Face à la sécheresse, le combat des pompiers pour sécuriser l'eau

Sur cette photo prise le 12 septembre 2022, un pompier se tient devant les flammes d'un feu de forêt nocturne à Saumos, près de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP).
Sur cette photo prise le 12 septembre 2022, un pompier se tient devant les flammes d'un feu de forêt nocturne à Saumos, près de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP).
Publié le Jeudi 13 juillet 2023

Face à la sécheresse, le combat des pompiers pour sécuriser l'eau

  • En 2022, année la plus chaude et une des deux années les moins pluvieuses en France depuis 1959, 72 000 hectares ont été dévorés par les flammes, dont 41% dans des feux hors-norme en Gironde
  • Le sujet est d'autant plus brûlant que 2022 a marqué un point de rupture, selon le Haut conseil pour le climat

PARIS : Des lances dernier cri aux cuves à vin, les pompiers sont contraints d'adapter leurs pratiques face au réchauffement climatique et au stress hydrique. Parmi leurs objectifs: sécuriser l'eau, "le nerf de la guerre" contre le feu.

En 2022, année la plus chaude et une des deux années les moins pluvieuses en France depuis 1959, 72 000 hectares ont été dévorés par les flammes, dont 41% dans des feux hors-norme en Gironde.

A l'heure où 68% des nappes phréatiques sont toujours sous leur niveau normal, "la disponibilité de l'eau devient un vrai enjeu", relève le capitaine de corvette Mathieu, du bataillon des marins-pompiers de Marseille (BMPM).

"Le nerf de la guerre, c'est clairement d'avoir la permanence de l'eau quand on est en opération de feu", poursuit-il. De préférence en évitant de recourir à l'eau potable, dont 700 communes ont été privées l'été dernier.

Le sujet est d'autant plus brûlant que 2022 a marqué un point de rupture, selon le Haut conseil pour le climat.

Dans son rapport annuel, l'organisme indépendant note que "malgré des moyens conséquents" et une hausse des dépenses de fonctionnement de 12,9%, "l'évolution des conditions propices aux risques de feux de végétation a montré l'efficacité, mais aussi les limites, des politiques de prévention et de gestion de risque qui prévalaient jusqu’à présent".

Les pompiers cherchent donc de nouvelles sources d'eau brute, d'origine naturelle mais non potabilisée.

Le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) des Pyrénées-Orientales récupère par exemple l'eau tirée des piscines des campings pour la stocker dans des cuves à vin désaffectées.

Nappes d'eau

Celui de l'Hérault a puisé fin juin les 500 m3 de la piscine de Palavas-les-Flots et signé une convention sur l'eau brute qui a permis de constituer plus de 4 000 m3 de réserve stratégique pendant la saison des feux de forêt.

"L'idée est extraordinaire, la réalisation se heurte parfois à des difficultés de logistique, de coût, de manque de cuves ou de matériaux de stockage non adaptés selon les régions", relève toutefois le lieutenant-colonel Michel Persoglio du SDIS du Var.

Dans ce département du Sud-est, les pompiers se sont tournés vers des nappes d'eau brute comme le canal de Provence ou le lac de Sainte-Croix, où il est possible d'aspirer par camion ou voie aérienne.

Mais cela nécessite parfois de "faire beaucoup de kilomètres" et donc de mobiliser hommes et carburant, relève-t-il.

Dans le Var comme à Marseille, l'eau de pluie constitue une autre ressource clé, recueillie dans des cuves enterrées ou posées en surface, pour certaines déplaçables et munies de trappes pour permettre à des aéronefs de s'y ravitailler.

Pour économiser l'eau, les pompiers recourent aussi au "rouge", des agents chimiques déversés pour leur action retardante sur la végétation, ou aux "feux tactiques" qui consistent à brûler de manière contrôlée une zone avant l'arrivée des flammes.

A ces méthodes anciennes s'ajoutent les possibilités promises par l'innovation.

Parmi elles, la technologie développée et brevetée par la start-up Zelup et la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

Elle consiste à former un brouillard constitué de milliards de micro-gouttelettes propulsées loin et censées absorber l'énergie de l'incendie.

Brouillard de gouttelettes

Cela permet d'utiliser "95% de 100 litres/minute pour attaquer le feu, avoir un meilleur rendement et une consommation d'eau cinq à six fois moins importante", assure le concepteur du système, Thomas Issler.

La phase expérimentale en milieu urbain s'est achevée à l'automne 2022. Fin juin, une vingtaine de lances de ce type étaient utilisées et 400 étaient en commande pour les deux ans à venir, selon Zelup.

Cet été, son système doit être testé pour la première fois par les pompiers de Marseille sur les feux de végétation, et avec lui son degré de protection supposé des pompiers.

La Gironde déploie quant à elle cet été une solution de détection précoce de départs de feu soutenue par l'intelligence artificielle.

Baptisée "FireGard" et développée par la start-up MidGard, elle traite les images captées 24 heures sur 24, jusqu'à 20 km et sur 360 degrés, par les huit caméras intelligentes, avec la garantie, selon l'entreprise, de détecter des départs d'incendie en moins de trois minutes.

Selon le BMPM, qui manie l'outil depuis 2022, on est encore dans la phase d'expérimentation et l'intelligence artificielle nécessite encore d'être nourrie d'images.

"Chaque département est exposé à des risques de feux de végétation (...) S'il a des forêts exploitées, du massif entretenu, du relief, il aura ses propres techniques et méthodes adaptées", conclut le capitaine de corvette Mathieu.

"Beaucoup de SDIS sont dans ces démarches d'adaptation, même si l'énergie a été la priorité plus que l'eau", commente Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours.

Outre les véhicules électriques, certains s'attellent à réutiliser l'eau des entraînements, d'autres à l'économiser en testant des masques à réalité virtuelle ou réfléchissent à des citernes sous les casernes pour recueillir l'eau de pluie.

"L'effort doit être général", note le lieutenant-colonel Persoglio, "les pompiers ne sont qu'une goutte d'eau".


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».