NEW YORK: Jennifer Ellis n'a jamais rencontré Bernie Sanders, et pourtant, son nom est entré depuis mercredi dans l'Histoire des Etats-Unis, aux côtés du sénateur du Vermont: car c'est elle qui a cousu les fameuses moufles que portait »Bernie » à la cérémonie d'investiture de Joe Biden.
Cette enseignante de 42 ans menait, jusqu'à mercredi, « une vie tranquille » dans sa petite ville d'Essex Junction, dans le Vermont, a-t-elle raconté dans un entretien vidéo.
Elle faisait classe, en ligne, à ses élèves de CE1, lorsque son téléphone s'est mis à émettre une série de « ding ». Inquiète, elle s'interrompt pour consulter les messages: « Bernie Sanders porte tes moufles à l'investiture », lui annonçaient-ils en substance.
L'histoire de ces moufles écolos - elles sont en laine recyclée, doublées de tissu polaire fait de bouteilles en plastique également recyclées - a de quoi attendrir.
Fan du sénateur socialiste, écolo convaincue, Jennifer lui avait envoyé une paire de moufles après sa défaite contre Hillary Clinton à la primaire démocrate pour la présidentielle 2016, pour le consoler. Elle savait, par une connaissance commune, qu'il les aimait bien, rien de plus.
Puis l'an dernier, lorsque « Bernie » tentait à nouveau sa chance pour la présidentielle, elle a appris qu'il avait prêté les moufles à quelqu'un qui avait froid aux mains. « J'ai été si touchée que je lui ai envoyé 10 autres paires », dit-elle.
13 000 emails
Cela lui avait déjà valu un mini-buzz, mais sans comparaison avec celui qui l'entoure depuis mercredi: son téléphone sonne sans arrêt, sa boîte mail a explosé. Et un nombre infini de +memes+ - des images créées par les internautes, montrant le sénateur socialiste du Vermont, bientôt octogénaire, emmitouflé dans sa doudoune et ses moufles, superposées à La Cène de Léonard de Vinci ou d'autres célébrissimes tableaux - ont enflammé les réseaux sociaux.
Pour la plus grande joie de Jennifer, qui trouve ces memes « hilarants », à un moment où « les gens ont besoin de rire de choses inoffensives, pas politiques », après une année particulièrement « éprouvante ».
« Je souhaite plus de joie à tous », dit-elle. « Si vous donnez quelque chose à quelqu'un (...) et ça explose, et le monde entier en a de la joie, c'est formidable. »
Elle pourrait tirer profit de sa soudaine notoriété: en deux jours, elle a reçu « environ 13 000 emails de gens » prêts à lui acheter les mêmes moufles, « et pas juste une paire, ils en veulent beaucoup ».
Mais non seulement elle n'arriverait jamais à satisfaire la demande, avec sa machine à coudre vieille de 30 ans et son travail d'enseignante, elle n'en a même pas envie. « Ca gâcherait toute la beauté de la chose ».
Elle, elle préfère passer ses weekends en famille, avec sa fille de cinq ans. Et « tant mieux », dit-elle, si d'autres profitent de cet enthousiasme soudain pour ses moufles: on trouvait vendredi des modèles affirmant être absolument identiques aux siennes pour 85 dollars la paire sur certains sites internet.