PARIS: Relâcher la pression ou resserrer les contraintes ? L'Elysée se donne 8 à 10 jours pour en décider face à l'épidémie de Covid-19, tandis que l'exécutif insiste sur la discipline collective.
Cette nouvelle échéance a été évoquée lors d'une vidéo-conférence avec des parlementaires de la majorité, et rapportée par des participants.
L'Elysée n'a pas confirmé, mais l'exécutif surveille de très près l'évolution de l'épidémie de la Covid-19, en particulier la montée des variants plus contagieux, pour voir s'il peut éviter des mesures plus strictes comme un reconfinement, toujours prôné par une partie des scientifiques.
Dans ce contexte, le premier ministre Jean Castex, en visite à Bordeaux, a appelé à nouveau à la responsabilité : « L’heure n’est pas au relâchement. On a réussi à éviter le reconfinement, mais c’est très fragile. Il faut qu’on continue à être très disciplinés, solidaires, et confiants », a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des lecteurs de Sud Ouest.
Pour faire face aux risques posés par les nouveaux variants, la période d'isolement est passée de sept à dix jours pour les personnes contaminées. Leur progression inquiète dans plusieurs régions, comme en Moselle, autour de Dunkerque (Nord), ou à La Réunion, pour laquelle le gouvernement a annoncé des moyens et mesures de restrictions renforcés.
De son côté, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a estimé vendredi sur France 2 « important » que le couvre-feu à 18H00 « continue d'être respecté », car il « a permis de stabiliser la situation sanitaire ».
Stabilisation certes, mais à un niveau encore très haut, avec plus de 24 000 nouveaux cas confirmés dans les dernières 24 heures et une tension toujours forte sur les hôpitaux (plus de 25 000 patients hospitalisés dont plus de 3 300 en réanimation).
Pour sensibiliser encore les Français aux gestes barrières, le président Emmanuel Macron a par ailleurs lancé un défi à deux youtubers parmi les plus populaires, Mcfly et Carlito: faire une vidéo sur leur chaîne les incitant à les respecter. Si elle atteint les 10 millions de vues, ils pourront tourner une de leurs vidéos à l'Elysée. Défi accepté.
Pertes record pour Renault
Côté économique, la saison des résultats d'entreprises illustre chaque jour les ravages causés par la mise à l'arrêt de secteurs entiers, pendant de longs mois.
Après l'aérien, c'est Renault, fleuron de l'automobile, qui a annoncé vendredi des pertes record de 8 milliards d'euros pour 2020.
Cette plongée dans le rouge s'explique notamment par la déconfiture du partenaire japonais Nissan, mais les ventes de Renault ont dégringolé de 21,3% sur l'année, avec moins de trois millions de véhicules vendus sur un marché automobile en chute libre. Le groupe a vu ses ventes reculer fortement dans le monde entier, sauf en Russie et Turquie où le marché s'est repris au deuxième semestre.
Hellfest : des metalleux assis ?
Un autre secteur sinistré, celui du spectacle vivant, a reçu jeudi une bouffée d'air. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a en effet fixé un cadre pour la tenue des festivals cet été : une jauge de 5 000 personnes, assises et distanciées.
Gérard Pont, patron des Francofolies, prévu mi-juillet à La Rochelle (150 000 personnes en 2019), salue « une excellente nouvelle ». « L'an dernier, en avril, on en était nulle part, sans décision, et là, on est en février et on nous dit qu'il pourra y avoir des festivals, c'est déjà formidable ».
Autre son de cloche pour le Hellfest, un des principaux festivals de musique metal en Europe, prévu en juin à Clisson (Loire-Atlantique). « 5 000 metalleux assis et distanciés, ce n'est pas possible », assène Ben Barbaud, son patron, qui juge l'annulation « inéluctable », comme en 2020.
Pendant ce temps, la campagne de vaccination, principal espoir d'un retour à une vie normale, se poursuit. Après un démarrage très critiqué fin décembre, la France a passé jeudi la barre du million de personnes ayant reçu deux doses et donc pleinement vaccinées contre le Covid-19. Près de 2,5 millions personnes ont reçu au moins une dose.