TUNIS : Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté vendredi à Tunis pour dénoncer les discours de «haine» et de «violence» tenus par certains députés au sein du Parlement, et réclamer des mesures contre eux.
Ce rassemblement survient au lendemain du 10ème anniversaire du déclenchement de la révolution qui a mis la Tunisie sur la voie de la démocratie.
Le 7 décembre, une bagarre avait éclaté au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) entre des députés du bloc islamo-nationaliste Al Karama et du Courant démocratique, parti social-démocrate, suscitant l'ire de nombreux Tunisiens.
Les manifestants ont répondu à l'appel de la centrale syndicale UGTT et d'autres organisations de la société civile, comme l'Association tunisienne des femmes démocrates (AFTD) et du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
«Le peuple, la liberté, la dignité nationale», scandaient les protestataires, bloqués à quelques mètres du Parlement.
«Le Parlement est devenu un espace de haine, notamment à l'égard des femmes. Nous appelons le Parlement, les autorités, le président, à prendre des mesures claires, précises et urgentes pour pénaliser la violence au sein du Parlement et dans l'ensemble de la société», a déclaré à l'AFP Nabila Hamza, membre de l'AFTD.
Les organisations pointent du doigt les partis islamistes du Parlement : Al Karama et le premier parti de l'Assemblée, la formation islamiste modérée Ennahda.
Elles demandent, face à la virulence des confrontations politiques et des déclarations d'élus, à ce que des sanctions soient prises.
Depuis son élection en octobre 2019, le Parlement est le théâtre de nombreuses altercations, à l'origine de blocages lors des séances parlementaires.
Ces entraves au bon fonctionnement de l'institution sont une menace pour les libertés individuelles et le processus démocratique, estiment les organisateurs du rassemblement.
«Ce discours de haine au sein des institutions divise les Tunisiens. C'est dangereux», a averti Fethi Safsabi, membre de l'UGTT à Ben Arous, près de Tunis.
Si la démocratisation de la Tunisie est largement saluée, l'espoir de 2011 a cédé la place à la colère, en l'absence d'amélioration sociale.
La classe politique, très fragmentée depuis les législatives de 2019, se déchire régulièrement sans parvenir à passer à l'action.