PARIS : Référence vichyste "scandaleuse", mise en cause de la laïcité : la proposition d'une députée d'extrême droite parlant de "l'État français" et visant à consacrer dans la loi "l'héritage chrétien" a provoqué une levée de boucliers samedi en commission à l'Assemblée nationale.
L'amendement d'Emmanuelle Ménard au projet de loi contre le "séparatisme" suggérait de réécrire l'article premier de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État avec la formule suivante : "L'État français, fort de son héritage chrétien, assure la liberté de culte et la liberté de conscience".
La députée, proche du Rassemblement National et épouse du maire de Béziers (Hérault) Robert Ménard, a estimé que "ce n'est pas la République, simple régime politique, qui garantit la liberté de conscience, mais bien l'État français à travers tous les régimes politiques assumés".
Par ailleurs selon elle, "l'Église catholique ne peut être traitée tout à fait de la même manière que d'autres cultes arrivés plus récemment".
Des voix se sont élevées dans tous les rangs pour rejeter cet amendement, soulignant qu'il remettait en cause à la fois la République et le principe d'une laïcité neutre envers tous les cultes.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin l'a qualifié de "scandaleux", en rappelant que "la forme républicaine de notre gouvernement ne peut être mise en cause".
"L'État français, c'est très connoté", a-t-il ajouté, en référence au fait qu'il s'agissait de l'appellation officielle du régime collaborationniste du maréchal Pétain.
"Vous reconnaissez ce que l'extrême droite française est de tous temps : l'ennemie de la République", a lancé le rapporteur général Florent Boudié (LREM) à l'élue de l'Hérault.
Frédéric Petit (MoDem) a estimé que si l'héritage chrétien de la France est un fait historique, son évocation "n'a rien à faire dans la loi de la République", au nom de la "neutralité de l'État". Alexis Corbière (LFI) a dénoncé une "négation complète du principe de laïcité".
La commission spéciale doit achever samedi soir l'examen du projet de loi, avant son passage dans l'hémicycle à partir du 1er février.