Un large mouvement populaire et un foudroyant sursaut de dignité du peuple algérien inaugurent l’année 2019, visant à se réapproprier son destin longtemps confisqué. Il amorce une dynamique historique et ouvre une perspective salutaire : la révolution pacifique.
L’émergence de ce mouvement est, en fait, l’expression d’une révolte pacifique, parfaitement légitime contre un système qui n’a rien à offrir au peuple et contre la modernité inachevée, tronquée et trompeuse qui l’accompagne depuis le mouvement de libération national.
Le peuple algérien, depuis, affiche d’une façon émouvante son aptitude collective à accepter le progrès le plus audacieux et revendique, ainsi, son aspiration à vivre dans une société moderne. Il s’agit, en effet, d’un mouvement inédit, l’exemple rarissime qu’ait connus l’histoire contemporaine de l’Afrique du Nord, et, est qui devenu, depuis, le lieu commun du peuple algérien.
Si beaucoup ont mis le doigt sur la part considérable d’inspiration, d’énergie et de disponibilité positive qu’il soulève et suscite au sein des masses populaires, très peu ont écrit sur ses insuffisances, les dangers de dévoiement et de récupération qu’il court. Nous sommes, en effet, entrés dans une phase de renaissance des résistances et des flux des luttes d’émancipation dont il nous faut être attentifs pour analyser les directions et les chances de son développement et de son aboutissement. Pour mieux la comprendre et évaluer son impact, nous devons l’envisager sur la longue durée et analyser, ainsi, sa composante et ses rapports avec le système et sa périphérie.
L’erreur fatale du régime est de croire que l’émergence de ce mouvement historique revendiquant une nouvelle république basée sur la restauration de la démocratie véritable, la justice sociale et la souveraineté nationale est la résultante de l’irruption sur la scène nationale d’un peuple culturellement et politiquement arriéré, immature, manipulé, incapable donc de comprendre la portée politique et historique d’un impératif changement. D’ailleurs, cette propagande largement diffusée et relayée par les médias inféodés au système est fondée sur le préjugé que seul le régime peut changer les choses.
Il suffit, pourtant, d’un rétrospectif historique pour se rendre à l’évidence que ni le système ni les islamistes ne veulent de modernité et de démocratie pour notre pays. Leur objectif exclusif est de faire avorter le mouvement démocratique pleinement assumé et fortement revendiqué par le peuple et, à cette fin, perpétuer à jamais la soumission de l’Algérie aux forces conservatrices et rétrogrades. On comprend mieux alors que le conflit géostratégique principal de cette révolution soit porté sur cette voie.
Voilà pourquoi la lutte pour la démocratisation laïque prend aujourd’hui une dimension décisive dans le mouvement actuel qui oppose la perspective d’une émancipation du peuple algérien à celle du conservatisme et de l’islamisme politique. La duplicité cynique du discours du système sert parfaitement ses objectifs, et son soutien de fait à l’islamisme politique pense annihiler les capacités de la société algérienne à être au diapason du monde moderne.
NDLR: Mosaïque est une revue de presse qui offre au lecteur un aperçu sélectif et rapide des sujets phares abordés par des quotidiens et médias de renommée dans le monde arabe. Arab news en Français se contente d’une publication très sommaire, revoyant le lecteur directement vers le lien de l’article original. L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.