AL-MUKALLA: La corruption institutionnelle et la spirale monétaire figurent parmi les priorités du nouveau gouvernement du Yémen, a déclaré le Premier ministre désigné, Maeen Abdelmalik Saeed lors d’une réunion avec les dirigeants du parti et le président du Parlement.
Il affirme que la nouvelle administration se concentrera sur la relance de l'économie du Yémen, l'arrêt de la dépréciation du riyal, l'allègement des souffrances des Yéménites et la lutte contre la corruption dans les institutions de l'État.
«La dévaluation du riyal a frappé de plein fouet la population yéménite, et la spéculation monétaire incontrôlée a endommagé l'économie», explique-t-il. «Nous sommes confrontés à une bataille multidimensionnelle. Elle est non seulement militaire mais aussi économique, humanitaire et structurelle. Le nouveau gouvernement représente la volonté du peuple. Il devra relever les défis avec courage et mettre en place des mesures concrètes.»
Selon le Premier ministre, le gouvernement appliquera des réformes radicales pour augmenter les revenus et améliorer la gestion financière.
Dans le cadre de l'accord de Riyad destiné à mettre fin aux hostilités entre le gouvernement internationalement reconnu et les séparatistes du sud du Yémen, le président yéménite a mandaté en juillet le Premier ministre sortant pour former un nouveau gouvernement d'unité qui intégrera le Conseil de transition séparatiste du Sud.
Mercredi, l'armée yéménite et les séparatistes ont déclaré avoir rempli les exigences militaires des accords après avoir retiré leurs forces des zones de tensions dans la province méridionale d'Abyan sous la supervision d'observateurs saoudiens.
Le riyal yéménite est passé de 500 pour 1 dollar en janvier 2018 – lorsque les tensions entre le gouvernement yéménite et les séparatistes ont commencé à éclater en affrontements militaires – à 920 ce mois-ci. La monnaie a rebondi jeudi après que la coalition arabe a annoncé le début de la mise en œuvre de l'accord de Riyad.
Dans la ville occidentale de Taiz, des centaines de manifestants ont demandé au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour mettre un terme à la hausse des prix et à la dévaluation du riyal.
Soutenus par des syndicats locaux et des associations de défense des droits de l’homme, les manifestants brandissaient des affiches qui exhortaient le gouvernement à remédier à la détérioration des conditions économiques et à améliorer la vie des gens: «La chute de la monnaie, c’est la mort du citoyen yéménite»… «Le silence sur les prix élevés et la chute de la monnaie est un meurtre prémédité», pouvait-on lire.
À Riyad, le gouvernement yéménite a réitéré ses demandes à la Mission de l'Organisation des nations unies (ONU) de déplacer son bureau principal des zones contrôlées par les Houthis dans la province occidentale de Hodeidah vers une zone «neutre» du pays.
Selon le ministre des Affaires étrangères du Yémen, Mohammed al-Hadrami, lors d’un entretien avec Daniela Crosslake, cheffe adjointe de la Mission de l’ONU pour soutenir l’accord de Hodeidah, les Houthis font obstruction aux observateurs de l’ONU à Hodeidah et violent l’accord de Stockholm.
La mission de l'ONU au Yémen ne peut pas travailler librement, car son bureau principal se trouve à l'intérieur du territoire houthi, explique-t-il.
Le gouvernement du Yémen boycotte le Comité de coordination du redéploiement (RCC) qui surveille la trêve à Hodeidah depuis mars dernier, après qu’un tireur d'élite houthi a tué un soldat du gouvernement.
À Hodeidah, des centaines de civils ont été tués par des bombardements ou des mines terrestres posées par les Houthis depuis la fin de 2018, date à laquelle le gouvernement et la milice ont signé l'accord de Stockholm, selon des groupes de droite locaux.