Netanyahu soutenu par davantage de députés, mais les tractations continuent

«C'est ce dont le pays a besoin maintenant», a déclaré M. Lapid. «Les Israéliens ont besoin de voir que leurs dirigeants peuvent travailler ensemble». (Photo, AFP)
«C'est ce dont le pays a besoin maintenant», a déclaré M. Lapid. «Les Israéliens ont besoin de voir que leurs dirigeants peuvent travailler ensemble». (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 06 avril 2021

Netanyahu soutenu par davantage de députés, mais les tractations continuent

  • Le Likoud jouit du plus grand nombre de sièges au Parlement mais ce résultat, combiné à celui de ses alliés naturels, ne lui assure pas le seuil de 61 sièges requis pour être désigné
  • Dans le camp des anti-Netanyahu, déterminés à chasser le Premier ministre également inculpé pour corruption, 45 députés ont recommandé le centriste Yaïr Lapid

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont le procès pour corruption a repris lundi, a reçu le plus de recommandations de la part de députés en vue de la formation d'un nouveau gouvernement, mais il n'est pas pour autant assuré d'être reconduit à son poste.

Deux semaines après les élections législatives du 23 mars, les quatrièmes en moins de deux ans, le président Reuven Rivlin a entamé lundi les discussions avec des responsables de chaque parti élu au Parlement, la Knesset.

Chaque formation a dû lui recommander une personne qui aura la lourde tâche de former une nouvelle équipe ministérielle, dans un pays où les élections se succèdent faute de coalition stable.

Le parti de droite de M. Netanyahu, le Likoud, jouit du plus grand nombre de sièges au Parlement (30 sur 120) mais ce résultat, combiné à celui de ses alliés naturels, ne lui assure pas le seuil de 61 sièges requis pour être désigné.

Avec les partis ultra-orthodoxes et la formation d'extrême droite «Sionisme religieux», il a obtenu lundi 52 recommandations.

Gideon Saar, un frondeur du Likoud et ancien ministre de M. Netanyahu, s'est abstenu de recommander qui que ce soit, tout comme celui qui avait créé la surprise aux législatives, le parti islamiste Raam de Mansour Abbas qui a remporté quatre sièges.

M. Abbas négociera avec la personne désignée par le président, a-t-il fait savoir.

Dans le camp des anti-Netanyahu, déterminés à chasser le Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël également inculpé pour corruption, 45 députés ont recommandé le centriste Yaïr Lapid, chef du parti Yesh Atid.

Promouvant le «changement» et malgré leurs différends idéologiques, M. Lapid a proposé à M. Bennett, chef de la droite radicale, de mettre sur pied un gouvernement d'union basé sur une rotation: M. Bennett, dont le parti Yamina a obtenu sept sièges, serait Premier ministre en premier, avant M. Lapid.

«C'est ce dont le pays a besoin maintenant», a déclaré M. Lapid. «Les Israéliens ont besoin de voir que leurs dirigeants peuvent travailler ensemble».

M. Bennett, resté silencieux toute la journée, n'a pas commenté dans l'immédiat cette main tendue.

Crise

Le président Rivlin a récemment sous-entendu que les calculs de sièges pourraient ne pas être le seul facteur déterminant et qu'il nommerait un candidat capable de former un gouvernement qui «guérira les divisions (...) et reconstruira la société».

«Des coalitions hors du commun» pourraient être nécessaires pour sortir de l'impasse, a-t-il ajouté.

Selon un communiqué de son bureau, le président israélien annoncera mardi son choix du candidat devant former une coalition. 

Habituellement, le candidat désigné dispose de 28 jours pour former un gouvernement, délai qui peut être allongé de 14 jours.

Si aucun des deux camps n'arrive à former une coalition, de nouvelles élections pourraient être convoquées, prolongeant la crise.

«Chasse à l'homme»

Outre la saga politique, s'est ouvert lundi un nouveau volet de la saga judiciaire qui anime Israël, avec le retour de M. Netanyahu devant le tribunal.

Premier chef de gouvernement de l'histoire d'Israël à faire face à des accusations criminelles en cours de mandat, M. Netanyahu est accusé de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires, des charges qu'il nie fermement.

Il «a usé de façon illégitime du grand pouvoir gouvernemental qui lui est conféré, entre autres pour demander et obtenir des avantages injustifiés de propriétaires de médias importants en Israël, pour faire avancer ses affaires personnelles, notamment quand il voulait se faire réélire», a affirmé la procureure principale, Liat Ben-Ari.

M. Netanyahu a réagi dans une déclaration télévisée aux accusations de Mme Ben-Ari estimant justement que c'est le bureau du procureur qui avait «usé de façon illégitime du pouvoir qui lui a été conféré», reprenant les termes exacts de la procureure à l'ouverture de l'audience.

Il a accusé le procureur de «chasse à l'homme» et de «tentative de putsch» dans son réquisitoire contre Mme Ben-Ari.

Premier témoin a avoir été entendu par les juges, l'ancien directeur général du site d'informations Walla, Ilan Yehoshua, a affirmé qu'il avait notamment été demandé à son équipe de publier des articles contre les principaux rivaux de M. Netanyahu, dont Naftali Bennett.

«Il était clair que nous étions un site internet qui faisait ce que le bureau du Premier ministre nous disait de faire», a affirmé M. Yehoshua.

Dans l'immédiat, le procès de M. Netanyahu ne menace pas ses ambitions puisqu'il n'aurait à démissionner qu'en cas de condamnation définitive, et l'épuisement de tous les recours pourrait prendre des années.


Le désarmement du Hezbollah est une question "délicate", souligne le président libanais

Une photo fournie par les forces armées libanaises le 20 avril 2025 montre des armes qui, selon l'armée, ont été saisies après la perquisition d'un appartement dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban. L'armée a déclaré le 20 avril que ses forces avaient confisqué des roquettes et des lanceurs dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban, et arrêté un certain nombre de personnes en raison d'un projet de tir en direction du territoire tenu par Israël, sans préciser si les personnes arrêtées étaient affiliées à un groupe quelconque. (Photo de l'armée libanaise / AFP)
Une photo fournie par les forces armées libanaises le 20 avril 2025 montre des armes qui, selon l'armée, ont été saisies après la perquisition d'un appartement dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban. L'armée a déclaré le 20 avril que ses forces avaient confisqué des roquettes et des lanceurs dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban, et arrêté un certain nombre de personnes en raison d'un projet de tir en direction du territoire tenu par Israël, sans préciser si les personnes arrêtées étaient affiliées à un groupe quelconque. (Photo de l'armée libanaise / AFP)
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  • M. Aoun a fait cette déclaration après que le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de deux personnes dans de nouvelles attaques israéliennes dans le sud du pays, malgré la trêve en vigueur entre Israël et le Hezbollah.
  • M. Aoun a fait cette déclaration après que le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de deux personnes dans de nouvelles attaques israéliennes dans le sud du pays, malgré la trêve en vigueur entre Israël et le Hezbollah.

BEYROUTH : Le président libanais, Joseph Aoun, a qualifié dimanche le désarmement du Hezbollah de question « délicate », avertissant que l'imposer par la force pourrait conduire le pays à la « ruine ».

M. Aoun a fait cette déclaration après que le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de deux personnes dans de nouvelles attaques israéliennes dans le sud du pays, malgré la trêve en vigueur entre Israël et le Hezbollah.

Le monopole étatique des armes est une « question sensible, délicate et fondamentale pour la préservation de la paix civile », a déclaré M. Aoun à des journalistes, soulignant qu'elle devait être abordée avec « discernement et responsabilité ».

« Nous le mettrons en place, mais il faut d'abord que les circonstances le permettent », a-t-il assuré. Personne ne parle de calendrier ou de pression. »

« Les questions intérieures controversées ne peuvent être abordées que dans un esprit de dialogue et de concertation, sans confrontation. Sinon, nous mènerons le Liban à la ruine », a-t-il mis en garde. 

Le Hezbollah pro-iranien, longtemps force dominante au Liban, est sorti affaibli de plus d'un an d'hostilités avec Israël, dont deux mois de conflit ouvert, déclenchées par la guerre à Gaza.

« Le Hezbollah ne permettra à personne de le désarmer », a affirmé vendredi son secrétaire général, Naïm Qassem, alors que Washington, grand allié d'Israël, fait pression sur Beyrouth pour cela.

Il s'est dit prêt à engager un « dialogue » voulu par l'État libanais sur une « stratégie de défense », « mais pas sous la pression de l'occupation et de l'agression israéliennes. 

Israël  poursuit ses attaques au Liban, ciblant le Hezbollah, en dépit du cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre. Le pays occupe toujours cinq positions qu'il juge « stratégiques » dans le sud du pays.

Dimanche encore, le ministère de la Santé a fait état d'un raid israélien « contre un véhicule à Kaouthariyet al-Saiyad », entre les villes méridionales de Saïda et Tyr, qui a fait un mort et deux blessés.

Peu après, il a annoncé qu'une attaque séparée de l'« ennemi israélien » sur « une maison à Houla », à proximité de la frontière, avait fait un mort.

L'armée israélienne ne s'est pas exprimée dans l'immédiat sur ces attaques.

Vendredi, un autre haut responsable du Hezbollah avait affirmé que le mouvement refuserait toute discussion sur la remise de ses armes tant qu'Israël ne se serait pas totalement retiré du Liban. 

Morgan Ortagus, émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, a récemment déclaré que le désarmement du Hezbollah devait se faire dans les meilleurs délais.

L'accord de trêve prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, ainsi que le retrait total des forces israéliennes d'une trentaine de kilomètres au sud.

L'armée libanaise a entamé ces derniers mois son déploiement dans le sud, près de la frontière avec Israël, parallèlement au retrait israélien et au démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah.

Dimanche, elle a indiqué y avoir saisi des roquettes et leurs lanceurs dans la région de Saïda-Zahrani, et arrêté plusieurs personnes soupçonnées de préparer des tirs vers des zones sous contrôle israélien, sans préciser leur obédience.

Mercredi, elle avait indiqué avoir interpellé plusieurs suspects de tirs de roquettes vers Israël le mois dernier, parmi lesquels, selon un responsable de la sécurité, trois membres du Hamas palestinien.

 


Gaza: la Défense civile annonce 25 morts dans des frappes israéliennes dimanche

Des personnes en deuil font leurs adieux à un enfant palestinien tué lors d'une frappe israélienne, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 avril 2025. (Photo par AFP)
Des personnes en deuil font leurs adieux à un enfant palestinien tué lors d'une frappe israélienne, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 avril 2025. (Photo par AFP)
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  • La Défense civile palestinienne a annoncé dimanche que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins 25 morts, dont des femmes et des enfants, depuis le début de la journée dans la bande de Gaza.
  • Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne, puis terrestre, contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : La Défense civile palestinienne a annoncé dimanche que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins 25 morts, dont des femmes et des enfants, depuis le début de la journée dans la bande de Gaza.

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne, puis terrestre, contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

Samedi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré être déterminé à poursuivre le conflit et a rejeté les « diktats » du Hamas.

« Depuis l'aube, les frappes aériennes de l'armée israélienne ont tué 20 personnes et en ont blessé des dizaines d'autres, dont des enfants et des femmes, dans toute la bande de Gaza », a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile.

Dans un communiqué, cette organisation de secours a ensuite fait état de cinq morts dans une frappe de drone sur un groupe de civils dans l'est de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Selon M. Netanyahu, seule une pression militaire permettra le retour des otages encore détenus à Gaza.

« Nous sommes dans une phase décisive du conflit, et cette étape exige de la patience et de la détermination », a-t-il affirmé samedi, en excluant de retirer les troupes israéliennes du territoire comme l'exige le Hamas.

 


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».