WASHINGTON : Records de vente, couronnes de lauriers: les Etats-Unis se passionnent pour la jeune poétesse noire Amanda Gorman depuis sa prestation très remarquée à la cérémonie d'investiture de Joe Biden.
Trois de ses ouvrages - un recueil de poèmes, un livre pour enfants et une édition spéciale des vers déclamés pour le nouveau président américain - étaient vendredi en tête des ventes de livres sur Amazon.
Pourtant aucun n'est encore publié: ils ne sortiront qu'en avril, voire en septembre pour «Change Sings», des odes illustrées pour les plus jeunes.
Ce qui n'a pas empêché les acheteurs de les précommander en masse, si bien que la jeune artiste et militante dépasse désormais Barack Obama, dont les mémoires, «Une Terre promise», ne sont qu'en 5e position dans cette liste de best-sellers.
L'ancien président a été impressionné par la jeune femme qui, à 22 ans seulement, a récité mercredi avec grâce et une assurance stupéfiante une ode de sa création: «The Hill we climb» (la colline que nous gravissons).
Elle «a fait plus qu'incarner le moment. Les jeunes gens comme elle sont la preuve qu'+il y a toujours de la lumière, si nous sommes assez courageux pour la voir. Si nous sommes assez courageux pour être cette lumière+», a-t-il tweeté en lui empruntant ses vers.
La star de la télévision Oprah Winfrey, l'ex-candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton et même la Nobel de la Paix pakistanaise Malala ont également salué son travail.
En une journée, elle a gagné deux millions d'abonnés sur Instagram, et plus d'un million sur Twitter. Ses vers ont même été mis en musique par le musicien Rostam Batmanglij.
Originaire de Los Angeles, élevée par une mère célibataire, elle souffrait de bégaiement dans son enfance - comme le 46e président - ce qui l'a encouragée à se tourner vers l'écriture.
Enfant prodige, elle a remporté son premier prix de poésie à 16 ans, et a été couronnée du titre de «meilleur jeune poète» du pays trois ans plus tard, alors qu'elle étudiait la sociologie à la prestigieuse université Harvard.
Avant elle, cinq autres poètes, dont Robert Frost et Maya Angelou, ont participé aux cérémonies d'investiture de présidents américains, mais aucun n'était aussi jeune.
Son nom avait été soufflé aux organisateurs de la cérémonie par Jill Biden, l'épouse du président, qui avait assisté à une de ses lectures. Leur commande, passée en décembre: qu'elle rédige une ode à l»Amérique unie», en écho au discours du démocrate.
Elle n'avait rédigé que la moitié du texte quand des partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole le 6 janvier. Horrifiée, elle a écrit d'une seule traite la fin de son poème qui, sans nier les maux du pays, prône l'unité pour avancer : «Nous ne sommes pas une Nation brisée, seulement une Nation pas finie».