et voir même des menaces d'agression. (...) Nous déplorons à regret que malgré des plaintes déposées sur de telles affaires, aucune suite judiciaire n'ait été donnée. Il est désormais grand temps que tout cela ne cesse. Vraiment», a-t-il poursuivi.
«L'individu filmé menace directement et nommément Mme Liliane Massala, en particulier si elle ne se comporte pas comme le souhaite le groupe “La Résistance”», faisant notamment allusion à «une prise d'otage», est-il indiqué dans la plainte.
«Je suis profondément attachée à la liberté d'expression que je respecte, mais je ne saurais tolérer ni le sexisme, ni la menace, encore moins la violence», a réagi Mme Massala, nommée ambassadrice du Gabon en France le 3 septembre.
Dans la plainte, il est rappelé que des manifestants avaient envahi et dégradé l'ambassade gabonaise, située dans le XVIe arrondissement de Paris, en juin 2018. Ils avaient piétiné la photo du président, Ali Bongo, dont la réélection en 2016 avait entrainé des émeutes au Gabon.