BEYROUTH, WASHINGTON: Le président libanais Michel Aoun a rejeté en bloc vendredi toute enquête internationale sur la double explosion survenue mardi dans le port de Beyrouth, affirmant qu’elle "diluerait la vérité".
Aoun a indiqué que l’explosion pourrait avoir été causée par la "négligence ou par une action extérieure, avec un missile ou une bombe". Il est a désormais le premier dirigeant libanais à évoquer une piste extérieure.
Les autorités affirmaient en chœur jusqu'à présent qu'un incendie dans un dépôt de 2.700 tonnes de nitrate d'ammonium en était à l'origine du drame.
L’annonce d’Aoun intervient le lendemain de la visite du président français Emmanuel Macron à Beyrouth, un déplacement au cours duquel Macron avait annoncé qu’il réunirait une conférence des donateurs pour parvenir en aide au Liban après ce drame. L’initiative de Macron a été soutenue par le président américain Donald Trump qui a annoncé vendredi qu'il participerait à la visioconférence.
Trump sera présent
"Nous ferons une visioconférence dimanche avec le président Macron, les dirigeants du Liban et des dirigeants d'autres endroits dans le monde", a tweeté le président américain. "Tout le monde veut aider!" a-t-il ajouté, mentionnant avoir parlé dans la matinée avec le président français Emmanuel Macron, à l'initiative de la réunion.
Les institutions européennes participeront aussi à cette conférence de donateurs organisée afin de mobiliser une aide humanitaire d'urgence pour la population de Beyrouth.
Si la conférence avait d'abord effectivement été annoncée pour dimanche par la Commission européenne, cette date n'avait pas finalement pas été confirmée jusqu'ici, en raison du nombre d'intervenants à contacter.
Colère
La puissante déflagration, la plus dévastatrice jamais survenue au Liban, a attisé la colère de la population contre les dirigeants du pays. Un soulèvement populaire inédit a commencé à l'automne 2019, mobilisant des centaines de milliers de citoyens. Des dizaines de personnes ont manifesté jeudi soir et des appels circulaient sur les réseaux sociaux pour une mobilisation antigouvernementale samedi.
Selon le dernier bilan, l'explosion a fait au moins 154 morts, plus de 5.000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri.