Le Liban face à une menace de coup d'État, prévient le patriarche Al-Rai

Le cardinal libanais Mar Bechara Boutros Al-Rahi (ou Rai) accueille ses partisans avant un discours le 27 février 2021 au Patriarcat maronite dans le village de montagne de Bkerki, au nord-est de Beyrouth (Photo, AFP).
Le cardinal libanais Mar Bechara Boutros Al-Rahi (ou Rai) accueille ses partisans avant un discours le 27 février 2021 au Patriarcat maronite dans le village de montagne de Bkerki, au nord-est de Beyrouth (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 28 février 2021

Le Liban face à une menace de coup d'État, prévient le patriarche Al-Rai

  • Le patriarche appelle à la tenue d’un forum dirigé par l'ONU pour sauver la nation «de ceux qui alimentent le mal»
  • Ses commentaires ont été largement considérés comme une attaque voilée du Hezbollah soutenu par l'Iran ainsi qu’au Mouvement patriotique libre (MPL)

BEYROUTH: Le leader de l’influente église chrétienne maronite du Liban a averti que le pays était confronté à la menace d’un « véritable coup d’État » et il a appelé à une conférence internationale pour éviter « le chaos, la faim et l’oppression ».

Dans un discours émouvant devant des milliers d'adeptes samedi, le patriarche Béchara Boutros Al-Rai a déclaré qu'il « traçait des lignes rouges pour quiconque alimente le mal au Liban, quelle que soit sa secte ».

Ses commentaires ont été largement considérés comme une attaque voilée du Hezbollah soutenu par l'Iran ainsi qu’au Mouvement patriotique libre (MPL) et son fondateur, le président Michel Aoun.

« Nous sommes confrontés à une véritable tentative de coup d'État », a révélé Al-Rai aux Libanais qui se sont rendus au siège de l'église à Bkerke pour soutenir sa demande d'une conférence internationale parrainée par l'ONU dans le but de sauver le Liban.

En réaction au discours du patriarche, les gens ont scandé: « Le Hezbollah est terroriste », «Iran, dehors » et « Michel Aoun, partez ».

Des cris de « Révolution ! Révolution ! » ont également été entendus.

Le rassemblement de Bkerke s'est déroulé malgré les mesures visant à limiter les rassemblements au milieu de la pandémie du coronavirus. Selon certains observateurs, il pourrait signaler la fin de l'impasse au sein de la politique libanaise.

« Nous voulons apporter un soutien à l’armée libanaise pour en faire la seule défenseure du Liban ».

 

Patriarche Bechara, Boutros Al-Rai

Le MPL, dirigé par Gebran Bassil, n'a pas assisté à la réunion, affirmant qu'il craignait que le rassemblement «ne soit utilisé contre lui », selon des sites affiliés au parti.

Des sources à Bkerke ont déclaré à Arab News qu'Al-Rai avait décidé de s'exprimer «parce que le Liban est confronté à une menace existentielle» suite à l'échec d'une série d'initiatives, notamment ses efforts pour réconcilier Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri.

Sur les bannières déployées sur le dôme de l'église de Bkerke, on pouvait lire « Neutralité, souveraineté et stabilité », « Le Liban vient en premier et en dernier » et « Bkerke pour tout le Liban ».

« Vive un Liban unique, uni et neutre, actif, positif, souverain, indépendant, libre et fort » a annoncé Al-Rai au début de son discours.

Il a expliqué que « Nous exigeons cela maintenant parce que toutes les autres solutions sont dans une impasse, et nous n’avons pas été en mesure de nous entendre sur le sort de notre pays, ni même de discuter des affaires de notre patrie. C’est pour toutes ces raisons que nous soutenons la recherche d’une solution à l'intérieur du Liban ».

EN BREF

Le rassemblement de Bkerke s'est déroulé malgré les mesures visant à limiter les rassemblements au milieu de la pandémie du coronavirus, certains observateurs ayant même évoqué qu'il pourrait signaler la fin de l'impasse au sein de la politique libanaise.

Al-Rai a en outre ajouté que « Laisser la faim et l'oppression détruire le pays est quelque chose que nous n'acceptons en aucun cas. Rejeter les solutions proposées, c'est le chaos et s’emparer des leviers du pouvoir ».

Al-Rai a aussi appelé à une conférence internationale pour garantir la neutralité du Liban, afin que le pays « ne soit plus une victime de conflits et de guerres, et une terre de division ».

 « Nous voulons que l'État étende son autorité sur tout le territoire libanais. Nous voulons apporter un soutien à l’armée libanaise pour en faire la seule défenseure du Liban » a-t-il poursuivi.

Al-Rai a déclaré que la conférence internationale parrainée par l'ONU devrait également convenir d'un plan « afin d’empêcher la réinstallation des réfugiés palestiniens au Liban et d’assurer un retour en toute sécurité des réfugiés syriens dans leur pays ».

Il a attesté que « Nous ne voulons pas d'armées et de camps, ni nous ne voulons que le Liban soit miné de partout. Les frontières du Liban ne sont pas sujettes à modification, son partenariat chrétien-musulman est intouchable et sa démocratie n’est pas une question à veto ».

Le patriarche a incité les manifestants à continuer de s'exprimer. « Ne restez pas silencieux face à la corruption. Ne tolérez pas le vol de votre argent, les frontières sans control, l'échec de la classe politique, le chaos dans l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth ou l'emprisonnement d'innocents.

« Ne tolérez pas l'échec de la formation d'un gouvernement et de la mise en œuvre des réformes réelles ».

Les participants au rassemblement, dont beaucoup proviennent de sectes différentes, ont déclaré à Arab News qu'Al-Rai était leur dernier espoir.

« Aucun politicien ne se soucie de l’effondrement de l’État. Les politiciens nous ont laissés seuls », a affirmé l'un d'eux.

Selon une femme musulmane dans la cinquantaine « C'est l'occasion de faire entendre notre voix. Les positions du patriarche sont patriotiques et l’histoire se souviendra certainement de lui. Le pays est en train de s'effondre.

Un homme dans la quarantaine a confié être « venu à Bkerke pour dire que les gens souffrent de la faim et du désespoir et qu'ils n’ont rien à perdre maintenant ».

Des membres des forces de sécurité intérieure ont été déployés sur la route menant au siège de l’église et ceux qui entraient sur la place ont été tous fouillés.

Avant le rassemblement, les partisans du Hezbollah et du MPL se sont tournés vers les réseaux sociaux pour partager des tweets s'opposant à cet événement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.