PARIS: Johnny, Notre-Dame, Dany Boon, Omar Sy: Netflix dégaine l'artillerie française en 2021 avec près de 30 nouvelles productions portées par de grands noms populaires et de nouveaux talents tricolores, sur fond de nouvelles obligations de financement.
Après avoir donné « un coup d'accélérateur » avec une vingtaine de productions françaises l'an dernier, 2021 sera l'année de « l'ancrage créatif et culturel en France », promet le géant du streaming vidéo, avec 27 films, séries et documentaires produits ou lancés.
« Nos abonnés veulent avant tout des histoires dans lesquelles ils se reconnaissent », a expliqué Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Netflix en France, lors d'une conférence de presse mardi.
Outre des partenariats avec des écoles et associations « pour identifier les talents de demain et favoriser une plus grande diversité », Netflix a étoffé ses équipes françaises, explique-t-elle.
Notamment en allant piocher chez son concurrent Canal+. Pierre Saint-André, ancien directeur adjoint de la fiction française, a ainsi rejoint la plateforme.
Si le « style français » fait mouche auprès des abonnés de Netflix -- 70 millions de foyers dans le monde ont vu en 28 jours »Lupin » avec Omar Sy -- cette montée en puissance du »made in France » aidera aussi la plateforme à remplir ses nouvelles obligations européennes.
A terme (le décret d'application n'est pas encore paru), les plateformes devront proposer au moins 30% d'œuvres européennes dans leurs offres.
« Nous nous rapprochons de plus en plus de cet objectif », poussés « par toutes nos implantations à Madrid, en Italie, en Allemagne », a confirmé Mme Dauba-Pantanacce.
Grand public et jeunesse
Sur les séries, après avoir fait la part belle à des genres comme l'épouvante (Marianne) ou le fantastique (La Révolution), Netflix veut se concentrer en 2021 »sur des propositions plus fédératrices et plus grand public ».
Au programme, trois séries phares: « Disparu à jamais », l'adaptation française du polar d'Harlan Coben par David Elkaïm et Vincent Poymiro, les scénaristes de « En Thérapie », portée notamment par Finnegan Oldfield et Nicolas Duvauchelle.
Mais aussi « La part du feu », une fiction qui retracera la nuit de l'incendie de Notre-Dame-de-Paris et « Johnny by Johnny », une série documentaire qui reviendra sur « l'idole des jeunes ».
Actuellement en tournage, deux autres séries prévues pour 2022: « Les Sept Vies de Léa », une série adolescente « lumineuse » plongée dans les années 90 avec Mélanie Doutey, Raïka Hazanavicius, et Samuel Benchetrit; et « Bendo » écrite par l'humoriste Nawell Madani.
Côté cinéma, même cap sur le grand public, à base d'action et de comédies, un cocktail qui déjà fait ses preuves avec deux cartons: « Bronx », d'Olivier Marchal, un film d'action policier prévu pour les cinémas mais racheté par la plateforme, et « Balle Perdue » de Guillaume Pierret, sur fond de combats et de course-poursuites.
Tous deux ont cumulé plus de 37 millions de vues dans le monde au cours de leur premier mois d'exploitation, une performance que la plateforme attribue au cinéma « à la française »: moins d'effets spéciaux et plus de travail sur les personnages et les intrigues qu'à Hollywood, selon elle.
Souhaitant capitaliser sur ces succès, la plateforme annonce trois nouvelles productions maison, dont la suite de « Balle Perdue », qui devient ainsi sa première « franchise » cinéma française.
La plateforme parie sur une autre suite, celle de la comédie policière « De l'Autre Côté du périph' » (2012), avec Laurent Laffite et Omar Sy. S'y ajoutent « A tombeau ouvert », remake d'un thriller coréen de 2014, « A Hard Day », un premier film avec Franck Gastambide et Simon Abkarian.
S'ajoutent d'autres gros projets, déjà annoncés: « Bigbug » de Jean-Pierre Jeunet, le prochain Dany Boon, « 8 rue de l'Humanité », sur le confinement (fin 2021) et le retour de Jean-Claude Van Damme dans une comédie d'action, « Le dernier mercenaire ».
Le géant du streaming entend élargir dans les prochaines années le spectre des films français qu'il produit en offrant une rampe de lancement à de jeunes acteurs et réalisateurs. D'autant plus alléchante pour eux, au vu du marasme dans lequel le virus a plongé la production traditionnelle française.