La récente frappe israélienne qui a tué sept hauts commandants de la force Qods iranienne dans le quartier de Mazzeh, à Damas, devrait servir de véritable sonnette d’alarme pour le Hezbollah. Il semble que le Hezbollah soit tombé dans son propre piège, car il est évident que Tel-Aviv ne lâchera pas prise, quoi qu’il arrive, bien que la milice pro-iranienne au Liban soit convaincue qu’elle est en mesure de faire face à Israël sur le plan militaire. Mais le Hezbollah est bel et bien pris au piège. L’attaque du 7 octobre a bouleversé tous les concepts et sapé les règles d’engagement avec Israël; ce dernier considère qu’il mène une guerre existentielle.
Malgré les pressions internes et externes exercées sur le gouvernement de Benjamin Netanyahou, le Hezbollah refuse de prendre conscience du fait qu'il existe en Israël un consensus qui unit les partis ainsi que les sensibilités politiques en apportant son soutien à une guerre à grande échelle contre le Hezbollah au Liban.
Rappelons que l’opération appelée «Déluge Al-Aqsa» a profondément choqué la société israélienne; elle a libéré le monstre qui dormait en elle. L’analyse faite par le leadership du Hezbollah est illusoire, en réalité, au point qu'il croit que la guerre d’usure pourrait changer le rapport des forces sur le champ de bataille dans la bande de Gaza. Il est également illusoire de penser qu’Israël coexistera indéfiniment avec 100 000 missiles et des milliers de combattants entraînés à sa frontière nord avec le Liban.
Depuis le 7 octobre, quelque chose de nouveau se passe en Israël, et l’Amérique n’y est pas étrangère, surtout en ce qui concerne la sécurité à la frontière libano-israélienne. Cette question restera à l’ordre du jour, même après la fin de la guerre à Gaza. Le fait que le Hezbollah soit impliqué dans la guerre d’usure contre Israël ajoute à la gravité de la situation. Bien que l'écrasante majorité des Libanais rejette cette situation, l’implication du Hezbollah met en danger le pays du Cèdre tout entier.
La récente frappe de Damas a révélé que les Israéliens iront jusqu’à tuer les plus hauts gradés des Gardiens de la révolution ainsi que les dirigeants et les cadres des milices pro-iraniennes au Liban, en Syrie et en Irak.
Il a été prouvé que la traque de haute intensité des officiers supérieurs iraniens en Syrie n’a pas suffi, jusqu’à présent, à entraîner Téhéran dans une confrontation ouverte avec Israël. Par conséquent, l’escalade israélienne qui se profile à l’horizon, aussi violente soit-elle, ne conduira pas Téhéran à prendre la décision d’impliquer le Hezbollah dans une guerre globale avec Israël. D’où notre question: dans cette guerre aventureuse qui ne concerne pas le Liban, que veut réellement le Hezbollah?
Le fait que le parti pro-iranien parie sur la crise politique intérieure en Israël et sur les tensions entre ce dernier et l'Amérique, ce qui mènerait d'une manière ou d'une autre à la fin de la guerre à Gaza et empêcherait une guerre au Liban, constitue une autre illusion. Elle vient s'ajouter à la série d'illusions qui dominent les esprits des dirigeants du Hezbollah. Tout comme la tentative de déstabilisation de la Jordanie.
Les forces politiques libanaises qui rejettent la politique du Hezbollah devraient hausser le ton. Et ne pas se contenter d’exprimer une contestation frileuse. Il doit y avoir une opposition nationale libanaise franche et courageuse, il en va de l’avenir du Liban.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. X: @AliNahar
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