Le gouvernement renforce le contrôle des formations privées sur Parcoursup

Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (Photo Shutterstock
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Publié le Samedi 11 janvier 2025

Le gouvernement renforce le contrôle des formations privées sur Parcoursup

  • Le gouvernement a annoncé  vendredi qu'il allait renforcer la lutte contre les fraudes dans l'enseignement supérieur privé.
  • Parcoursup exigent notamment l'honnêteté des informations transmises par l'établissement aux candidats, l'absence de procédure parallèle et le respect de la liberté de choix du candidat.

PARIS : Le gouvernement a annoncé  vendredi qu'il allait renforcer la lutte contre les fraudes dans l'enseignement supérieur privé, avec la possibilité d'exclure de la plateforme Parcoursup « les formations aux pratiques commerciales mensongères ou frauduleuses ».

« Un établissement pourra désormais être retiré de Parcoursup en cas de manquement aux règles essentielles édictées dans la charte Parcoursup », indiquent les ministères de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche dans un communiqué.

La procédure prévoit « une mise en demeure préalable de l'établissement à l’issue de laquelle le ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche pourra prononcer le déréférencement de la formation concernée », précise le texte.

Les règles essentielles de la charte du portail de candidatures à l'enseignement supérieur Parcoursup exigent notamment l'honnêteté des informations transmises par l'établissement aux candidats, l'absence de procédure parallèle et le respect de la liberté de choix du candidat.

Il est également « interdit de demander le versement d’acomptes avant les inscriptions administratives » et « il n’y a pas de frais de scolarité pour les formations en apprentissage », selon les dispositions de la charte.

« Les formations privées peuvent correspondre aux attentes des bacheliers et de leurs familles. Mais nous devons lutter sans répit contre les fraudes et les escroqueries, qui touchent d’ailleurs trop souvent les familles les plus modestes », a déclaré Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, cité dans le texte.

En novembre, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur Patrick Hetzel avait affirmé vouloir « faire le ménage » dans les formations du supérieur, visant particulièrement les établissements privés.

Le secteur de l'enseignement supérieur privé à but lucratif a connu une croissance très importante ces dernières années et « des dérives » ont « pu être constatées : formations fermant leurs portes du jour au lendemain, arnaques aux frais d’inscription », rappelle le communiqué.

Les lycéens et étudiants en recherche d’une réorientation pourront formuler leurs vœux sur Parcoursup à partir du 15 janvier.


Une influenceuse franco-algérienne convoquée au tribunal en mars.

Frédéric Lalliard, avocat de l'influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane, s'adresse à la presse à son arrivée au parquet de Lyon, le 11 janvier 2025, dans le cadre d'une enquête sur les vidéos haineuses en ligne. (AFP)
Frédéric Lalliard, avocat de l'influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane, s'adresse à la presse à son arrivée au parquet de Lyon, le 11 janvier 2025, dans le cadre d'une enquête sur les vidéos haineuses en ligne. (AFP)
Frédéric Lalliard, avocat de l'influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane, s'adresse à la presse à son arrivée au parquet de Lyon, le 11 janvier 2025, dans le cadre d'une enquête sur les vidéos haineuses en ligne. (AFP)
Frédéric Lalliard, avocat de l'influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane, s'adresse à la presse à son arrivée au parquet de Lyon, le 11 janvier 2025, dans le cadre d'une enquête sur les vidéos haineuses en ligne. (AFP)
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  • Suivie sur TikTok et Facebook par plus de 300 000 personnes, Sofia Benlemmane avait notamment insulté une autre femme en septembre lors d'une diffusion en direct en lui lançant : « J'espère que tu seras tuée, j'espère qu'ils vont te tuer ».
  • Depuis début janvier, elle fait l'objet, avec cinq autres influenceurs algériens, de procédures en France pour des propos haineux visant souvent des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.

LYON, FRANCE :  influenceuse franco-algérienne, interpellée jeudi en France dans le cadre d'une enquête sur des vidéos haineuses en ligne, a été présentée samedi au parquet et comparaîtra devant un tribunal en mars, ont indiqué le parquet de Lyon (centre-est) et son avocat.

Suivie sur TikTok et Facebook par plus de 300 000 personnes, Sofia Benlemmane avait notamment insulté une autre femme en septembre lors d'une diffusion en direct en lui lançant : « J'espère que tu seras tuée, j'espère qu'ils vont te tuer ».

Depuis début janvier, elle fait l'objet, avec cinq autres influenceurs algériens, de procédures en France pour des propos haineux visant souvent des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.

« La dite influenceuse Sofia Benlemmane est déférée ce jour à l’issue de sa garde à vue, afin de lui notifier une convocation à comparaître le 18 mars 2025 devant le tribunal correctionnel de Lyon », a indiqué le parquet.

Elle est poursuivie pour « provocation à commettre un crime ou un délit », « menace de mort par image », « injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre » et « injure publique en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la race ou de la religion ».

Son avocat, Me Frédéric Lalliard, conteste toute infraction pénale dans les propos qui sont reprochés à la jeune femme, même s'ils « peuvent irriter ou choquer ».

Cette ancienne joueuse de football avait déjà fait parler d'elle en 2001, lorsqu'elle avait été condamnée à sept mois de prison avec sursis et trois ans d'interdiction de stade pour avoir pénétré sur la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d'un match amical France-Algérie.

Si elle s'était opposée fermement au pouvoir en place à Alger il y a quelques années, son discours a depuis radicalement changé et elle affiche désormais un soutien au gouvernement actuel.


Retraites, budget... Lombard pense qu'on peut « avancer » dans les négociations

Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, à côté de la ministre française en charge des Comptes publics, Amélie de Montchalin (G), observe les consultations du ministre avec les représentants des partis politiques avant la loi de finances 2025 de la France, dans les locaux du ministère de l'Économie et des Finances à Paris, le 10 janvier 2025. (Photo AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, à côté de la ministre française en charge des Comptes publics, Amélie de Montchalin (G), observe les consultations du ministre avec les représentants des partis politiques avant la loi de finances 2025 de la France, dans les locaux du ministère de l'Économie et des Finances à Paris, le 10 janvier 2025. (Photo AFP)
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  • Le gouvernement ne doit pas non plus s'aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme malgré les manifestations massives d'opposants. Outre la réforme des retraites, les socialistes ont mis d'autres sujets sur la table, comme les suppressi
  • Le débat porte avant tout sur le coût d'une remise en cause de la réforme, alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année.

PARIS : À l'approche de la déclaration de politique générale de François Bayrou mardi, les tractations se sont intensifiées sur les retraites et le budget. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a jugé possible « d'avancer », tandis que les socialistes demandaient une suspension de l'application de la mesure des 64 ans, le temps de sa renégociation.

En fin de journée, Éric Lombard a estimé devant la presse, à l'issue d'une semaine marathon entre Bercy et les partis politiques représentés au Parlement, que l'esprit qui a animé le dialogue « permettra d'avancer ».

Dans le même temps, un écologiste a confié à l'AFP sentir les négociations « s'enliser ».

Depuis plusieurs jours, socialistes, écologistes et communistes discutent avec le gouvernement, principalement Bercy, ce qui déclenche la fureur de Jean-Luc Mélenchon qui dénonce « leur servilité ».

Avec pour objectif de trouver « un chemin » qui leur permettrait d'éviter le vote de la motion de censure que les Insoumis ont l'intention de déposer après la déclaration de politique générale.

Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a évoqué sur France Info, en l'absence d'abrogation de la réforme des retraites entrée en vigueur en septembre 2023, une suspension de l'application du report progressif de l'âge de départ de 62 à 64 ans, pendant six mois, le temps d'une renégociation avec les partenaires sociaux.

« Cette négociation de six mois pourrait commencer très vite et, pendant ce temps-là, nous demandons une suspension équivalente », a déclaré M. Kanner.

Il a ensuite précisé à l'AFP que cette durée de six mois résultait d'une réflexion personnelle, qui n'engageait pas le Parti socialiste.

« Si nous sommes entendus (...), il n'y aura pas de censure portée par les socialistes », a assuré le sénateur. Les discussions porteraient notamment sur l'âge de 64 ans, « j'ai senti quelques bougés au niveau du gouvernement ».

Au final, « l'arbitrage va revenir à François Bayrou », mais une des pistes envisagées est bien de faire « une pause » sur la réforme pour relancer les négociations, a confirmé à l'AFP un cadre de la majorité.

Ces discussions poussées avec le gouvernement mettent en fureur La France insoumise, qui accuse désormais le PS de vouloir abandonner la retraite par répartition au profit d'un système de retraite par points, cher à Emmanuel Macron, ce qu'a démenti le secrétaire général Pierre Jouvet, dénonçant une « fake news ».

- discussion « jusqu'à lundi soir » -

Une « synthèse » des échanges entre le gouvernement et les formations politiques sera transmise samedi au Premier ministre, a fait savoir Éric Lombard, saluant « l'esprit de responsabilité et de transparence qui a animé toute cette semaine ».

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui l'accompagnait, s'est dite « très rassurée » : « Il y a dans notre pays des responsables politiques qui partagent le sentiment qu'il nous faut un budget rapidement. »

Les locataires de Bercy seront reçus samedi soir par François Bayrou, en compagnie de la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, selon une source au sein de l'exécutif.

Le débat porte avant tout sur le coût d'une remise en cause de la réforme, alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année.

Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse, abroger le recul de l'âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d'euros en 2025 et près de 16 milliards en 2032. Le PS propose de mettre à contribution le Fonds de réserve des retraites, créé à la fin des années 1990, à hauteur de 2 à 3 milliards d'euros cette année.

Le gouvernement ne doit pas non plus s'aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme malgré les manifestations massives d'opposants.

Outre la réforme des retraites, les socialistes ont mis d'autres sujets sur la table, comme les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ou la justice fiscale.

Selon le journal L'Opinion, Amélie de Montchalin a évoqué devant eux la piste d'une taxation du patrimoine des plus riches.

Vendredi soir, la ministre a simplement fait part à la presse de la « conviction » du gouvernement qu'il ne fallait pas « réduire le déficit en augmentant les impôts pour les classes moyennes ».

Outre l'abandon de la réforme des retraites, les écologistes réclament, eux, le versement de 7 milliards a minima pour l'environnement, a expliqué Marine Tondelier à l'AFP.


Entre Paris et Alger, rien ne va plus

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune alors qu'ils posent pour une photo de famille avec les chefs d'État du G7 et les chefs de délégation des pays d'outre-mer au Borgo Egnazia, lors du sommet du G7 organisé par l'Italie, à Savelletri, le 14 juin 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune alors qu'ils posent pour une photo de famille avec les chefs d'État du G7 et les chefs de délégation des pays d'outre-mer au Borgo Egnazia, lors du sommet du G7 organisé par l'Italie, à Savelletri, le 14 juin 2024. (AFP)
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  • Chaque diplomate français prenant un poste à Alger se devait d’avancer à pas feutrés et de peser à maintes reprises ses mots avant toute prise de parole publique, ménageant du mieux qu’il peut la sensibilité algérienne à fleur de peau
  • Les relations bilatérales ont toujours oscillé entre la détente et la crispation au gré des situations, ce qui a constitué un obstacle à leur plein épanouissement, étant toujours prises en otage par un épisode historique morbide

PARIS: La relation franco-algérienne s’envenime jour après jour à un rythme qui laisse craindre une sorte de divorce entre deux pays liés par une relation complexe voire passionnelle.

Paris et Alger se sont adonnés ces derniers jours à un véritable ėchange d’hostilités, montrant au grand jour la profonde dégradation des rapports entre ces deux capitales.

Cet état de fait étonne car il est aux antipodes de ce que le président français Emmanuel Macron envisageait dès son premier mandat présidentiel en 2017.

De quoi s’agit-il au juste ?

Selon une source diplomatique française, les relations de la France avec l’Algérie, son ancienne colonie, ont toujours pâti du poids de l’histoire et des stigmates sanglants de leur séparation en 1962.

Cette séparation s’est soldée par un lourd bilan, estimé à 500 milles morts du côté algérien dont plusieurs centaines de milliers de civils et 30 milles morts dans les rangs de l’armée française.

L’ampleur des pertes humaines, assure la source, a nourri chez les Algériens de l’époque une rancune à l’égard de la France, et cette rancune n’a cessé d’être alimentée par la suite sous diverses raisons par les gouvernements successifs.

Dans un tel climat, chaque diplomate français prenant un poste à Alger se devait d’avancer à pas feutrés et de peser à maintes reprises ses mots avant toute prise de parole publique, ménageant du mieux qu’il peut la sensibilité algérienne à fleur de peau.

Cela étant indique la source, les relations bilatérales ont toujours oscillé entre la détente et la crispation au gré des situations, ce qui a constitué un obstacle à leur plein épanouissement, étant toujours prises en otage par un épisode historique morbide.

Né en 1977, le président français appartient selon ses propres termes à une génération qui n’a pas connu la guerre d’Algérie, il ne pouvait donc pas se résigner à accepter le poids que ce chapitre de l’histoire continue de peser sur les rapports entre les deux pays et les deux peuples.

Ainsi il a lancé un chantier vaste et ambitieux, dont le but est de travailler main dans la main avec les responsables algériens, pour mettre à plat les blessures et les ressentiments du passé afin que chaque partie assume ses responsabilités, pour enfin apaiser les mémoires et construire le présent.

Multipliant les gages de bonne volonté, il pensait pouvoir enfin tournée la page des tourments et accéder avec l’Algérie à des relations saines et apaisées, mais les résultats n’étaient pas à la hauteur de ces attentes.

Les initiatives multiples engagées du côté français ne trouvaient pas un véritable répondant de la part des Algériens qui invoquaient toutes sortes de prétexte pour ne pas avancer de leur côté.

Au fil du temps, Macron s’est rendu compte que l’Algérie est loin de partager son volontarisme, ce qui l’a mené à faire une volte face franche au mois de juin dernier en adressant au roi du Maroc Mohamed VI une lettre dans laquelle il reconnaissait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, objet d’un litige vieux de plusieurs décennies avec l’Algérie.

Les dés sont jetés, Alger rappelle son ambassadeur à Paris et procède à la rupture de toutes sortes de canaux de communication entre les deux capitales.

Une polémique aigre s’est enclenchée entre les deux parties, avec Alger allant jusqu’à accuser la France d’avoir monté une opération clandestine pour déstabiliser le pouvoir algérien.

La tension est montée d’un cran à la suite de l’arrestation récente par les autorités algériennes de l’intellectuel franco-algérien Boualem Sansal, qualifié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, d’imposteur envoyé par la France, pour avoir formulé son soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara.

Depuis, les rebondissements se succèdent, dans son discours devant la 30e conférence des ambassadeurs le président français a fustigé cette arrestation dans des termes crus, estimant que « l’Algérie entre dans une histoire qui la déshonore », en maintenant Sansal âgé de 75 ans en détention.

Avant lui, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait exprimé son inquiétude concernant l’état de santé de l’intellectuel, estimant que « les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l'incarcérer ne sont pas valables ».

La riposte algérienne ne s’est pas fait attendre, le ministère des affaires étrangères a dénoncé dans un communiqué » les propos du président français qui déshonorent celui qui a cru devoir les tenir ».

Ces propos, ajoute le communiqué « ne peuvent qu’être rejetés et condamnés » ajoutant qu’il s’agit « d’une mise en cause de l’intégrité territoriale du pays ».

Parallèlement, Paris a procédé à l’arrestation de trois influenceurs algériens pour avoir inciter sur les réseaux sociaux à tuer tous ceux qui en France sont hostiles ou opposés au régime algérien.

Deux des influenceurs arrêtés sont sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, mais les autorités algériennes refusent de faciliter leur renvoi sur ses territoires…l’apaisement des relations avec la France va devoir attendre.