Lorsque Donald Trump a été élu pour un premier mandat présidentiel, ce fut une surprise. Nous savions très peu de choses sur lui – sa personnalité, ses idées ou son style de leadership. Lors d'un séminaire à huis clos, l'un de ses proches collaborateurs a déclaré: «Sa force est aussi son défaut. Il a une forte personnalité, alors prenez garde à ne pas le mettre en colère – il pourrait bien vous laisser tomber.» Il s'est avéré qu'il n'avait pas tort.
Cette nouvelle version de Trump semble différente de la première. Il semble moins agressif, plus disposé à écouter. Par ailleurs, il semble avoir une compréhension plus approfondie des questions politiques.
Nous sommes prudemment optimistes, compte tenu de son immense popularité à l'intérieur du pays. Ce soutien national lui donne une base solide pour exercer une influence interne et externe. Il a remporté toutes les batailles de sa campagne et ses adversaires ont déposé les armes, reconnaissant sa victoire. Nous connaissons ses capacités grâce à sa précédente présidence: il a le courage et l'énergie nécessaires pour apporter des changements significatifs. Comme tout président entamant un second mandat, il s'efforcera de marquer l'histoire de son empreinte.
Il est peut-être trop optimiste de voir en Trump l'homme qui mettra fin aux guerres et aux conflits, ou même de dire qu'il peut «sauver la planète». Toutefois, il a promis de travailler à la réalisation de ces objectifs.
Actuellement, il y a la guerre en Ukraine, les conflits à Gaza et au Liban, la question d'un État palestinien, les tensions avec l'Iran, la présence des Houthis à l'entrée de la mer Rouge, la fin de la présence militaire américaine en Irak et en Syrie, les menaces de la Corée du Nord à l'encontre des alliés des États-Unis et, peut-être la question la plus difficile, les relations tendues avec la Chine, tant sur le plan politique que militaire, dans des régions telles que les Philippines et Taïwan.
Comme tout président entamant un second mandat, Trump s'efforcera de marquer l'histoire de son empreinte.
- Abdulrahman Al-Rashed
Donald Trump a souvent évoqué sa capacité à tirer parti de sa relation avec le président russe Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. L'Europe et la Russie sont toutes deux enlisées dans ce conflit; après près de deux ans, la Russie n'a pas réussi à prendre le contrôle de l'Ukraine et les Ukrainiens n'ont pas réussi à chasser les forces russes. Une résolution militaire semble hors de portée.
Toutefois, il pourrait être plus facile de trouver une solution en Ukraine que de s'attaquer aux conflits complexes qui se chevauchent au Moyen-Orient. Trump peut-il naviguer dans ce paysage régional, où les précédents présidents comme Joe Biden, George W. Bush, Bill Clinton et Ronald Reagan ont vu leurs efforts échouer?
Des rapports suggèrent que M. Trump a déjà entamé des efforts officieux et non médiatisés de médiation pour mettre fin aux hostilités à Gaza et au Liban. Cela implique que les combattants pourraient continuer à se battre jusqu'après le 20 janvier, date à laquelle Trump entrera officiellement à la Maison Blanche et pourrait annoncer le premier accord de paix.
D'ici là, au cours des deux prochains mois, Trump laissera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou poursuivre les opérations militaires visant à affaiblir le Hamas et le Hezbollah. Une fois en fonction, Trump pourrait inciter les trois parties à négocier, chacune faisant des concessions: le Hamas pourrait libérer des otages, Israël pourrait accepter la direction de l'Autorité palestinienne à Gaza et l'armée libanaise prendrait le contrôle du sud, désarmant ainsi le Hezbollah.
Trump soutient la demande d'Israël d'empêcher le Hezbollah de reconstruire sa capacité militaire. Il s'agirait d'un accord limité, mais les négociateurs représentant le Hezbollah n'auraient guère le choix. En l'absence d'accord, Israël pourrait étendre ses opérations au Liban-Sud, intensifiant ses actions militaires et le Liban pourrait finalement être contraint d'accepter les conditions qu'il rejette actuellement.
Si un accord est conclu, il s'agira d'une étape positive, car il mettra fin au plus long conflit avec Israël dans l'histoire de la région.
Si Trump peut superviser un tel accord trilatéral en janvier, comme prévu, cela ouvrirait la voie à un défi plus important: la recherche d'un accord potentiel avec l'Iran.
Abdulrahman al-Rashed est un journaliste et intellectuel saoudien. Il est l’ancien directeur général de la chaîne d’information Al-Arabiya et l’ancien rédacteur en chef d’Asharq al-Awsat, où cet article a d’abord paru.
X: @aalrashed
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com