Bras de fer entre Macron et syndicats de policiers, un «chantage inédit»

 Le logo de l’un des principaux syndicats policiers français, Alliance (Photo, AFP).
Le logo de l’un des principaux syndicats policiers français, Alliance (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Bras de fer entre Macron et syndicats de policiers, un «chantage inédit»

  • «C'est une sorte de chantage inédit. Il y a un risque que cela bloque la machine du dialogue social», s'inquiète un connaisseur des arcanes du ministère de l'Intérieur
  • Un autre s'étonne du «pouvoir de dingue» donné aux syndicats, sous prétexte que le gouvernement aurait « besoin des policiers » en cette période de tension

PARIS: Deux des principaux syndicats de police ont entamé mardi un bras de fer avec Emmanuel Macron en annonçant qu'ils ne participeraient pas à sa conférence baptisée « Beauvau de la sécurité » prévue en janvier, tout en apportant leur soutien au ministre de l'Intérieur qu'ils rencontreront vendredi.

Habituellement, dans ces jeux de rôles, le schéma est plutôt inverse : les syndicats mettent la pression sur le ministre et en appellent au chef de l'Etat pour apaiser les tensions. C'est ce qu'il s'était passé en juin avec Christophe Castaner, le prédécesseur de Gérald Darmanin à Beauvau.

Là, dans un courrier au président Macron, Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d'Alliance, fait valoir qu'un « énième séminaire sans mesure concrète au préalable serait jugé indécent » et pose des préalables à sa participation.

« C'est une sorte de chantage inédit. Il y a un risque que cela bloque la machine du dialogue social », s'inquiète un connaisseur des arcanes du ministère de l'Intérieur. Un autre s'étonne du « pouvoir de dingue » donné aux syndicats, sous prétexte que le gouvernement aurait « besoin des policiers » en cette période de tension générale dans la société. « On a besoin de tout le monde », ajoute-t-il.

En pleine polémique sur les violences policières, Emmanuel Macron avait annoncé le 8 décembre un « Beauvau de la sécurité » à partir de janvier afin d' « améliorer les conditions d'exercice » des forces de l'ordre et « consolider » leurs liens avec les Français.

Au menu, les chantiers avancés une semaine plus tôt par Gérald Darmanin pour s'attaquer aux « 7 pêchés capitaux » de la police.

Il s'agissait avant tout pour le chef de l'Etat de tenter de désamorcer la grogne des policiers, furieux qu'il leur ait reproché, dans une interview au média en ligne Brut, des contrôles au faciès et des violences et annoncé la mise en place en janvier d'une plateforme de signalement des discriminations.

Car, aussitôt, la colère était montée dans les rangs de la police et depuis un peu partout en France des actions destinées à protester contre « le lâchage présidentiel » s'organisent : opérations de contrôles sans contrôle, rassemblements avec gyrophare comme lundi au pied de l'Arc de triomphe, demandes de rupture conventionnelle....

« Totale confiance » en Darmanin

L'annonce d'un « Beauvau de la sécurité » n'a pas calmé les tensions. Unité SGP Police, qui ne met pas de condition à sa participation, reconnaît le mécontentement et la colère, mais espère que cette conférence permettra d'accélérer les réformes en termes de formation, gestion des carrières et de moyens.

« Le président ne va ni s'excuser, ni démissionner ou se désavouer mais cette conférence peut être le détonateur pour faire avancer les réformes de fond », ajoute Grégory Joron (Unité SGP). Darmanin avait en effet prévu d'inclure ces réformes dans une loi d'orientation et de programmation (LOPSI) pour 2022, soit après la présidentielle. Trop loin, pour les syndicats.

« Les policiers sont blessés dans leur honneur. Il faut que le président soit capable de soutenir la police et dise : ‘j'ai compris’, et respecte ses engagements », fait valoir Frédéric Lagache (Alliance). 

Alliance, suivi par Unsa Police, cite parmi les préalables à sa participation une « peine minimale incompressible pour les agresseurs de policiers », le « floutage » des policiers filmés et des « mesures sociales ». Des demandes déjà formulées par le syndicat le 15 octobre, lors d'une rencontre des organisations syndicales avec le chef de l'Etat qui les avaient, selon Alliance, acceptées.

Patrice Ribeiro (Synergie officiers), lui, « attend de voir le ministre de l'Intérieur » vendredi. Ce jour-là, Darmanin reçoit tour à tour les syndicats. « C'est le seul en qui on a totalement confiance », ajoute-t-il. Un avis partagé par Alliance et Unsa. « Pour l'étage au-dessus (l'Elysée), on verra », renchérit un autre syndicaliste.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.