BEYROUTH: Les députés libanais qui n’ont pas respecté leur tour et ont reçu mardi le premier vaccin contre le coronavirus (la Covid-19) subissent des pressions énormes pour défendre leurs actes.
Onze politiciens, dont certains avaient moins de 75 ans, ont même « reçu » leurs vaccins au Parlement.
Un porte-parole de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, organisation chargée du suivi du plan de vaccination au pays, « ignorait complètement que le président Michel Aoun, son épouse et son équipe de travail avaient reçu le vaccin vendredi, ce qui est une violation aux termes du plan national de vaccination».
En conséquence, la responsable de l’éthique du comité de vaccination libanais, la Dr Talia Arawi, a démissionné mercredi.
Cela a également incité des représentants de la Banque mondiale, du ministère libanais de la Santé, du comité de vaccination du pays contre la Covid-19 et d’autres commissions à se rencontrer dans le but de discuter de la violation du plan national de vaccination.
La Banque mondiale, représentée par son bureau de Beyrouth, a déclaré qu'elle «continuera à soutenir le Liban, mais à l’égard des groupes prioritaires seulement. Si nécessaire, la Banque est prête à suspendre le financement des vaccins».
Les députés qui ont reçu le vaccin tôt étaient tous sur la défensive mercredi.
«Comment les membres du parlement sont-ils fautifs?» a demandé Elie Ferzli, vice-président du Parlement. «Vingt-cinq membres ont été infectés au parlement jusqu'à présent, ainsi que 25 autres employés. Les dernières infections se sont produites lors de la réunion du Comité du droit des marchés publics».
Ferzli a avoué que lui et d'autres fonctionnaires se sont inscrits sur la plate-forme, sur la base de la demande du ministère. Parmi ceux qui se sont inscrits, 27 députés ont reçu le vaccin parce qu'ils avaient 70 ans ou plus. Seize ont affirmé avoir été vaccinés dans des hôpitaux tandis que les 11 autres ont reçu le vaccin au Parlement.
Ferzli a même fait référence à un rapport de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) selon lequel plus de 50% de ceux qui ont reçu le vaccin ne se sont pas enregistrés sur la plateforme nationale.
Il a toutefois accusé le directeur régional de la Banque mondiale, Saroj Kumar Jha, de «jouer un rôle purement politique». Il a signalé: «Cela reflète le manque d'éthique qu'un représentant de la Banque mondiale devrait avoir. Si c'est ainsi que la banque envisage de traiter avec nous pour financer le plan de vaccination, oubliez les vaccins».
Ferzli a également critiqué des militants sur les réseaux sociaux qui ont accusé les députés, les décrivant comme «ridicules» et «mouches électroniques».
Ghazi Zeaiter, un politicien et ancien ministre, qui a été convoqué pour interrogatoire par l'ancien juge chargé de l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth, a aussi essayé de se défendre. Il s'est tourné vers les réseaux sociaux, affirmant qu'«il est plus libanais que les autres, ce qui lui donne le droit au vaccin avant les autres».
Zeaiter a été fortement critiqué, certains lui demandant même de quitter le pays. En utilisant un hashtag à la mode sur Twitter, des militants en ligne ont annoncé qu'il «se considérait au-dessus des lois et au-dessus des citoyens».
L'Université américaine de Beyrouth a appelé le ministère de la Santé à clarifier cette affaire et à s'excuser pour la violation présumée du plan de vaccination. Elle a également demandé plus de transparence en ce qui concerne la publication des critères pour ceux qui sont éligibles au vaccin, le nombre de personnes vaccinées dans chaque centre, et celles qui ne devraient pas être inclus dans les groupes prioritaires et pourquoi.
La campagne de vaccination au Liban a commencé il y a 11 jours. Pourtant, la moitié des 12 000 médecins membres de l'association des médecins n'ont encore pas été vaccinés, ni même 55% des infirmiers.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com