NEUVILLE-SUR-OISE : Après le Covid-19, la canicule isole un peu plus les personnes âgées déjà très impactées par la crise sanitaire et les bénévoles des associations caritatives, à l'image des Petits frères des pauvres, renforcent leurs visites auprès des plus vulnérables.
"Dès le début du confinement, on a cessé nos activités, il n'y avait plus que les urgences et l'accompagnement par téléphone. Depuis, les visites ont repris, mais conditionnées au port du masque, aux gestes barrière... On a des consignes du siège pour être très carré là-dessus", témoigne Jean-Pierre Malvy, 64 ans, bénévole des Petits frères des pauvres dans le Val d'Oise.
Mardi, cet ancien chef d'équipe dans la restauration est venu avec une collègue, Michèle, 72 ans, retraitée de la préfecture du département, rendre visite à deux personnes qui vivent en famille d'accueil à Neuville-sur-Oise, un îlot rural entre Conflans et Cergy, où le thermomètre frôle les 33 degrés.
Bernard, qui a fêté ses 85 ans lundi, se déplace difficilement appuyé sur une canne. "On espère tous que ce corona va foutre le camp. Je trouve qu'on tient bien le coup jusqu'à présent, il faut faire attention", dit-il. La chaleur ? "Je la supporte difficilement, mais je la supporte".
Avec la canicule, les fenêtres sont fermées et les rideaux tirés tôt le matin pour conserver un peu de fraicheur dans la maison. Surtout, les personnes âgées doivent faire le moins d'efforts possible et s'hydrater toute la journée. Les ventilateurs qui brassent l'air en milieu clos sont à éviter, tout comme la terrasse du petit pavillon où la température est encore plus élevée.
Fondés en 1946, les Petits frères des pauvres comptent 35 bénévoles dans ce secteur de l'ïle-de-France et y accompagnent une centaine de personnes.
Durant le confinement, les bénévoles avaient une liste de personnes précaires à appeler chaque semaine pour s'enquérir de leurs besoins et briser l'isolement.
"Vigilance citoyenne"
Tous les séjours, week-ends, les activités habituelles de l'association ont été annulés dès le début de la pandémie et la reprise est délicate.
"Ce sont des personnes d'un certain âge et c'est compliqué de gérer les masques. On sent que psychologiquement ça a un impact, qu'ils ont hâte de l'enlever", souligne Marie-Jo, 57 ans, qui accueille des personnes âgées ou dépendantes chez elle depuis une dizaine d'années.
Première question que posent désormais les personnes accompagnées : "Alors, quand est-ce qu'on repart en séjour ? on s'ennuie", témoignent les bénévoles. Les goûters d'anniversaires reprennent au compte-gouttes, mais d'autres activités restent prohibées. "Ils adorent danser, mais en ce moment, c'est pas possible", s'amuse Jean-Pierre.
Pour l'association qui revendique 13.670 bénévoles et accompagne régulièrement 15.340 personnes au niveau national, "la vigilance citoyenne" est la meilleure prévention en période de canicule.
"Une canicule ne doit pas être synonyme de reconfinement physique", souligne sa déléguée générale Armelle de Guibert, pour qui les plus âgés ne doivent "plus être confinés socialement".
Avec la canicule, l'association recense les personnes fragiles et multiplie les actions de sensibilisation auprès des plus âgées. Les mairies, les centres d'action sociale ou encore des voisins lui signalent des personnes isolées. Et des mesures spécifiques sont mises en place face à la crise sanitaire.
Mais l'ADN des bénévoles, c'est l'écoute: faire parler les personnes isolées et les écouter. Ce mardi, l'exercice de mémoire ramène Bernard au temps de son service militaire: "Il y a eu des épidémies très dures partout dans le monde, se souvient-il. Quand j'étais en Algérie, il y a eu une épidémie de typhus, mais il a pas passé la Méditerranée".