La lutte contre le trafic de drogue devrait être la priorité absolue de la Syrie

L’engagement de la Syrie dans la lutte contre le trafic de stupéfiants peut ouvrir la voie à une coopération accrue avec les pays voisins (Photo, AFP).
L’engagement de la Syrie dans la lutte contre le trafic de stupéfiants peut ouvrir la voie à une coopération accrue avec les pays voisins (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

La lutte contre le trafic de drogue devrait être la priorité absolue de la Syrie

La lutte contre le trafic de drogue devrait être la priorité absolue de la Syrie
  • Les effets néfastes du trafic de drogue s’étendent au-delà de la Syrie et se répandent dans divers pays de la région
  • En donnant la priorité à la lutte contre le trafic de drogue, la Syrie peut contribuer directement au renforcement de sa sécurité nationale et favoriser un avenir plus stable

La Syrie, nation déchirée par des années de conflits, est actuellement confrontée à un enjeu crucial aux multiples facettes, souvent éclipsé par d’autres problèmes: la recrudescence du trafic et de la contrebande de drogue. Alors que le pays s’efforce de se reconstruire et de retrouver la stabilité, la lutte contre la menace du trafic de drogue devrait figurer au premier rang des priorités du programme de Damas au niveau national.

Les effets néfastes du trafic de drogue s’étendent au-delà de la Syrie et se répandent dans divers pays de la région. Cette activité illégale constitue non seulement une menace directe pour la sécurité et le bien-être de la population syrienne, mais crée également des répercussions qui ont un impact sur la stabilité et les conditions socio-économiques des pays voisins.

Les autorités jordaniennes ont récemment fait échouer plusieurs tentatives de contrebande dont certaines utilisaient des drones pour faire passer de la drogue à la frontière. La Jordanie a malheureusement été utilisée comme voie de transit pour le Captagon, une drogue hautement addictive. L'armée jordanienne a intensifié ses efforts contre les trafiquants de drogue. Ces derniers, infiltrés au-delà de la frontière, ont été confondus alors qu’ils transportaient d'importantes quantités d'armes et d'explosifs, ce qui a déclenché une escalade de la campagne contre les trafiquants de drogue. Le 4 janvier, la Jordanie a effectué des frappes aériennes en Syrie, ciblant des entrepôts et des caches qu'elle soupçonnait d'être exploités par des trafiquants de drogue soutenus par l'Iran, comme l'ont rapporté des sources de renseignement jordaniennes et régionales.

Il existe plusieurs raisons essentielles pour lesquelles la lutte contre le trafic de drogue devrait être cette année une priorité absolue pour la Syrie.

Tout d’abord, le lien entre le trafic de drogue et la sécurité nationale ne saurait être amplifié. Il va sans dire que le commerce illégal de drogues alimente souvent les activités d’acteurs non étatiques, leur fournissant une source de financement lucrative. Cela s’effectue de façon particulière en Syrie, où, la persistance des conflits ayant engendré divers groupes armés et milices, la suppression de cette planche de salut financière reste impérative pour les mesures qui visent à diminuer l’influence et les capacités de ces groupes.

En d’autres termes, en donnant la priorité à la lutte contre le trafic de drogue, la Syrie peut contribuer directement au renforcement de sa sécurité nationale et favoriser un avenir plus stable.

Deuxièmement, les conséquences économiques du trafic de drogue sont considérables et touchent les communautés, les familles et les individus. La prolifération des drogues illégales entraîne non seulement des problèmes de toxicomanie et de santé, mais alimente également la criminalité et la corruption. La lutte contre le trafic de drogue constitue donc une étape cruciale vers la réduction de ces conséquences socio-économiques.

En réduisant la circulation de substances illégales, le gouvernement syrien peut ouvrir la voie à une reprise économique, favorisant ainsi un environnement propice à la reconstruction des infrastructures et à la dynamisation des communautés.

La relation entre les drogues illégales et la situation critique de la santé publique ne doit pas être sous-estimée; la Syrie n’échappe pas à ce problème mondial. L’afflux de drogues illégales accentue les problèmes sanitaires existants et met à rude épreuve un système de santé déjà fragile. Donner la priorité à la lutte contre le trafic de drogue signifie essentiellement un engagement à préserver le bien-être des citoyens syriens et contribue activement à la création d’une société plus saine.

«En réduisant la circulation de substances illégales, le gouvernement syrien peut ouvrir la voie à une reprise économique.»

Dr Majid Rafizadeh

Le gouvernement syrien devrait coopérer plus activement et plus fermement avec d’autres pays pour résoudre ce problème. La lutte contre le trafic de drogue nécessite des efforts de collaboration non seulement au niveau national, mais également aux niveaux régional et mondial. L’engagement de la Syrie dans la lutte contre le commerce illégal des drogues peut ouvrir la voie à une coopération accrue avec les pays voisins et les organismes internationaux.

Les efforts de collaboration peuvent faciliter le partage de renseignements, les opérations conjointes et la mise en œuvre de stratégies efficaces pour entraver les chaînes d’approvisionnement en drogues. En s’engageant activement dans des partenariats régionaux et mondiaux, le gouvernement syrien peut renforcer sa situation dans la lutte contre la criminalité transfrontalière organisée.

Troisièmement, les groupes terroristes et les milices s’appuient souvent sur des activités illicites telles que le trafic de drogue pour financer leurs activités terroristes. Donner la priorité à la lutte contre le trafic de drogue en Syrie peut porter un coup dur aux réseaux financiers qui soutiennent le terrorisme. Il est essentiel de déstabiliser ces mécanismes de financement non seulement pour la sécurité nationale, mais aussi pour contribuer aux efforts régionaux et mondiaux de lutte contre le financement du terrorisme.

En outre, il existe un lien entre le trafic de drogue et l’augmentation d’autres violations de la loi. Le trafic de drogue hors de contrôle contribue à une augmentation des délits liés à la drogue, notamment la violence et le vol. Donner la priorité aux efforts qui visent à réduire la circulation de drogues illégales constitue donc une mesure préventive contre la recrudescence de ces crimes. En adoptant une approche dynamique contre le trafic de drogue, Damas peut créer un environnement plus sûr pour ses citoyens et réduire la fréquence d'autres crimes qui y sont liés.

En outre, en s’attaquant activement à cette question, la Syrie peut œuvrer à améliorer sa position au niveau international. Faire preuve d’un engagement qui vise à éliminer les problèmes liés à la drogue peut améliorer les relations diplomatiques, attirer les investissements étrangers et contribuer à restaurer le prestige de la Syrie sur la scène mondiale. En effet, la communauté internationale surveille de près l’engagement de tous les pays dans la lutte contre les activités illégales, notamment le trafic de drogue.

Enfin, alors que la Syrie s’efforce de se reconstruire et de parvenir à une stabilité à long terme, il serait primordial qu’elle s’attaque aux causes profondes de l’instabilité du pays. Le trafic de drogue, avec ses vastes implications sociales, économiques et sécuritaires, constitue un redoutable obstacle aux efforts de reconstruction. En faisant de la lutte contre le trafic de drogue une priorité absolue, le gouvernement syrien peut ouvrir la voie à une stabilité durable et créer un environnement propice à une reconstruction globale.

En un mot, on ne saurait trop insister sur l’urgente nécessité de donner la priorité à la lutte contre le trafic de drogue en Syrie. Au-delà de son impact immédiat sur la sécurité nationale, ce problème s’infiltre dans diverses facettes de la société syrienne en influant sur la santé publique, la reprise économique et la stabilité générale. Les conséquences néfastes du trafic de drogue s’étendent également au-delà de la Syrie et touchent divers pays de la région.

En élevant cette cause au premier plan de son programme national, Damas peut favoriser un avenir plus sain et plus sûr pour ses citoyens tout en montrant à la communauté internationale son engagement en faveur des efforts mondiaux contre la criminalité organisée et le commerce illégal des drogues.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. 

X: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com