France: l'avenir politique de Marine Le Pen suspendu lundi à une décision de justice

Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. (AFP)
Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. (AFP)
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Publié le Lundi 31 mars 2025

France: l'avenir politique de Marine Le Pen suspendu lundi à une décision de justice

  • L'accusation a requis fin novembre à l'encontre de Mme Le Pen, à la surprise générale, une peine de cinq ans d'inéligibilité "avec exécution provisoire", c'est-à-dire s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel de l'intéressée
  • Si les juges suivent lundi ce réquisitoire, Mme Le Pen, 56 ans, ne pourra a priori pas participer au prochain scrutin présidentiel prévu en 2027, après déjà trois tentatives infructueuses

PARIS: La cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen saura lundi matin si la justice l'autorise à se présenter à la présidentielle de 2027, dont elle est une des favorites.

Cette décision, dans une affaire de détournement présumé de fonds publics, tient en haleine la classe politique en France, de par ses conséquences électorales.

L'enjeu a été démultiplié depuis que l'accusation a requis fin novembre à l'encontre de Mme Le Pen, à la surprise générale, une peine de cinq ans d'inéligibilité "avec exécution provisoire", c'est-à-dire s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel de l'intéressée.

Si les juges suivent lundi ce réquisitoire, Mme Le Pen, 56 ans, ne pourra a priori pas participer au prochain scrutin présidentiel prévu en 2027, après déjà trois tentatives infructueuses. Le jugement sera prononcé à partir de 08H00 GMT.

"Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas, mais je comprends qu'on puisse l'être (...) les juges ont un droit de vie ou de mort sur notre mouvement", a commenté la députée dans l'hebdomadaire La Tribune Dimanche. En s'empressant d'ajouter: "je ne crois pas qu'ils iront jusque là".

L'accusation requiert également cinq ans de prison dont deux fermes, aménageables en travaux d'intérêt public, et 300.000 euros d'amende.

"Dans tous les cas de figure, ça ne nous affaiblira pas", a estimé lundi sur la chaîne TF1 le vice-président du parti Louis Aliot, qui risque également une condamnation dans ce dossier.

Interrogé sur la "sérénité" revendiquée par Marine Le Pen, l'actuel maire de Perpignan (sud) a estimé qu'"on n'a pas le choix que d'être serein". "On s'adaptera à la décision prise par les juges", a-t-il complété, promettant que son ancienne compagne "se battra en appel quoiqu'il arrive".

Polir l'image du FN 

Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. Ce n'est cependant pas un gage de succès final car elle a déjà échoué en 2017 puis en 2022 au second tour face à l'actuel président Emmanuel Macron, qui ne peut pas se représenter.

Mais dans une Assemblée très fractionnée, elle dirige le groupe parlementaire le plus important, capable de faire tomber à tout moment le gouvernement.

Mme Le Pen espère enfin récolter en 2027 les fruits d'une grosse décennie passée à polir l'image du parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen, condamné pour propos racistes et antisémites, et décédé le 7 janvier.

Initialement nommée Front National, la formation a été rebaptisée Rassemblement national en 2018.

Si la lutte contre l'immigration reste au cœur de son programme et "la menace islamiste" l'antienne de ses discours, Mme Le Pen a notamment renoncé à sortir de l'euro.

Président du parti, Jordan Bardella a été la semaine dernière le premier dirigeant du RN invité par le gouvernement israélien, comme pour faire oublier les jeux de mots à consonance antisémite affectionnés par le "patriarche" Jean-Marie Le Pen.

Selon l'accusation, le Front national avait mis en place un "système organisé, systématisé" ayant permis entre 2004 et 2016 de faire du Parlement européen la "vache à lait" du parti.

Concrètement, le RN et sa dirigeante sont aujourd'hui accusés d'avoir utilisé les enveloppes de 21.000 euros par mois auxquelles les députés européens avaient droit pour rémunérer des assistants parlementaires "fictifs" qui travaillaient en fait pour le parti comme garde du corps, graphiste ou secrétaire. Le Parlement européen estime le préjudice à 4,5 millions d'euros.

Un plan B comme Bardella? 

Pendant huit semaines à l'automne dernier, neuf anciens eurodéputés FN - dont Marine Le Pen - ont comparu avec 12 personnes soupçonnées d'avoir bénéficié d'emplois fictifs (recel), le trésorier et les experts-comptables du parti (complicité).

Tout au long du procès, Mme Le Pen n'a cessé de clamer son innocence.

Mais a quelques heures de l'échéance ce lundi, certains cadres du parti ont critiqué, sous couvert d'anonymat, le "côté amateur" selon eux de sa stratégie de défense, ou encore le "tabou" ayant empêché toute discussion collective sur le sujet.

La peine d'inéligibilité est obligatoire pour le délit de détournement de fonds publics reproché à Mme Le Pen, mais la demande de son application immédiate a surpris.

Certains adversaires politiques du RN craignent qu'une telle décision soit incomprise d'une large partie de l'opinion, et qu'elle ne fasse in fine le jeu du parti d'extrême droite.

En cas d'inéligibilité de Mme Le Pen, Jordan Bardella apparaît comme une alternative toute trouvée. L'ambitieux dirigeant de 29 ans bénéficie d'une large cote de sympathie. Légèrement supérieure, même, à celle de son mentor selon un récent sondage.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.