LUXEMBOURG: Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a réclamé lundi "plus d'aide, plus rapidement" pour la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne, soulignant que la question d'un cessez-le-feu humanitaire serait débattue par les Vingt-Sept.
"Qu'est-ce qui est important? Plus d'aide, plus rapidement", a-t-il martelé soulignant que les quelques dizaines de camions qui étaient passés de l'Egypte vers Gaza étaient "insuffisants".
"Personnellement, je pense qu'une pause humanitaire est nécessaire pour permettre à l'aide humanitaire d'être distribuée", a-t-il déclaré à son arrivée au Luxembourg pour une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Selon M. Borrell, cette hypothèse, réclamée par le patron de l'ONU Antonio Guterres, sera au menu des discussions au Luxembourg mais aussi à Bruxelles où les dirigeants des Vingt-Sept doivent se retrouver en sommet jeudi et vendredi.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, a souligné combien cet objectif lui semblait difficile à atteindre à ce stade en raison de l'attitude du Hamas.
"Il y a une organisation terroriste qui contrôle Gaza, qui envoie des roquettes tous les jours, qui a perpétré une attaque barbare sur le territoire israélien", a-t-il dit. "La question est donc de savoir comment un tel cessez-le-feu pourrait être mis en place ; il faut qu'il s'applique aux deux côtés", a-t-il ajouté.
Gaza: plus de 70 morts dans des raids israéliens
Au moins 70 Palestiniens ont été tués dans des raids aériens menés dans la nuit et lundi matin par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, selon un bilan du gouvernement du Hamas.
"Plus de 60 martyrs sont tombés dans les raids", dans la nuit de dimanche à lundi, a indiqué le bureau des médias du Hamas.
Selon lui l'une des frappes a fait 17 morts dans une maison à Jabaliya, dans le nord du territoire, alors que 25 autres personnes ont été tuées dans des raids dans le secteur central de la bande de Gaza.
Le ministère de la Santé du Hamas a par ailleurs affirmé que "dix corps au moins ont été extraits des décombres" après un raid qui a détruit lundi matin une maison à Deir el-Balah (centre).
Selon le dernier bilan global du gouvernement du Hamas communiqué dimanche, avant ces nouvelles frappes, plus de 4.600 personnes, en grande majorité des civils dont près de 1.900 enfants, avaient été tuées depuis le début de la guerre dans le petit territoire palestinien.
Samedi, l'armée israélienne a annoncé une intensification des frappes. Elle a dit lundi avoir frappé dans la nuit "plus de 320 cibles militaires", des infrastructures du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et de son allié du Jihad islamique.
L'armée a évoqué "des tunnels où étaient des terroristes du Hamas", des "dizaines de centres de commandement opérationnel, où se dissimulaient parfois" des hommes du Hamas et de son allié du Jihad islamique, "des camps militaires et des postes d'observation". Israël est convaincu que le Hamas dirige ses opérations depuis un immense réseau sous-terrain.
La campagne de bombardement engagée le 7 octobre par Israël est un prélude à une probable opération terrestre des soldats israéliens. L'armée israélienne a annoncé dimanche la mort d'un de ses militaires tué lors d'une incursion dans la bande de Gaza.
Israël s'est juré "d'anéantir" le Hamas - classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël - après l'attaque sans précédent lancée par ce mouvement le 7 octobre sur son territoire, et qui a conduit à la mort violente de 1.400 personnes, en majorité des civils.
«Quadrature du cercle»
"Nous ne pourrons pas endiguer la catastrophe humanitaire si le terrorisme de Gaza se poursuit de la sorte", a souligné en écho la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.
"Il est essentiel de lutter contre le terrorisme (...) et en même temps, tout doit être fait pour atténuer les souffrances incroyables des deux millions de Gazaouis. C'est la quadrature du cercle. Mais cette quadrature du cercle, nous devons l'affronter ensemble", a-t-elle poursuivi.
Sur le terrain, alors qu'un second convoi de camions est entré dimanche dans le territoire dirigé par le Hamas, le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont "affirmé qu'il y aurait dorénavant un flux continu dans Gaza de cette assistance cruciale", selon un communiqué de la Maison Blanche.
Samedi, lors d'un "Sommet pour la paix" au Caire, Antonio Guterres a appelé à "agir maintenant pour mettre fin au cauchemar", réclamant un "cessez-le-feu humanitaire".
"Les Gazaouis ont besoin de beaucoup plus, un acheminement massif d'aide est nécessaire" a ainsi martelé le secrétaire général de l'ONU, alors que seules quelques dizaines de camions sont passés de l'Egypte vers Gaza --un chiffre totalement insuffisant pour l'ONU qui réclame 100 camions par jour pour les 2,4 millions de Gazaouis.