L'approche US à l'égard du Conseil des droits de l'homme n'est qu'un jeu politique

Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, s'adresse au Conseil des droits de l'homme au siège des Nations Unies à Genève, Suisse, le 6 mars 2019. (Photo, Reuters)
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, s'adresse au Conseil des droits de l'homme au siège des Nations Unies à Genève, Suisse, le 6 mars 2019. (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 19 février 2021

L'approche US à l'égard du Conseil des droits de l'homme n'est qu'un jeu politique

L'approche US à l'égard du Conseil des droits de l'homme n'est qu'un jeu politique

Au cours de son mandat, Donald Trump a annulé le soutien des États-Unis au Conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDH), l'accusant de parti pris contre Israël. Nikki Haley, à l'époque ambassadrice américaine auprès des Nations unies, a qualifié le conseil d' « organisation qui n'est pas digne de son nom ». Évidemment, tout le monde savait de quoi il s'agissait. Trump n'a pas caché son amour pour Israël dans son discours politique, et a refusé de tempérer sa rhétorique ou de cacher la partialité américaine envers Israël, comme le faisaient les autres administrations.

Lorsqu'elle évoquait les violations des droits de l'homme, Mme Haley passait sous silence celles commises par les États-Unis ou leurs alliés. En réalité, la question des droits de l'homme ressemble plutôt à un jeu de football politique, dont les politiciens se servent pour frapper et faire pression sur les nations qu'ils souhaitent dominer. Toutefois, ils sabotent les règles du jeu lorsqu'il s'agit de leurs alliés.

La semaine dernière, Joe Biden, le successeur de Trump, a annoncé avoir demandé au Département d'État de « renouer immédiatement et solidement » avec le CDH. Cette décision est saluée par ceux qui sont prêts à fermer les yeux sur les politiques qui légitiment, hypocritement, certaines violations des droits de l'homme, et qui ciblent uniquement les violations commises par les pays qui contredisent la politique étrangère américaine.

Selon le secrétaire d'État Antony Blinken, l'administration américaine a renoué avec le CDH car les États-Unis « privilégient la démocratie, les droits de l'homme et l'égalité ». Néanmoins, il n'a pas tardé à ajouter une réserve qui sape le véritable principe des droits de l'homme et qui exclut Israël de tout examen, en disant : « Nous sommes conscients que le Conseil des droits de l'homme est un organe défaillant, qui requiert une réforme au niveau de son ordre du jour, de sa composition et de son orientation, y compris sa focalisation disproportionnée sur Israël ». Voilà une opinion qui rappelle les critiques formulées par Mme Haley.

M. Blinken a ensuite ajouté : « Lorsque le Conseil des droits de l'homme fonctionnera de manière appropriée, il braquera les projecteurs sur les pays qui affichent les pires performances en matière de droits de l'homme et il servira de forum essentiel pour ceux qui luttent contre l'injustice et la tyrannie ». La phrase principale est celle-là : « les pires performances en matière de droits de l'homme ». Elle signifie que tout pays qui n'est pas perçu comme « le pire » - comme Israël - bénéficiera d'un laissez-passer. Ainsi, iI fait fi des Palestiniens qui sont opprimés tous les jours par un système de discrimination reposant sur la religion et la race.

Le soutien de M. Biden aux droits des Palestiniens n'est pas encore entièrement défini. Lors de son audition de confirmation devant une commission sénatoriale, sa candidate au poste d'ambassadrice auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a clairement indiqué qu'elle allait lutter contre les militants pro-palestiniens qui critiquent la confiscation des terres et des ressources palestiniennes par le mouvement raciste des colons israéliens. Linda Thomas-Greenfield sera la personne-ressource de Biden aux Nations unies ; elle est pourtant favorable à Israël.

Par ailleurs, Biden, tout comme Trump, a critiqué la décision de la Cour pénale internationale (CPI) qui permet d'enquêter sur les éventuels crimes de guerre commis par Israël dans les territoires occupés. Ironiquement, la Cour pénale internationale (CPI) a été fondée en 2002 pour poursuivre en justice les acteurs des « pires » crimes de guerre dans le monde. On retrouve encore une fois ce mot subjectif, « pire ». Il s'agit en effet d'un terme relatif, qui signifie que les crimes de guerre ne seront pas tous poursuivis en justice. Trump a recouru à ce terme pour couvrir Israël, et Biden suivra son exemple.

M. Blinken a ajouté une réserve qui sape le véritable principe des droits de l'homme et qui exclut Israël de tout examen.

Ray Hanania

Quand la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l'année dernière qu'elle enquêterait sur les soldats américains susceptibles d'avoir commis des crimes de guerre en Afghanistan, M. Trump a dénoncé la cour et sanctionné certains de ses hauts responsables. En tant qu'ancien combattant américain qui a servi pendant la guerre du Vietnam, l'idée de protéger les criminels de guerre me répugne. Refuser de poursuivre en justice des éventuels criminels de guerre dévalorise les principes de la majorité des soldats américains tout au long de leur service.

Pour moi, ce n'est qu'un jeu politique : La manière dont vous évoquez les problèmes plutôt que la manière dont vous les résolvez. M. Trump était pro-arabe tant que les Palestiniens étaient écartés et que sa loyauté envers Israël n'était pas compromise. Biden est également pro-arabe, mais lui aussi ne compromettra point la relation des États-Unis avec Israël. S'il n'a pas encore appelé Benjamin Nétanyahou, cela ne suffit pas pour affirmer qu'il renoncera à soutenir les politiques d'expansion des colonies israéliennes.

 

Ray Hanania est un éditorialiste et ancien journaliste politique primé auprès de l’hôtel de ville de Chicago. Il peut être joint sur son site Web personnel à l’adresse www.Hanania.com. Twitter :@RayHanania

NDRL : Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com