Dans le nord de la Syrie, les agriculteurs abandonnent leurs terres

Un berger mène son troupeau près d'une parcelle de terre agricole dans la région de Qamishli, dans le nord-est de la Syrie, le 14 décembre 2023. (AFP)
Un berger mène son troupeau près d'une parcelle de terre agricole dans la région de Qamishli, dans le nord-est de la Syrie, le 14 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 14 janvier 2024

Dans le nord de la Syrie, les agriculteurs abandonnent leurs terres

  • Désertification, baisse des précipitations, assèchement des rivières et températures extrêmes: dans la région, les manifestations du changement climatique sont omniprésentes
  • La production agricole dans le pays a diminué d'environ 50% au cours des dix dernières années, selon Suhair Zaqout, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge pour la Syrie

JAABAR AL-SAGHIR, Syrie : Dans le nord de la Syrie, la guerre et les sécheresses répétées ont eu raison de la volonté d'Omar Abdel Fattah, un agriculteur qui a abandonné ses champs pour un emploi lui permettant de faire vivre sa famille.

«J'ai décidé de travailler en tant qu'employé pour subvenir aux besoins de ma famille et garantir une éducation à mes enfants», déclare cet homme de 50 ans au visage buriné.

Dans son village de Jaabar al-Saghir, près de la localité de Tabqa, située sur les bords de l'Euphrate qui s'assèche d'année en année, il montre ses champs de blé ou de coton qu'il loue désormais à un autre agriculteur.

«Je ne peux plus assumer les coûts de l'agriculture, ni puiser l'eau de l'Euphrate pour irriguer les terres», ajoute ce père de huit enfants.

«Voir quelqu'un d'autre cultiver mes terres me fend le coeur», avoue-t-il.

M. Abdel Fattah est désormais employé dans une station de pompage d'eau relevant de l'administration autonome kurde, qui administre de vastes zones du nord-est de la Syrie. Il perçoit un salaire mensuel d'environ 70 dollars.

«Certains de mes proches ont émigré et d'autres ont loué leurs terres parce que les conditions de vie sont très difficiles», explique-t-il.

- «Peu de bénéfices» -

La guerre civile en Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays en zones d'influences.

Dans les plaines asséchées des environs de Tabqa et Raqqa, la plupart des champs sont délaissés. Par endroits, on peut voir quelques agriculteurs et ouvriers récoltant des pommes de terre et du maïs.

Désertification, baisse des précipitations, assèchement des rivières et températures extrêmes: dans la région, les manifestations du changement climatique sont omniprésentes.

En conséquence, la production agricole dans le pays a diminué d'environ 50% au cours des dix dernières années, selon Suhair Zaqout, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge pour la Syrie.

Jassem al-Rached, un agriculteur de 55 ans du village de Qahtaniya, près de Raqqa, se retrouve seul aujourd'hui à cultiver ses terres, alors que ses sept enfants l'aidaient par le passé.

«Deux d'entre eux ont émigré en Europe, deux autres sont devenus commerçants de bétail et les trois derniers ont rejoint la police et les forces» kurdes, dit-il.

«L'agriculture a été ma seule source de revenus pendant trente ans», mais elle n'est «plus rentable (...) en raison de la sécheresse»«, explique-t-il.

Selon une étude du World Weather Attribution (WWA), qui analyse le lien entre les facteurs météorologiques et le changement climatique, publiée en novembre, les températures élevées résultant du changement climatique ont «multiplié par 25 la probabilité qu'une sécheresse se produise en Syrie».

La Syrie est l'un des pays les plus gravement touchés par le changement climatique mais qui reçoit le moins de financements pour y faire face.

Devant ses terres désormais arides près de la ville kurde de Qamichli, Farouk Mohamed dit lui aussi avoir décidé de «travailler pour l'administration autonome afin de joindre les deux bouts».

«La région dépend de l'eau de pluie. Des années de sécheresse ont affecté les agriculteurs, en plus de la hausse des prix du carburant», explique cet homme de 40 ans.

- «Désertification» -

Le changement climatique n'est pas le seul problème. La Syrie, ravagée par la guerre civile, est également en proie à une crise économique étouffante, marquée par des pénuries de carburant et de longues heures de rationnement de l'électricité.

Les agriculteurs ont des difficultés à irriguer leurs champs et à acheter les engrais nécessaires.

«L'agriculture est en déclin en raison des coûts élevés, des prix des engrais, des faibles précipitations et des années de sécheresse», explique Laïla Saroukhan, coprésidente de l'autorité de l'agriculture et de l'irrigation au sein de l'Administration autonome kurde.

«Le changement climatique affecte le taux de précipitations et la désertification s'étend dans le nord-est de la Syrie», dit-elle, déplorant des «indicateurs dangereux pour l'agriculture».

Comme de nombreux habitants du nord-est de la Syrie, les enfants d'Adnan Sabri, 56 ans, ont délaissé l'agriculture pour rejoindre les forces de sécurité kurdes, les «Asayish», afin d'avoir un revenu fixe.

Outre le manque d'eau, «à n'importe quel moment, nos champs peuvent être bombardés», lâche-t-il. «Un emploi c'est plus stable».


Liban: un chef d'un groupe islamiste tué dans une frappe israélienne

 Un chef militaire d'un groupe islamiste libanais allié au Hamas palestinien, la Jamaa islamiya, a été tué mardi matin dans une frappe israélienne au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP un responsable sécuritaire libanais. (AFP)
 Un chef militaire d'un groupe islamiste libanais allié au Hamas palestinien, la Jamaa islamiya, a été tué mardi matin dans une frappe israélienne au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP un responsable sécuritaire libanais. (AFP)
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  • Le responsable sécuritaire qui a requis l'anonymat a précisé que Hussein Atoui, tué dans la frappe, était un responsable des Forces al-Fajr (forces de l'aube), la branche armée de la Jamaa islamiya
  • Ce groupe libanais est étroitement lié au au mouvement islamiste palestinien Hamas et est allié au Hezbollah pro-iranien

BEYROUTH: Un chef militaire d'un groupe islamiste libanais allié au Hamas palestinien, la Jamaa islamiya, a été tué mardi matin dans une frappe israélienne au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP un responsable sécuritaire libanais.

Selon la Défense civile libanaise, "un drone israélien a visé une voiture" près de la ville côtière de Damour, à une vingtaine de km de Beyrouth, et les secouristes ont extirpé un mort du véhicule.

Le responsable sécuritaire qui a requis l'anonymat a précisé que Hussein Atoui, tué dans la frappe, était un responsable des Forces al-Fajr (forces de l'aube), la branche armée de la Jamaa islamiya.

Ce groupe libanais est étroitement lié au au mouvement islamiste palestinien Hamas et est allié au Hezbollah pro-iranien.

La Jamaa islamiya a revendiqué des attaques contre Israël depuis le sud du Liban dans les premiers mois du conflit qui a éclaté en octobre 2024 entre le Hezbollah et ses alliés et Israël, avant de dégénérer en guerre ouverte en septembre 2024.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre 2024, que le Hezbollah affirme respecter. Depuis, des tirs de roquettes ont visé à deux reprises Israël depuis le Liban les 22 et 28 mars, sans être revendiqués.

L'armée libanaise a annoncé la semaine dernière avoir arrêté plusieurs Libanais et Palestiniens à l'origine de ces tirs, parmi lesquels trois membres du Hamas, selon un responsable de la sécurité.

En dépit du cessez-le-feu, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le Hezbollah. Dimanche, elle a annoncé avoir tué deux cadres de la formation pro-iranienne dans une série de frappes aériennes.

Au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur son territoire, affirmant agir ainsi en soutien au mouvement palestinien.


Le Premier ministre indien en Arabie saoudite pour renforcer les relations bilatérales

D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi. (AFP)
D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi. (AFP)
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  • Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, pour sa troisième visite d'Etat
  • L'économie indienne, en pleine expansion, dépend fortement des importations de pétrole brut pour satisfaire sa demande énergétique croissante

DJEDDAH: Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, pour sa troisième visite d'Etat.

M. Modi avait reçu lundi le vice-président américain, JD Vance, au moment où New Delhi cherche à conclure un accord commercial avec les Etats-Unis pour éviter des droits de douane de 26% sur ses exportations.

"L'Inde accorde une grande importance à ses relations historiques avec l'Arabie saoudite, qui ont gagné en profondeur stratégique et en dynamisme ces dernières années", a déclaré M. Modi, cité par son bureau.

"Ensemble, nous avons développé un partenariat substantiel et mutuellement bénéfique", a-t-il ajouté.

L'économie indienne, en pleine expansion, dépend fortement des importations de pétrole brut pour satisfaire sa demande énergétique croissante.

D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi.

Le royaume accueille aussi plus de deux millions de travailleurs indiens, la deuxième plus grande communauté étrangère après les Bangladais, selon le recensement saoudien de 2022.

Ces travailleurs jouent un rôle clé dans l'économie saoudienne, en participant notamment à la construction des méga-projets de l'ambitieuse vision 2030 portée par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ils envoient chaque année des milliards de dollars à leurs familles en Inde, le pays le plus peuplé au monde.

Pendant sa visite de deux jours, M. Modi devrait rencontrer des membres de la communauté indienne, selon son bureau.

Le Premier ministre indien et le prince héritier ont tous deux entretenu des liens étroits avec Donald Trump lors de son premier mandat.

Le président américain est attendu en Arabie saoudite en mai, pour ce qui devrait être sa première visite à l'étranger depuis le début de son second mandat.


Gaza: sept morts dans des frappes israéliennes, selon la Défense civile

Des personnes marchent dans la rue devant l'ancien site du marché Firas qui a été transformé en décharge pendant la guerre dans la ville de Gaza, le 21 avril 2025. (AFP)
Des personnes marchent dans la rue devant l'ancien site du marché Firas qui a été transformé en décharge pendant la guerre dans la ville de Gaza, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza
  • Deux frappes intervenues dans la nuit dans l'ouest de Gaza-ville ont fait respectivement quatre et deux morts tandis que le bombardement d'une maison à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a tué une personne

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins sept morts dans la bande de Gaza mardi matin.

Deux frappes intervenues dans la nuit dans l'ouest de Gaza-ville ont fait respectivement quatre et deux morts tandis que le bombardement d'une maison à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a tué une personne, a précisé à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.864 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.240 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne en 2023.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Samedi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit déterminé à continuer la guerre et a rejeté les "diktats" du Hamas.

Selon M. Netanyahu, seule une pression militaire permettra le retour des otages encore détenus à Gaza.