LONDRES: Une croix construite à partir de l’épave d'un bateau de réfugiés qui a chaviré en Méditerranée tournera dans les musées et galeries anglais plus tard cette année pour encourager le débat sur la migration.
L'œuvre a été réalisée par un menuisier sur l'île italienne de Lampedusa, près de la Tunisie. Elle a été acquise par le British Museum il y a cinq ans.
La croix sera prêtée par le musée aux galeries de Manchester, Hastings, Derby, Ipswich, Bristol et Rochester.
Les expositions où on pourra voir la croix, présenteront également le travail de l'artiste d'origine syrienne Issam Kourbaj, dont la série «Dark Water, Burning World» comprend 12 bateaux miniatures remplis d'allumettes brûlées évoquant les migrants.
La croix a été construite suite à la tragédie méditerranéenne de 2013. Un navire transportant 466 personnes de Somalie et d'Érythrée a pris feu, chaviré et coulé près de Lampedusa.
Parmi les passagers à bord, 311 personnes se sont noyées. Les habitants de l'île voisine ont nourri et habillé les survivants, logés dans une église locale.
Francesco Tuccio a confectionné des croix à partir de l'épave pour chacun des 155 survivants, en plus de plusieurs plus grandes pièces.
Hartwig Fischer, directeur du British Museum, déclare : « Le bois de la croix rappelle le passage, non seulement de ces réfugiés vulnérables qui ont tout chargé sur les bateaux pour les transporter en toute sécurité, mais aussi des êtres humains à travers l'histoire qui ont cherché refuge lors de voyages périlleux similaires.
« J’espère que les visiteurs du Royaume-Uni percevront le caractère poignant de la croix et pourront réfléchir sur les perturbations et bouleversements en cours ainsi que l’ espoir qu'elle symbolise.
Jill Cook, commissaire de l'exposition, dit : « La croix de Lampedusa nous rappelle toutes les histoires oubliées et les milliers de personnes dont on ne se souvient pas autrement. Le bois, avec sa peinture craquelée par le soleil et l’odeur du sel, la mer et la souffrance, incarne une crise de notre époque, ainsi que l'espoir.
«La croix invite à débattre des différentes réactions à l'une des grandes tragédies de notre temps. C'est un artefact façonné par une tragédie qui symbolise ceux qui n'ont rien et cherchent désespérément un avenir meilleur à partager.
M. Kourbaj fait remarquer que les Syriens qui débarquent en Europe en bateau sont « désespérés d'échapper» à la violence de leur pays d'origine.
Il ajoute que son travail « reflète le traumatisme que ces femmes, ces enfants et ces hommes portent en eux, tandis que la résine semblable à de l'eau, maintient ces allumettes brûlées ensemble, tout comme nous nous unissons, nous tenons et nous soutenons en temps de misère.»