Le porte-avions Charles-de-Gaulle repart en opération après près d'un an d'indisponibilité

Le porte-avions français Charles de Gaulle est arrivé jeudi à Abou Dhabi. (Photo, Marine française)
Le porte-avions français Charles de Gaulle est arrivé jeudi à Abou Dhabi. (Photo, Marine française)
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Publié le Lundi 22 avril 2024

Le porte-avions Charles-de-Gaulle repart en opération après près d'un an d'indisponibilité

  • Du 26 avril au 10 mai, il participera à une mission de l'Otan regroupant des bâtiments de plusieurs nations (Etats-Unis, Grèce, Espagne, Portugal, Italie) sous le commandement de l'état-major maritime, comptant quinze nations dont la France, et dirigée pa
  • Avec cette mission, le Charles-de-Gaulle, qui embarque 1.900 membres d'équipage et 40 aéronefs, reprend les opérations après sa période d'indisponibilité

TOULON : Le porte-avions français Charles-de-Gaulle a appareillé lundi de Toulon, après huit mois de travaux et plusieurs essais en mer, pour six semaines d'opérations en Méditerranée dont deux où il sera placé sous contrôle opérationnel de l'Otan, une première.

Le fleuron de la flotte militaire française, avec ses avions de chasse Rafale Marine, a quitté le port du sud-est de la France vers 10H00, ont constaté des journalistes de l'AFP. Il est escorté dans ses navigations par un sous-marin nucléaire d'attaque, des frégates spécialisées et un ravitailleur, le tout constituant le "groupe aéronaval" français, le plus gros d'Europe.

Du 26 avril au 10 mai, il participera à une mission de l'Otan regroupant des bâtiments de plusieurs nations (Etats-Unis, Grèce, Espagne, Portugal, Italie) sous le commandement de l'état-major maritime, comptant quinze nations dont la France, et dirigée par un vice-amiral américain.

Le 25 avril, à la veille de son passage sous le contrôle opérationnel de l'Otan, le porte-avions accueillera également pour la première fois à son bord la conférence des 32 ambassadeurs des pays membres de l'alliance, signe d'un réinvestissement de la France dans l'Otan.

Le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l'Otan, avait souligné lors de l'annonce de cette mission que la France pouvait en "un claquement de doigt récupérer le commandement national en cours d'opérations si nécessaire".

Mais des voix avaient critiqué l'annonce du placement du porte-avions sous contrôle de l'alliance. Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a ainsi dénoncé sur X (ex-Twitter) le 12 avril une "vassalisation affichée" de la France.

"Il ne faut pas céder au mensonge", avait rétorqué sur le même réseau le ministre des Armées Sébastien Lecornu, assurant que "la France ne perd jamais le commandement de ses forces placées sous pavillon de l'Otan". "Notre porte-avions sera le fer de lance de cette mission conduite avec nos alliés. Nous sommes les seuls Européens capables de déployer un groupe aéronaval de cette envergure", avait-il ajouté.

Avec cette mission, le Charles-de-Gaulle, qui embarque 1.900 membres d'équipage et 40 aéronefs, reprend les opérations après sa période d'indisponibilité pour entretien intermédiaire (IEI) débutée en mai 2023, avec huit mois de travaux pour "entretenir et moderniser ses capacités", selon le ministère, et des essais en mer.

 

 


France : Jordan Bardella, nouveau présidentiable de l'extrême droite, à défaut de Le Pen

Cette combinaison d'images créée le 31 mars 2025 montre le président du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Jordan Bardella à Puteaux le 20 mars 2024, et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Assemblée nationale à Paris, le 17 février 2023.  Photo Bertrand GUAY et Ludovic MARIN / AFP)
Cette combinaison d'images créée le 31 mars 2025 montre le président du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Jordan Bardella à Puteaux le 20 mars 2024, et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Assemblée nationale à Paris, le 17 février 2023. Photo Bertrand GUAY et Ludovic MARIN / AFP)
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  • Jordan Bardella, le populaire président du Rassemblement national (RN), le parti d'extrême droite, se retrouve propulsé potentiel candidat au scrutin présidentiel français de 2027.
  • Celui qui briguait le poste de Premier ministre après la dissolution de 2024 a notamment échoué à faire gagner son parti aux législatives, même si le RN a réalisé une percée historique à l'Assemblée.

PARIS : Âgé de 29 ans, Jordan Bardella, le populaire président du Rassemblement national (RN), le parti d'extrême droite, se retrouve propulsé potentiel candidat au scrutin présidentiel français de 2027, sa mentor et cheffe de file du mouvement Marine Le Pen venant d'être déclarée inéligible.

La figure de proue de l'extrême droite française a été condamnée lundi dans une affaire de détournement de fonds par un tribunal qui a prononcé son inéligibilité pour cinq ans. Cette décision la prive de la route de la présidentielle de 2027, pour laquelle elle apparaissait favorite après trois tentatives infructueuses.

« C'est la démocratie française qui est exécutée », a réagi Jordan Bardella, vers qui les regards se tournent désormais. Son itinéraire politique a été fulgurant depuis qu'à l'âge de 17 ans, en 2012, il a pris sa carte au Front national (FN), un parti cofondé en 1972 par le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen.

En 2019, lorsque Marine Le Pen renonce à mener la liste du RN (qui a changé de nom l'année précédente) aux élections européennes, c'est à cet inconnu qui n'a pas de diplôme, excepté le baccalauréat, qu'échoit cette responsabilité.

En arrivant en tête du scrutin devant le camp du président Emmanuel Macron, Jordan Bardella démarre ainsi tambour battant une carrière politique le dimanche 19 mai 2019.

Il entend présenter le nouveau visage d'une extrême droite rajeunie et modernisée : un prénom hérité, comme « Steve » ou « Kévin », des feuilletons télévisés importés des États-Unis dans les années 1990 qu'il décrit comme des « marqueurs populaires », une enfance dans la banlieue de Paris, entre une mère employée dans une école et qui l'élève, et un père patron d'une petite entreprise, qu'il voit un week-end sur deux, et un patronyme qui renvoie à l'immigration italienne du XXe siècle.

Nouvel électorat

Porte-parole de la troisième campagne à l'élection présidentielle de Marine Le Pen en 2022, Jordan Bardella se montre aussi loyal qu'incontournable. En novembre, il est élu à la tête du RN, qui n'est plus, du moins officiellement, dirigé par un membre de la famille Le Pen, une première.

Mais c'est bien un « duo complémentaire » que mettent en place le jeune nouveau patron au million et demi d'abonnés sur TikTok, et son aînée Marine Le Pen.

À elle, le discours « ni-droite-ni-gauche » et l'opposition entre blocs « populaire » et « élitaire ». À lui de faire entendre ses nuances, « un peu plus de droite, un peu plus libéral », affirme un député RN.

Étude d'opinion à l'appui, Bardella apporte un nouvel électorat au socle lepéniste, jusqu'alors écrasé par un plafond de verre. Jeunes, cadres, urbains, retraités...  Toutes les catégories socio-professionnelles historiquement hostiles au RN offrent peu à peu leur confiance au parti.

Le jeune homme aux allures de gendre idéal se montre lisse et soigné en toutes circonstances. Il n'est cependant pas exempt de critiques en interne, comme le rappelle un article du quotidien Le Monde sur « les limites de la méthode Bardella ».

Celui qui briguait le poste de Premier ministre après la dissolution de 2024 a notamment échoué à faire gagner son parti aux législatives, même si le RN a réalisé une percée historique à l'Assemblée.

Selon un sondage publié lundi sur les personnalités politiques françaises, Marine Le Pen (37 %) se classe première dans le classement des cotes d'adhésion, devant Jordan Bardella (35 %).

En septembre 2023, Mme Le Pen avait annoncé que, si elle accédait à la présidence, elle ferait de Jordan Bardella son Premier ministre.

Le jeune homme peut désormais rêver de l'Élysée.


Procès du RN: inéligibilité immédiate pour Marine Le Pen, condamnée à deux ans de prison ferme

Cette annonce - avant le détail des peines - a laissé la salle sans voix. Après un moment de flottement, et alors que la présidente commençait à appeler les prévenus un à un, Marine Le Pen a échangé quelques mots avec son avocat, puis s'est levée et a quitté les lieux.  Elle a ensuite traversé le tribunal sans un mot pour les caméras la poursuivant, puis est montée dans une voiture qui l'attendait pour se rendre au siège parisien du RN. (AFP)
Cette annonce - avant le détail des peines - a laissé la salle sans voix. Après un moment de flottement, et alors que la présidente commençait à appeler les prévenus un à un, Marine Le Pen a échangé quelques mots avec son avocat, puis s'est levée et a quitté les lieux. Elle a ensuite traversé le tribunal sans un mot pour les caméras la poursuivant, puis est montée dans une voiture qui l'attendait pour se rendre au siège parisien du RN. (AFP)
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  • "Le tribunal a pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l'ordre public, en l'espèce le fait que soit candidate à l'élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance", a déclaré la présidente
  • Après un moment de flottement, et alors que la présidente commençait à appeler les prévenus un à un, Marine Le Pen a échangé quelques mots avec son avocat, puis s'est levée et a quitté les lieux.

PARIS: Marine Le Pen est inéligible, à effet immédiat et pour cinq ans, compromettant très sérieusement sa candidature à l'Elysée en 2027. Le tribunal de Paris l'a condamnée lundi au procès du RN à une peine de quatre ans de prison dont deux ferme, peine annoncée en l'absence de la cheffe de file de l'extrême droite qui a quitté la salle avant la fin de l'audience.

"Le tribunal a pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l'ordre public, en l'espèce le fait que soit candidate à l'élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance", a déclaré la présidente Bénédicte de Perthuis pour justifier la peine d'inéligibilité immédiate.

Cette annonce - avant le détail des peines - a laissé la salle sans voix. Après un moment de flottement, et alors que la présidente commençait à appeler les prévenus un à un, Marine Le Pen a échangé quelques mots avec son avocat, puis s'est levée et a quitté les lieux.

Elle a ensuite traversé le tribunal sans un mot pour les caméras la poursuivant, puis est montée dans une voiture qui l'attendait pour se rendre au siège parisien du RN.

Le peine de prison ordonnée contre Marine Le Pen est aménagée sous bracelet, a précisé le tribunal, ce qui veut dire qu'elle n'ira pas en prison.

La peine sera de toutes façons suspendue si elle fait appel du jugement, l'exécution immédiate ne s'appliquant que pour l'inéligibilité.

Elle a aussi été condamnée à une amende de 100.000 euros. Son parti, également reconnu coupable, a été condamné à une peine de 2 millions d'euros, dont un million ferme, et une confiscation d'1 million d'euros saisis pendant l'instruction.

Le Kremlin condamne 

Marine Le Pen, qui sera l'invitée du journal télévisé de 20H de TF1, a reçu plusieurs soutiens à l'étranger après l'énoncé du jugement. Le Kremlin a déploré une "violation des normes démocratiques". "Je suis Marine!", a écrit le Premier ministre hongrois Viktor Orban sur X.

"C'est la démocratie française qui est exécutée", a réagi le président du RN Jordan Bardella, qui a rejoint Marine Le Pen au siège du parti à la mi-journée.

A l'inverse, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier a estimé que la dirigeante d'extrême droite devait "payer sa peine".

Le prononcé d'une peine d'inéligibilité "apparaît nécessaire", a justifié la présidente du tribunal, soulignant la "gravité des faits". Elle a mis en avant "leur nature systématique", "leur durée", le "montant des fonds détournés" mais aussi "la qualité d'élu" des personnes condamnées, et "l'atteinte portée à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique".

Au terme de près de deux heures de lecture du jugement, le tribunal a considéré qu'un "système", "centralisé, optimisé" avait bien été mis en place pour permettre au Rassemblement national (ex-Front national) de faire "des économies" en payant, entre 2004-2016, des assistants parlementaires "fictifs" qui travaillaient en réalité pour le parti.

Evoquant une "double tromperie", à l'égard du Parlement européen et des électeurs, la présidente a souligné que le "système" mis en place équivalait à un "contournement des règles des partis politiques et du fonctionnement démocratique".

Au début de l'audience et devant Marine Le Pen, assise en veste bleue au premier rang, aux côtés notamment du vice-président du parti Louis Aliot, le tribunal a rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics, et les douze assistants coupables de recel.

"Il a été établi que toutes ces personnes travaillaient en réalité pour le parti, que leur député ne leur avait confié aucune tâche", qu'ils "passaient d'un député à l'autre", a-t-elle détaillé.

"Il ne s'agissait pas de mutualiser le travail des assistants mais plutôt de mutualiser les enveloppes des députés" pour faire faire "des économies" au parti en étant "directement financé par le Parlement européen", a-t-elle poursuivi, sous les protestations à voix basse de Marine Le Pen.

"Au coeur du système" 

Cette dernière était "au coeur de ce système", encore plus quand elle a pris la suite de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti à partir de 2011. "Elle s'est inscrite avec autorité et détermination dans le fonctionnement instauré par son père" dès 2004, a estimé le tribunal.

"Que les choses soient claires", avait commencé la présidente, "Personne n'est jugé pour avoir fait de la politique, c'est pas le sujet. La question, c'était de savoir si les contrats ont reçu une exécution ou pas".

Il n'y a pas eu d'"enrichissement personnel" mais "il y a bien un enrichissement du parti", a martelé la présidente, notant aussi que les salaires octroyés aux assistants parlementaires étaient plus "confortables" que ce que le parti aurait pu se permettre.

Au terme de deux mois de procès (30 septembre-27 novembre) et à la surprise générale, l'accusation avait requis à l'encontre de la cheffe de file de l'extrême droite une peine de cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire (s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel) en plus de cinq ans de prison dont deux ferme (une peine aménageable), ainsi que 300.000 euros d'amende.

Si elle fait appel, vu les délais habituels de la justice, il est envisageable que son second procès se tienne dans au moins un an, soit une décision pas avant l'automne 2026, quelques mois avant la présidentielle.

Mais sa marche vers l'élection est aujourd'hui compliquée. "Ca fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même", reconnaissait un membre de sa garde rapprochée la semaine dernière, parlant d'"épée de Damoclès" en cas d'inéligibilité avec exécution provisoire. "Lundi, c'est un monde qui peut s'effondrer".

Selon un sondage Ifop pour le JDD publié ce week-end, si une élection présidentielle se tenait aujourd'hui, la cheffe de file du Rassemblement national arriverait largement en tête au premier tour, avec entre 34% et 37% des intentions de vote en fonction des candidats face à elle.


Procès du RN: inéligibilité avec exécution immédiate pour Marine Le Pen et certains de ses coprévenus

Après un temps de silence dans la salle d'audience, le tribunal a commencé à appeler les prévenus à la barre pour leur annoncer leur peine. Marine Le Pen, elle, a quitté la salle d'audience, sans attendre de savoir quelle peine était prononcée contre elle, puis est partie du tribunal sans mot dire. (AFP)
Après un temps de silence dans la salle d'audience, le tribunal a commencé à appeler les prévenus à la barre pour leur annoncer leur peine. Marine Le Pen, elle, a quitté la salle d'audience, sans attendre de savoir quelle peine était prononcée contre elle, puis est partie du tribunal sans mot dire. (AFP)
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  • Devant Marine Le Pen, assise en veste bleue au premier rang, aux côtés notamment du vice-président du parti Louis Aliot, le tribunal a rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics
  • La peine d'inéligibilité était attendue car elle est obligatoire pour le détournement de fonds publics (le délit reproché à Marine Le Pen), mais l'exécution provisoire l'est beaucoup moins

PARIS: Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé, lundi au procès des assistants parlementaires européens, contre Marine Le Pen une peine d'inéligibilité s'appliquant immédiatement (exécution provisoire), obérant à ce stade ses chances de se présenter à l'élection présidentielle de 2027.

"Il s'agit de veiller à ce que les élus comme tous les justiciables ne bénéficient pas d'un régime de faveur", a déclaré la présidente Bénédicte de Perthuis. Après un temps de silence dans la salle d'audience, le tribunal a commencé à appeler les prévenus à la barre pour leur annoncer leur peine. Marine Le Pen, elle, a quitté la salle d'audience, sans attendre de savoir quelle peine était prononcée contre elle, puis est partie du tribunal sans mot dire.

Cette peine d'inéligibilité est attendue car elle est obligatoire pour le détournement de fonds publics (le délit reproché à Marine Le Pen), mais l'exécution provisoire l'est beaucoup moins.

Devant Marine Le Pen, assise en veste bleue au premier rang, aux côtés notamment du vice-président du parti Louis Aliot, le tribunal a rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics, et les douze assistants coupables de recel.

Ils ont signé des "contrats fictifs" et il y a bien eu l'existence d'un "système" au sein du parti, a déclaré la présidente Bénédicte de Perthuis. "Il a été établi que toutes ces personnes travaillaient en réalité pour le parti, que leur député ne leur avait confié aucune tâche", qu'ils "passaient d'un député à l'autre", a-t-elle détaillé.

"Il ne s'agissait pas de mutualiser le travail des assistants mais plutôt de mutualiser les enveloppes des députés", a-t-elle poursuivi.

"Que les choses soient claires: personne n'est jugé pour avoir fait de la politique, c'est pas le sujet. La question, c'était de savoir si les contrats ont reçu une exécution ou pas", a déclaré la magistrate.

Au terme de deux mois de procès (30 septembre-27 novembre) et à la surprise générale, l'accusation avait requis à l'encontre de la cheffe de file de l'extrême droite une peine de cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire (s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel) en plus de cinq ans de prison dont deux ferme (une peine aménageable), ainsi que 300.000 euros d'amende.

"Un monde peut s'effondrer" 

"Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas, mais je comprends qu'on puisse l'être: avec l'exécution provisoire, les juges ont un droit de vie ou de mort sur notre mouvement", a commenté la cheffe de file du Rassemblement national dans La Tribune Dimanche.

"Je ne crois pas qu'ils iront jusque là", a-t-elle ajouté, dans une de ses rares expressions publiques sur cette échéance.

Si elle est condamnée, vu les délais habituels de la justice, on peut imaginer que son second procès se tienne dans au moins un an, soit une décision pas avant l'automne 2026, quelques mois avant la présidentielle.

Mais si elle est déjà officiellement inéligible durant cette période, cela risque de perturber sa marche vers l'élection : "ça fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même", reconnaissait un membre de sa garde rapprochée la semaine dernière, parlant d'"épée de Damoclès". "Lundi, c'est un monde qui peut s'effondrer".

Selon un sondage Ifop pour le JDD publié ce week-end, si une élection présidentielle se tenait aujourd'hui, la cheffe de file du Rassemblement national arriverait largement en tête au premier tour, avec entre 34% et 37% des intentions de vote en fonction des candidats face à elle.

Enjeux inédits 

Le tribunal a bien en tête les enjeux inédits de sa décision.

Notamment parce que Marine Le Pen a passé une grande partie de son procès à leur expliquer "la réalité" de la vie politique.

En balayant en bloc les accusations de "système" mis en place pendant près de 15 ans dans son parti pour payer avec l'argent de l'Europe des assistants parlementaires "fictifs" qui auraient en vérité travaillé pour le RN (ex-Front national).

Ses 24 coprévenus (plus le parti, contre qui une amende de 4,3 millions d'euros, dont 2 millions ferme a été requise) - neuf ex-eurodéputés frontistes et leurs 12 anciens assistants parlementaires - ont quasi unanimement suivi sa ligne, malgré un dossier parfois accablant.

Si le tribunal décide qu'elle est coupable, jugera-t-il, comme l'accusation, les faits assez graves pour justifier de potentiellement "priver" les Français de candidate, comme leur avait dit Marine Le Pen lors de son dernier interrogatoire ?

La justice ne peut pas être comptable des "ambitions" politiques de chacun, avaient justifié les procureurs dans leurs réquisitions, en demandant l'inéligibilité immédiate pour tous les prévenus.