PARIS: L'examen du rapport annexé au projet de loi de programmation militaire (LPM) pour 2024-2030 a relancé dans la nuit de mercredi à jeudi le dialogue de sourds entre le Sénat et le gouvernement sur le financement des propositions sénatoriales.
Au terme d'une discussion âpre, le Sénat a adopté à main levée un amendement du président de la commission des Affaires étrangères Christian Cambon (LR) visant à revenir sur le report de livraison après 2030, prévu par le gouvernement, de certains matériels.
Il s'agit de blindés du programme Scorpion - Griffon (+153 unités), Jaguar (+17) et Serval (+325) -, de patrouilleurs hauturiers (+10), d'avions de transport A400M (+2), ou encore du développement d'un nouveau standard de l'hélicoptère Tigre.
"Vous rajoutez 3 milliards d'euros supplémentaires", a pointé le ministre des Armées Sébastien Lecornu, pour qui "il est clair qu'on ne peut plus dire qu'on est à 413 milliards d'euros".
Depuis le coup d'envoi mardi de l'examen en première lecture de la LPM, ministre et majorité sénatoriale de droite s'écharpent sur le respect ou non de cette enveloppe globale que prévoit le texte sur sept années.
Le Sénat a adopté une trajectoire budgétaire au rythme de progression plus régulier, accélérant l'effort dès 2024, mais tout en assurant rester dans cette enveloppe.
Le ministre annonce lui une facture portée à "au moins 416,2 milliards si ce n'est 420 milliards" du fait des modifications apportées par les sénateurs.
"C'est le moment de vérité dans le débat sur l'enveloppe budgétaire", a-t-il dit aux alentours de minuit mercredi, quand a été abordé l'amendement de M. Cambon. "Quand on met plus de matériel, il faut le financer".
"Nous restons sur les 413 milliards, mais nous restons ouverts au débat", a répondu M. Cambon.
"Est-ce que vous pouvez imaginer que notre raisonnement peut tenir la route en disant +plus nous dépensons vite, moins il y aura d'inflation sur ces dépenses ?", a-t-il argumenté.
Une trentaine de milliards de l'enveloppe doivent couvrir l'inflation.
"Et s'il faut faire des redéploiements dans les 413 milliards, eh bien nous irons vers cette discussion", a ajouté un peu plus tard dans le débat le président de la commission. Il a donné l'exemple de "l'enveloppe des drones", de 5 milliards.
"A minuit et demi au bout de trois jours de discussion, on est en train de s'apercevoir qu'avec les 413 milliards qui sont prévus, nous ne faisons pas ce que les uns et les autres vous promettez depuis le début", a réagi le communiste Pierre Laurent.
Les sénateurs achèveront jeudi après-midi l'examen du texte.