L’Arabie saoudite triomphe de l’analphabétisme tandis que l’Iran est à la traîne

Investir dans le capital humain est une priorité pour tout gouvernement fermement convaincu  que les citoyens jouent un rôle primordial et indispensable (Photo, AFP).
Investir dans le capital humain est une priorité pour tout gouvernement fermement convaincu que les citoyens jouent un rôle primordial et indispensable (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 septembre 2023

L’Arabie saoudite triomphe de l’analphabétisme tandis que l’Iran est à la traîne

L’Arabie saoudite triomphe de l’analphabétisme tandis que l’Iran est à la traîne
  • L’analphabétisme devrait tomber à zéro à cet horizon grâce à plusieurs programmes
  • Le taux d’analphabétisme dans la capitale, Téhéran, s’élève à 6%, selon des propos officiels publiés par l’agence de presse Mawj

Investir dans le capital humain est une priorité pour tout gouvernement fermement convaincu que les citoyens jouent un rôle primordial et indispensable dans le progrès socioéconomique et étatique. Plus particulièrement, la jeunesse constitue un rouage essentiel dans une telle progression.

Les gouvernements qui en sont conscients travaillent dur afin d’exploiter toutes les ressources disponibles en vue de développer et de façonner les capacités humaines, d’établir des cadres efficaces et de préparer les jeunes à devenir, grâce aux établissements d’enseignement, des contributeurs efficaces à la quête du développement national. Ainsi, nous constatons que de nombreux pays élaborent des lois et des réglementations strictes pour garantir que les enfants – femmes et hommes – bénéficient de cette éducation. 

En outre, les gouvernements suivent ce dossier avec enthousiasme et diligence, surveillent le pourcentage d’élèves décrocheurs et utilisent tous les moyens possibles pour mettre fin à l’analphabétisme. Certains d’entre eux vont encore plus loin et se concentrent sur l’élimination de l’analphabétisme dans des domaines spécifiques, comme l’augmentation du pourcentage de la population initiée à la technologie moderne, comme l’informatique.

Au cours des dernières années, j’ai suivi l’état de l’analphabétisme dans la région, notamment dans les États du Golfe. J’ai remarqué que les six États du golfe Arabique qui souffraient d’un analphabétisme endémique il y a plus de six décennies sont désormais devenus des pionniers et qu’ils ont considérablement progressé à tous les niveaux de l’éducation. Ils ont également conçu de vastes programmes pour lutter contre l’analphabétisme, voire pour l’éradiquer.

Par exemple, nous constatons que le taux d’analphabétisme en Arabie saoudite était de 60% en 1972, tandis que les derniers chiffres montrent qu’il est tombé à 3,7% à la fin de 2021. En 2013, le taux d’analphabétisme s’élevait à 6,81% pour tous les groupes d’âge, femmes et hommes confondus. Cela signifie que l’analphabétisme a diminué de moitié en huit ans. Conformément à l’initiative Vision 2030, il devrait tomber à zéro à cet horizon grâce à plusieurs programmes qui ciblent la tranche la plus importante des analphabètes: les personnes âgées. Tous les moyens seront mis à leur disposition pour faciliter le processus éducatif, en plus de récompenser ceux qui excellent.

«Ces exploits dressent un tableau clair de la politique du gouvernement saoudien en matière d’apprentissage à tous les niveaux.»

Dr Mohammed al-Sulami

Il convient de noter que le taux de scolarisation a atteint 99% et qu’il existe des réglementations et des sanctions sévères vis-à-vis de ceux qui empêchent les enfants de participer au processus éducatif et d’assister régulièrement aux cours.

Ces exploits dressent un tableau clair de la politique du gouvernement saoudien en matière d’éducation et d’apprentissage à tous les niveaux. En outre, ces réalisations complètent les progrès du Royaume au niveau de tous les autres indicateurs internationaux.

À l’inverse, nous constatons que l’analphabétisme augmente de façon exponentielle en Iran, contrairement à ce que l’on constate ailleurs dans le monde. Youssef Nouri, ancien ministre iranien de l’Éducation, a récemment déclaré qu’il y avait 9 millions de personnes totalement analphabètes dans son pays. Il a également noté que le nombre d’enfants qui abandonnent l’école dans les trois niveaux élémentaires avait atteint 970 000, soutenant que l’analphabétisme absolu en Iran représente 10% de la population. Ce sont là des chiffres alarmants.

Lors d’une émission diffusée sur une chaîne de télévision éducative locale, selon la radio persane Farda, M. Nouri a signalé que «le décompte inclut le nombre d’analphabètes âgés de plus de 6 ans. Ils sont totalement analphabètes. Ils ne savent ni lire ni écrire. Et je crois que les statistiques de l’analphabétisme en Iran cette année n’ont pas changé.»

M. Nouri a également souligné la différence qui existe au niveau des segments éducatifs ciblés entre l’Iran et les autres pays: «À l’heure actuelle, l’Iran assure l’enseignement des personnes âgées de 6 à 49 ans, alors que, partout dans le monde, l’enseignement cible tous les âges.» Cela signifie que, même si l’analphabétisme existe en Iran et qu’il augmente, le régime iranien a totalement cessé de lutter contre celui qui concerne les personnes âgées de 50 ans et plus.

«Nous constatons que l’analphabétisme en Iran augmente de façon exponentielle, contrairement à ce que l’on constate ailleurs dans le monde.»

Dr Mohammed al-Sulami

Le centre de recherche du Parlement iranien a annoncé en 2019 que 9 millions de personnes étaient considérées comme absolument analphabètes dans le pays. Cependant, la même année, la Banque mondiale estimait que le nombre de personnes analphabètes en Iran s’élevait à 11,6 millions, soit 15% de la population totale. Voici un exemple des efforts modestes et inadéquats du pays pour lutter contre l’analphabétisme: la proportion de personnes lettrées parmi la population iranienne était de 79,5% en 1996. En 2021, le taux d’alphabétisation a atteint 88,7%.

Dans l’ensemble, les progrès dans la lutte contre l’analphabétisme sur une période de vingt-cinq ans se sont considérablement ralentis. Au cours de l’année 2006, à titre d’exemple, le taux d’alphabétisation a diminué par rapport à l’année précédente. Le taux d’analphabétisme dans la capitale Téhéran s’élève à 6%, selon des propos officiels publiés par l’agence de presse Mawj. Ceux des provinces du Sistan-et-Baloutchistan, du Khouzistan, de l’Azerbaïdjan occidental, du Lorestan et du Hormozgan sont beaucoup plus élevés.

Outre l’analphabétisme, il existe un phénomène connexe: celui de l’abandon scolaire. Selon les chiffres officiels, le nombre total d’abandons scolaires en Iran pour l’année scolaire 2021/2022 était de 911 272 élèves, soit une augmentation de 26% par rapport à l’année scolaire précédente. Le nombre de collégiens qui ont abandonné leurs études est passé de 60 000 à 154 000 entre 2015 et 2022.

En plus de l’analphabétisme généralisé et du décrochage scolaire, on assiste à la recrudescence du travail des enfants en Iran. Les rapports officiels montrent qu’il y a 120 000 enfants qui travaillent dans ce pays, dont 70 000 dans sa capitale, Téhéran. Jusqu’à 14 500 enfants sont sans abri et vivent dans la rue. Ils sont connus en Iran sous le nom d’enfants «cartonkhab», selon un rapport publié par l’Organisation de protection sociale de l’Iran à la mi-mars.

Un rapport de l’Unesco indique qu’environ 2% des Iraniens âgés de 15 à 24 ans sont «complètement analphabètes», tandis que 63% des plus de 65 ans sont également illettrés. En conséquence, le centre de statistiques de l’Unicef a classé l’Iran comme l’un des pires pays pour les enfants en 2021. Seuls le Yémen et l’Afghanistan se situaient derrière l’Iran, tandis que l’Irak, la Syrie et la Palestine avaient un meilleur rang.

Ainsi, si l’Iran procède véritablement à sa transformation stratégique – en passant de la phase de révolution à la création d’un État – et se concentre davantage sur le développement ainsi que sur l’investissement dans le capital humain, il rattrapera les pays de la région en termes de progression. Téhéran pourra également améliorer son classement en matière d’indicateurs mondiaux. Dans le cas contraire, il continuera à revenir sur les mêmes questions, mais constatera à chaque fois que les chiffres négatifs s’aggravent – dans la mesure où le régime iranien ne fait pas grand-chose pour freiner cette détérioration.


 

Le Dr Mohammed al-Sulami est le fondateur et le président de l’Institut international d’études iraniennes (Rasanah). 
Twitter: @mohalsulami 
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com