MAMOUDZOU: Marine Le Pen a estimé lundi lors d'un déplacement à Mayotte que son rôle était de "sonner la cloche" pour "rappeler les gouvernants aux promesses qui ont été faites", trois semaines après le passage du cyclone Chido dans l'archipel.
"On n'est pas au gouvernement, on n'est pas décideur, mais nous sommes ceux qui pouvons sonner la cloche quand tout le monde regardera ailleurs (...) pour rappeler les gouvernants aux promesses qui ont été faites", a considéré la leader d'extrême droite à l'issue d'une visite du centre hospitalier de Mamoudzou qui a encore subi des pluies torrentielles vendredi dernier, provoquant des infiltrations d'eau.
Marine Le Pen a notamment considéré qu'"on paie tous ces projets qui ont été promis et qui sont dans des tuyaux dit-on, mais des tuyaux qui sont très longs manifestement", évoquant, après avoir constaté des urgences bondées, notamment l'objectif d'un nouvel hôpital sur l'île.
En faisant part de son "inquiétude" que "la situation (devienne) profondément catastrophique" lorsque "les yeux seront tournés vers d'autres difficultés et où l'émotion sera moins vive", la patronne des députés RN à l'Assemblée nationale a encore suggéré de "s'adresser à un certain nombre d'ONG, de fondations humanitaires pour combler les besoins qu'il y a, notamment de personnels soignants, d'infirmières, de sages femmes: voilà quel est le rôle que nous allons avoir".
Selon le ministère de l'Intérieur, le cyclone Chido a fait au moins 39 morts et a "entièrement détruit" l'habitat précaire où vivent 100.000 personnes. Très fortement touché, l'hôpital général de Mayotte est désormais opérationnel à 76% (50% pour la maternité).
Pour pallier ses difficultés, le gouvernement a déployé un hôpital de campagne, qui a accueilli 2.547 patients depuis le 24 décembre et procédé à une dizaine d'interventions chirurgicales.
Terrain conquis
Marine Le Pen est arrivée dimanche dans l'archipel, où elle a déjà rencontré des militaires et des pompiers sur une base utilisée par la sécurité civile près de l'aéroport de Dzaoudzi.
Après la visite de l'hôpital et du dispensaire de Jacaranda, les pieds dans l'eau et sans électricité, elle doit effectuer lundi un tour de l'île pour y rencontrer élus et habitants dans le nord (Handréma, Hamjago), l'ouest (Sohoa, Sada) et le sud-ouest (Boueni), des lieux qui restent encore difficiles d'accès.
Première leader métropolitaine de l'opposition à se rendre dans le département balayé par le cyclone Chido, la triple candidate malheureuse à la présidentielle est en terrain conquis: elle y avait obtenu 59,1% des suffrages au second tour en 2022, et le RN s'est pour la première fois imposé aux législatives de juillet dans la deuxième circonscription.
Marine Le Pen avait entendu dès son arrivée mettre un coup de pression au gouvernement, en jugeant que "sans régler le problème de l'immigration clandestine, rien ne sera utile", promettant d'"amender" en ce sens le projet de loi d'urgence qui doit être présenté mercredi en Conseil des ministres.
Trois ministres, Manuel Valls (Outre-mer), Bruno Retailleau (Intérieur) et Sébastien Lecornu (Armées) avaient annoncé dimanche dans Le Figaro des "mesures de fermeté" contre l'immigration irrégulière dans le second projet de loi "programme", prévu dans quelques mois.
La population de Mayotte est estimée par l'Insee à 320.000 habitants, dont la moitié ne possède pas la nationalité française, mais il pourrait y avoir "100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale", selon une source proche des autorités.
Face à cette immigration irrégulière, François Bayrou avait plaidé pour un recensement de la population et posé la "question" de revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint dans l'archipel.
Mais pour sa prédécesseure Elisabeth Borne, désormais ministre de l'Education nationale, abroger le droit du sol à Mayotte n'est "pas la bonne voie" car "il y a d'autres mesures" possibles.