DAMAS: La Syrie et l'Irak ont dénoncé samedi les frappes de représailles menées par les Etats-Unis contre des forces d'élite iraniennes et des groupes armés pro-iraniens sur leurs territoires, qui ont fait au moins 45 morts, dont des civils.
Les Etats-Unis ont promis d'autres frappes en riposte à l'attaque attribuée par Washington à des groupes pro-Iran le 28 janvier contre une base américaine en Jordanie, près des frontières syrienne et irakienne, dans laquelle trois soldats américains ont été tués.
"Notre riposte a commencé aujourd'hui. Elle continuera selon le calendrier et aux endroits que nous déciderons", a averti vendredi le président Joe Biden.
Dans un communiqué, le mouvement al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens se faisant appeler "Résistance islamique en Irak", a averti qu'il riposterait "au moment approprié" aux frappes américaines.
Ennemi juré des Etats-Unis, l'Iran a dénoncé "une violation de la souveraineté de la Syrie et de l'Irak", tandis que le mouvement islamiste palestinien Hamas, en guerre contre Israël à Gaza, a estimé qu'elles mettaient "de l'huile sur le feu".
Au moins 29 combattants pro-iraniens incluant neuf Syriens, six Irakiens et six Libanais du Hezbollah, ont été tués dans ces frappes à Deir Ezzor et Al-Mayadine, dans l'est de la Syrie en guerre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
En Irak, 16 personnes dont des civils ont été tuées, a annoncé le gouvernement. Le bilan pourrait toutefois être plus lourd, le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-iraniens intégrée aux forces irakiennes, déplorant 16 morts dans ses rangs.
Réunion du Conseil de sécurité
A Bagdad, les autorités ont fustigé "une violation de la souveraineté irakienne" et convoqué le chargé d'affaires américain à Bagdad, à qui elles ont remis une "lettre de protestation".
Selon elles, la présence sur leur sol d'une coalition internationale antijihadistes menée par Washington est "devenue une menace pour la sécurité" du pays.
A Damas, l'armée syrienne a jugé que "l'occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer".
Quelque 900 soldats américains sont déployés en Syrie et 2.500 en Irak voisin dans le cadre de la coalition internationale créée pour combattre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a été défait après avoir été chassé des régions qu'il occupait dans ces deux pays.
La coalition est restée pour lutter contre des cellules jihadistes qui continuent de mener des attaques.
A la demande de la Russie, qui a accusé les Etats-Unis de "semer le chaos" au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence lundi au sujet des frappes américaines selon des sources diplomatiques.
Nouvelles frappes américaines
L'intervention militaire américaine vendredi a duré trente minutes environ et a été "un succès", selon la Maison Blanche, qui a assuré ne pas vouloir d'une "guerre" avec l'Iran.
Un total de 85 cibles sur sept sites différents (quatre en Syrie et trois en Irak) ont été visées, a indiqué John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Les forces américaines ont pris pour cible les Gardiens de la Révolution islamique, armée idéologique de l'Iran, et des groupes armés pro-iraniens, a-t-il précisé.
Depuis la mi-octobre, peu après le début de la guerre le 7 octobre entre le Hamas et Israël, proche allié des Etats-Unis, plus de 165 frappes de drones et tirs de roquettes ont visé les forces américaines en Irak et en Syrie, mais aucun militaire américain n'avait été tué jusqu'à l'attaque du 28 janvier.
La plupart des attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak".
Samedi, les Etats-Unis ont procédé à de nouvelles frappes au Yémen, ciblant six missiles antinavires des Houthis "prêts à être lancés contre des navires en mer Rouge", où ces rebelles yéménites proches de l'Iran multiplient les attaques.
Vendredi, l'armée américaine a détruit huit drones au large du Yémen et quatre au sol afin de "protéger la liberté de navigation" des attaques des Houthis qui disent agir "en solidarité" avec les Palestiniens à Gaza.
"Les Etats-Unis ne veulent de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde. Mais que ceux qui veulent nous faire du mal le sachent bien: si vous touchez à un Américain, nous répondrons", a prévenu Joe Biden après avoir assisté au retour aux Etats-Unis des corps des trois militaires américains tués.