Le doute plane sur la stratégie turque en Syrie avec l'annonce du Pentagone

Des soldats américains gardent un champ pétrolier dans le gouvernorat de Deir Ezzor, en Syrie, en mars 2019 (Photo, Reuters).
Des soldats américains gardent un champ pétrolier dans le gouvernorat de Deir Ezzor, en Syrie, en mars 2019 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 11 février 2021

Le doute plane sur la stratégie turque en Syrie avec l'annonce du Pentagone

  • John Kirby, a affirmé qu'environ 900 militaires et entrepreneurs américains ont été «retirés» des champs pétroliers syriens depuis août dernier
  • Avec Washington qui se concentre désormais sur la défaite de Daech, la principale question est de savoir si Ankara va revoir sa stratégie en Syrie

ANKARA: L'annonce des États-Unis selon laquelle ils comptent se concentrer sur la lutte contre les poches de résistance de Daech en Syrie, plutôt que sur la protection des champs de pétrole dans la région, pourrait forcer la Turquie à repenser sa stratégie dans le pays ravagé par la guerre, estiment les analystes.

En nette opposition à la politique de l'ère Trump, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré mardi qu'environ 900 militaires et entrepreneurs américains ont été «retirés» des champs pétroliers syriens depuis août dernier.

Cette décision survient à la suite d’un accord entre la firme américaine Delta Crescent Energy et les Kurdes syriens, alliés des États-Unis, dans le but de développer et exporter les vastes réserves de pétrole brut du nord-est de la Syrie.

Les forces américaines dans la région «ne sont pas autorisées à assister toute autre entreprise privée qui cherche à développer les ressources pétrolières en Syrie», affirme Kirby. Il ajoute que la responsabilité de la protection des civils justifie la présence des forces américaines autour des champs pétrolifères.

Avec Washington qui se concentre désormais sur la défaite de Daech, la principale question est de savoir si ce changement de politique poussera la Ankara à revoir sa stratégie en Syrie.

Navvar Saban, analyste militaire du Centre d'études stratégiques Omran, basé à Istanbul, croit que la décision américaine aura certainement des implications de grande envergure.

«Les États-Unis sont maintenant là pour sécuriser la zone contre Daech en soutenant les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes. Le soutien américain se limite à l’assistance militaire des FDS», a déclaré Saban à Arab News.

Dans son dernier rapport trimestriel, publié mercredi, le Pentagone a déclaré que les affrontements entre la Turquie et les FDS près d’Ayn Issa avaient sapé la force du combat contre Daech.

«Les forces de la coalition ont continué de conseiller les FDS sur leurs opérations indépendantes contre Daech. Néanmoins, les FDS, qui n'ont pas de moyens aériens, se sont appuyés sur le soutien aérien de la coalition, notamment pour les renseignements, la surveillance et la reconnaissance, en établissant un partenariat avec les forces de la coalition durant la plupart de ses opérations », a-t-il déclaré.

Toutefois, Ankara critique la coopération de Washington avec les FDS, déjà considérés comme une organisation terroriste. Ankara craint également qu'un soutien supplémentaire américain n'encourage les Kurdes syriens à rechercher une plus grande autonomie et inspire également leurs partisans en Turquie.

Selon Saban, le renforcement des FDS conduira à une redéfinition de la ligne de contrôle d’Ankara et mettra fin aux patrouilles conjointes entre les Russes et les Turcs à l’est.

«Il y a eu plusieurs déclarations de la part d’Ankara sur sa progression dans la région en raison de la menace terroriste. Maintenant, après l’annonce du Pentagone, il est très clair qu'une telle progression ne se produira jamais », a-t-il déclaré.

Projection de force

Selon Caroline Rose, analyste principal au Center for Global Policy à Washington, le changement de la politique américaine à l’égard de la protection des champs de pétrole syriens est un signe que le Pentagone adopte «une nouvelle phase de projection de force», et qu’il se concentre sur la lutte contre les enclaves de Daech au nord-est et coopérant avec les forces locales telles que les FDS.

«Ce développement se déroule parallèlement au redéploiement US en Irak, où le Pentagone s'est retiré de huit bases et réduit ses troupes à 2 500 hommes», a-t-elle déclaré à Arab News.

Alors qu'une coopération accrue entre les États-Unis et les FDS serait perçue comme défavorable par Ankara, Rose croit qu'il est peu probable que la Turquie soit contrainte de lancer une opération militaire contre des éléments des FDS similaire à l'opération Source de paix en 2019, ou à l'opération Olive Branch en 2018.

La Turquie cherchera probablement à renforcer son contrôle sur le territoire qu'elle contrôle dans la région - le soi-disant «couloir de paix» - comme contrepoids à ses rivaux en Syrie et comme point de départ pour une influence future, a ajouté Rose.

Joshua Landis, directeur du Centre d'études sur le Moyen-Orient de l'Université d’Oklahoma, doute que la dernière annonce du Pentagone imposera un changement dans la politique turque.

Ankara hésitera à prendre des mesures audacieuses contre les États-Unis dans le nord-est de la Syrie qui pourraient contrarier la nouvelle administration jusqu'à ce qu'elle ait une meilleure idée de la politique de Biden dans la région et envers la Turquie également, a signalé Landis.

L’objectif américain dans le nord-est de la Syrie s’est peut-être éloigné de la «protection du pétrole de la Syrie», mais la stratégie sous-jacente reste toutefois, la même, a expliqué Landis.

«Les États-Unis ne sont certainement pas près de permettre à Damas ou à Ankara d’exploiter les réserves de pétrole de la Syrie dans cette région».

Landis a indiqué: «Il s'agit ici d'une opération de perception pour la Maison Blanche, qui ne veut aucunement être associée à l'impérialisme économique grossier de Trump».

Landis a également révélé que, pendant plusieurs années, la présence américaine dans la région avait été expliquée comme une tentative d’affaiblir la force d’Assad et de réduire au minimum, la présence de la Russie et de l'Iran dans la région. Cet effort n'a pas du tout changé.

«Les États-Unis continuent de soutenir la quasi-indépendance et la suprématie kurdes dans le nord-est de la Syrie, en particulier, l’exploitation des richesses pétrolières de la région en coopération avec la firme pétrolière Delta Crescent Energy, basée aux États-Unis», a ajouté Landis.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".