Le Hezbollah a baissé le ton à l’égard d’Israël, les escarmouches frontalières n’ont pas atteint le niveau auquel s’attendait le Hamas, les discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avance des arguments et des justifications pour convaincre la population que l’action du parti pro-iranien a évité une guerre au Liban (M. Nasrallah n’a cessé d’expliquer que les accrochages dans le sud du Liban pèsent lourdement sur la campagne israélienne)… En dépit de tous ces éléments, la communauté internationale ne voit cependant pas d’un bon œil la volonté de cette milice de soumettre le Liban à une menace de guerre ouverte.
Le Hezbollah, qui est l'une des principales factions iraniennes, a fait savoir aux responsables politiques libanais qu’il ne cherche pas l’embrasement général dans la région. D’autant plus qu’il est bien conscient qu’ouvrir le front libanais et risquer une confrontation totale avec Israël serait une initiative qui ne jouirait pas du soutien d’une majorité de Libanais. Toutefois, le spectre d'une guerre israélienne contre le Hezbollah reste présent.
En effet, l’inquiétude de la communauté internationale s’est accrue face à ce qu’Israël pourrait faire pour mettre fin aux escarmouches et à la guerre d’usure que le parti pro-iranien mène contre lui à sa frontière nord. La source de cette inquiétude? L’opinion publique israélienne, après l’opération du Hamas du 7 octobre, s’est radicalisée au point d’être prête à soutenir une action militaire de grande envergure contre le Hezbollah.
Israël considère la menace provenant du Hezbollah comme plus importante et plus dangereuse que la menace venant du mouvement Hamas, qui a choqué le pays. Que se passerait-il si le Hezbollah menait une opération similaire dans une zone plus vitale et plus centrale que la bande de Gaza et le désert du Néguev?
En outre, la communauté internationale considère, via ses contacts avec les responsables libanais désabusés, que les milieux sécuritaire et militaire en Israël sont prêts et même disposés à initier une opération majeure contre le Hezbollah pour changer les règles du jeu avec ce parti. Israël chercherait une trêve sur le long terme. Cependant, on redoute que la réalisation de cet objectif ne soit possible qu'au prix d'une guerre dans le sud du Liban.
L'inquiétude de la communauté internationale tient également au fait que des erreurs fatales pourraient se produire, d'autant plus que les affrontements se poursuivent à un rythme élevé, et semblent suivre une trajectoire ascendante. Peut-être plus important que tout ce qui précède: les intentions israéliennes, ainsi que celles de l’Iran à moyen terme (si ce dernier revient sur sa décision de ne pas ouvrir un deuxième front contre Israël) pourraient bouleverser la situation.
D'autre part, il est possible que l'initiative américaine visant à entamer des négociations pour résoudre les différends sur le tracé de la frontière entre le Liban et Israël soit à l'ordre du jour dans les semaines à venir. Il est essentiel de souligner que les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour traiter la question de la démarcation des frontières terrestres. À cet égard, l'émissaire de la Maison-Blanche, Amos Hochstein, travaille activement pour présenter des solutions novatrices au problème des fermes de Chebaa. Cela pourrait offrir à Hassan Nasrallah et à son parti une victoire réelle plutôt que des succès imaginaires sur le terrain.
Si les négociations aboutissent, la milice iranienne la plus importante de la région aura pratiquement rejoint, à sa manière, l’Égypte et la Jordanie. Une situation qui signifierait une trêve, ou plutôt la paix sans en être une, et qui marquerait la fin du front iranien depuis le Liban contre Israël.
Cependant, Washington est conscient que le Hezbollah aspire à plus qu'une simple victoire de libération négociée. Il cherche à obtenir des concessions sur la scène politique intérieure, notamment en plaçant son candidat à la présidence au palais de Baabda et en exigeant la garantie de la formation d'un nouveau gouvernement dont il aurait le contrôle. Le plus important dans cette stratégie est de choisir un nouveau Premier ministre «indulgent et accommodant». Soit le retour de Najib Mikati à la tête du gouvernement soit le choix d'une autre personnalité en phase avec cette nouvelle ère.
La question demeure: quel prix le Hezbollah acceptera-t-il pour ces concessions?