En Tunisie, une jeunesse sous surveillance

La police arrête une manifestante, le 19 janvier à Tunis (Photo, AFP).
La police arrête une manifestante, le 19 janvier à Tunis (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 21 mars 2021

En Tunisie, une jeunesse sous surveillance

  • Des centaines d'habitants de quartiers populaires dans le pays, dont de nombreux mineurs, ont été interpellés lors de protestations en janvier
  • Des jeunes militants mobilisés contre cette répression, ont également été arrêtés récemment

TUNIS: « J'ai déménagé trois fois ces derniers mois, j'ai arrêté d'aller voir certains amis pour ne pas les mettre en danger » : Hamza Nasri, un militant tunisien de 27 ans, vit dans le viseur de la police après avoir participé à plusieurs manifestations.

Dix ans après la révolution qui a mis fin à un régime policier et instauré une liberté d'expression sans précédent, Hamza s'inquiète de voir la jeune démocratie tunisienne faire « demi tour », sous l'effet de systèmes sécuritaires et judiciaires peu réformés.

Des centaines d'habitants de quartiers populaires dans le pays, dont de nombreux mineurs, ont été interpellés lors de protestations en janvier, et des jeunes militants mobilisés contre cette répression, ont également été arrêtés récemment. 

Hamza a passé deux fois 48 heures en garde à vue en décembre et janvier après des manifestations antigouvernementales à Tunis.

Blocage d'une route, atteinte à la pudeur, outrage à agent : cet étudiant en droit est sous le coup de quatre procès et encourt plus de trois ans de prison. 

« Si je suis condamné à plus de six mois, la peine sera inscrite à mon casier judiciaire, et je peux dire adieu à mes rêves de devenir avocat », s'inquiète-t-il. Son procès est prévu fin mai. 

Il est d'autant plus préoccupé qu'une autre militante, Rania Amdouni, proche comme lui de l'association Damj qui défend le droit des minorités sexuelles, vient d'être condamnée à six mois de prison pour avoir insulté des policiers.

En appel, elle a finalement été condamnée à 200 dinars d'amende et libérée après une forte mobilisation d'association et personnalités.

« Epée de Damoclès »

« Ces arrestations mettent une véritable épée de Damoclès au-dessus de nos têtes », a souligné Mehdi Barhoumi, un trentenaire expert en droits et gouvernance, arrêté chez un ami et incarcéré deux jours pour avoir critiqué en privé la place grandissante des syndicats de police.

Il dénonce « le tournant sécuritaire alarmant que connaît la Tunisie dans sa réponse aux mouvements sociaux », soulignant que cette gestion sécuritaire est déjà très répandue dans les quartiers populaires.

Selon une étude menée en 2020 par l'ONG où il travaille, International Alert, dans trois quartiers marginalisés en Tunisie, 17% des habitants de 18 à 34 ans ont indiqué avoir été arrêtés durant l'an écoulé. Beaucoup de ces arrestations sont entachées d'irrégularités selon l'ONG.

« La vie d'un jeune en Tunisie, c'est d'essayer d'éviter au maximum la police », abonde Ahmed Ghram, étudiant en philosophie incarcéré 15 jours en janvier pour un statut Facebook critiquant les inégalités face à la loi. 

Pourtant, si la police a reçu récemment équipements et véhicules flambants neufs, elle ne jouit plus du pouvoir discrétionnaire que lui conférait le régime de Zine el Abidine Ben Ali.

« On a changé », souligne Hasna Ben Slimane, porte-parole du gouvernement. Il y a davantage de « professionnalisme » parmi les forces de l'ordre, un guide a été publié pour améliorer le respect des lois, et « on agit pour changer en profondeur dans les pratiques », assure-t-elle, même si les réformes « n'ont pas eu la vitesse attendue ».

Le droit de manifester est consacré par la Constitution, des unités formées au maintien de l'ordre ont su faire preuve de retenue face aux provocations de certains manifestants, les abus sont médiatisés et dénoncés.

« Impunité »

Mais les mauvaises habitudes persistent en raison de l'impunité, estime Oula Ben Nejma, vice-présidente de l'organisation de réforme pénale et sécuritaire : « on n'a toujours pas connu un procès où des policiers ont été pénalisés pour des débordements ».

Pour un vrai changement, « il faut également des magistrats vigilants » face aux soupçons d'abus, souligne Mohamed Ben Sellem, juge à la retraite.

Après un vent de changement, les acteurs hostiles aux réformes -syndicats de police, réseaux d'influence dans la justice...- reviennent sur le devant de la scène, explique Amine Gharbi, directeur du centre Kawakibi pour la transition démocratique, estimant toutefois peu probable un retour à « un Etat policier systémique ».

Ces réticences à améliorer l'Etat de droit viennent notamment de fonctionnaires soucieux de préserver avantages et passe droits.

Pour l'expert Haykel Mahfoudh, la principale source d'espoir est une nouvelle génération d'officiers de police qui ont grandi en démocratie. Ils « ont intégré certaines notions de gouvernance », souligne-t-il. « Il y a une dimension citoyenne dans leur conception de choses ».


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.