Liban : On n’en a pas fini avec le blocage politique

Une photo fournie par l'agence photo libanaise Dalati et Nohra le 1er septembre 2020 montre des avions Alpha de la Patrouille de France libérant de la fumée aux couleurs du drapeau libanais alors qu'ils survolaient le palais présidentiel libanais à Baabda, à l'est de Beyrouth. (AFP)
Une photo fournie par l'agence photo libanaise Dalati et Nohra le 1er septembre 2020 montre des avions Alpha de la Patrouille de France libérant de la fumée aux couleurs du drapeau libanais alors qu'ils survolaient le palais présidentiel libanais à Baabda, à l'est de Beyrouth. (AFP)
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Publié le Mardi 26 septembre 2023

Liban : On n’en a pas fini avec le blocage politique

Liban : On n’en a pas fini avec le blocage politique
  • Le quintette n’est pas arrivé à s’entendre sur la marche à suivre
  • Il est logique de conclure que l’élection présidentielle sera gelée pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois

À l’issue d’une réunion tendue à New-York du quintette international (États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar, Égypte) qui se penche sur la crise libanaise, il semble que la crise de la présidence soit en passe de s’installer pour longtemps. Cela signifie que le Liban devra rester sans président de la République. Par conséquent il sera impossible de désigner un nouveau premier ministre pour former le prochain gouvernement.

Le quintette n’est pas arrivé à s’entendre sur la marche à suivre. Paris, qui a pour mission d’essayer de dénouer la situation, ne parvient toujours pas à ouvrir une brèche. La dernière visite de l’émissaire présidentiel Jean-Yves le Drian s’est soldée par un échec cuisant puisqu’il n’a pas pu rapprocher les positions des uns et des autres, d’autant plus que les Américains se sont montrés intransigeants lors de la réunion à New York. Washington serait formellement opposée à tout président issu du camp du Hezbollah. Il va de soi que tant les Américains que les Saoudiens sont sur la même longueur d’onde quant au refus de voir le Liban devenir un protectorat iranien par l’entremise de sa milice locale. Tout président qui appartiendrait au camp du Hezbollah pousserait encore plus le pays du cèdre vers le précipice que représente la mainmise iranienne sur le Liban. 

En effet l’Arabie saoudite avance que la responsabilité de choisir le président de la République libanaise incombe aux Libanais et que le devoir de la Chambre des députés est de se sortir du blocage actuel en élisant un président sans interférence étrangère.

- Ali Hamade

Il est logique de conclure que l’élection présidentielle sera gelée pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Et pour cause : le Hezbollah reste intransigeant en ne voulant pas entendre parler d’un autre candidat que Soleiman Frangié, le chef du parti Marada. Pour sa part l’opposition souverainiste s’accroche à la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour. Mais nul des deux camps n’est capable de trouver assez de voix au Parlement pour faire élire son candidat. Entre en scène une troisième voie, la candidature à peine voilée du chef de l’armée le général joseph Aoun. Il serait le candidat favori de Washington et de Doha, d’autant qu’il pourrait jouir du soutien de plusieurs députés qui ont jusqu’ici préféré voter blanc. Quant à la position de Riyad, c’est le principe de la non-ingérence qui prévaut. En effet l’Arabie saoudite avance que la responsabilité de choisir le président de la République libanaise incombe aux Libanais et que le devoir de la Chambre des députés est de se sortir du blocage actuel en élisant un président sans interférence étrangère. Selon les feuilles de route arabes et internationales, le prochain président devrait représenter la volonté libanaise d’appliquer les réformes politiques et économiques nécessaires afin de remettre le pays sur pied. La lutte contre la corruption généralisée au Liban devrait être une priorité absolue. Pour cela le prochain président devrait être une personnalité irréprochable sur ce plan. 

On est bien loin des espoirs qui ont prévalu ces dernières semaines. Il semble bien que le Liban soit voué à rester pour longtemps prisonnier d’un blocage politique cruel qui paralyse tout un pays, tout un peuple !    

 

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. Twitter: @AliNahar
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairementcelle d’Arab News en français.