Retraites complémentaires: Une ponction de l'Etat serait «gravissime», dit Sophie Binet de la CGT

Secrétaire générale du syndicat CGT, Sophie Binet participe à un point de presse après une rencontre avec le Premier ministre français à l'hôtel Matignon à Paris (Photo, AFP).
Secrétaire générale du syndicat CGT, Sophie Binet participe à un point de presse après une rencontre avec le Premier ministre français à l'hôtel Matignon à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 09 octobre 2023

Retraites complémentaires: Une ponction de l'Etat serait «gravissime», dit Sophie Binet de la CGT

  • Les organisations patronales et syndicales co-gestionnaires de l'Agirc-Arrco ont conclu un accord sur le pilotage quadriennal de cette caisse
  • «J'alerte vraiment le gouvernement. Pas question que le gouvernement remette en cause cet accord» a prévenu Sophie Binet sur France Inter

PARIS: "Il n'est pas question" que le gouvernement se serve dans les caisses du régime de retraite complémentaire du privé, l'Agirc-Arrco, et la CGT en fait une "ligne rouge", a averti dimanche la secrétaire générale du syndicat Sophie Binet.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les organisations patronales et syndicales co-gestionnaires de l'Agirc-Arrco ont conclu un accord sur le pilotage quadriennal de cette caisse. Profitant des excédents, ils ont décidé de revaloriser les pensions de 4,9% au 1er novembre et de supprimer le "malus" de 10% qui incitait les salariés à décaler leur départ d'un an.

Ils ont surtout fait front sur un point: leur refus d'organiser un "tuyau financier" vers l'Etat, qui leur réclamait entre 1 et 3 milliards d'euros annuels d'ici 2030 pour participer au financement du relèvement des petites pensions prévu par la réforme des retraites, et au "retour à l'équilibre" du système global. Le ministère du Travail avait prévenu que sans mesure, il ponctionnerait le régime via le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

"J'alerte vraiment le gouvernement. Pas question que le gouvernement remette en cause cet accord et aille se servir dans les caisses", a prévenu Sophie Binet sur France Inter/France Télévisions/Le Monde.

"On a un président de la République qui n'a toujours pas compris ce que c'était que la démocratie sociale, le paritarisme, et qui pense qu'il peut aller se servir dans les caisses des salariés (...) quand il veut et pour ce qu'il veut", a-t-elle ajouté, évoquant aussi le projet de ponction des recettes de l'Assurance chômage.

"Ce serait gravissime", a insisté Mme Binet. "C'est une ligne rouge" parce que cela "va dégrader les droits des salariés du privé".

L'Etat a "d'autres leviers" pour financer sa réforme, notamment les presque "90 milliards d'exonérations de cotisations sociales pour les entreprises", qu'il pourrait "réduire un peu", selon elle.

Elle n'a par ailleurs pas précisé si la CGT signerait l'accord paritaire, dont la date limite est fixée à mercredi.

"Il y a des avancées qu'on a arrachées mais tout n'est pas réglé, (...) notamment le fait que le montant des pensions des futurs retraités va continuer à s'éloigner du montant de leur dernier salaire", a-t-elle expliqué.

"On en débat lundi en bureau confédéral", mais à la CGT, "on consulte très largement nos fédérations et unions départementales" avant de "décider de signer ou pas" et "ça va prendre quinze jours".


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.